31 mars 2007

L´originalité de G. Fogaça


fim de tarde















Il n´y a pas de doute que la peinture de Fogaça
est originale et puissante. Sa vision de la grande ville moderne est impressionnante de justesse et de réalisme. Dans ses tableaux, fortement colorés avec une bonne pâte de peinture à l´huile, il ne manque que l´odeur et le bruit des véhicules pour qu´on retrouve l´effervescence, devenue “normale”, dans laquelle vivent des millions d´êtres humains. Hegel, l´un des premiers philosophes à donner plus d´importance au contenu qu´à la fidélité de l´image, a dit : “La détermination principale de la peinture est celle de la subjectivité en soi.” Dans les tableaux de Fogaça la ville est réelle, mais d´une réalité réinterprétée par la sensibilité de l´artiste. Une réalité subjective qui rend vivante la réalité objective. Il ne juge pas, il ne théorise pas, tout simplement il nous montre sa propre vision de cette réalité. Je ne connais aucun autre artiste ayant saisi, globalement, avec autant de justesse la vie trépidante et étouffante des villes.
Gustave Courbet, un grand observateur de la réalité, disait : “Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée.
Être à même de traduire les moeurs, les idées, l´aspect de mon époque, selon mon appréciation ; être non seulement un peintre, mais encore un homme ; en un mot, faire de l´art vivant, tel est mon but.”
Ce sont ces observations, d´un peintre qualifié de “réaliste”, qui me semblent néanmoins convenir à la démarche de G. Fogaça. Il n´est ni classique, ni romantique, ni surréaliste mais le peintre attentif d´une société moderne. Ses paysages urbains seront peut-être considérés, dans cent ans, l´image la plus réaliste de la peinture de cette époque . Des immeubles impersonnels, des voitures pressées et de fortes lumières acides qui iluminent les façades et, parmi ces géants en béton, en acier et en verre, des hommes anonymes qui attendent l´autobus ; puis, par dérision, un cycliste au milieu du chaos. Dans les tableaux de Fogaça, ce n´est pas seulement la ville que nous pouvons voir, mais la condition humaine des hommes qui l´habitent. Là est toute la force de son talent et de son originalité.

La technique
Le grand poète Baudelaire était également un critique d´art averti. C´est lui qui a dit : “Les peintres qui obéissent à l´imagination cherchent dans leur dictionnaire les élément qui s´accordent à leur conception ; encore, en les ajustant avec un certain art, leur donnent-ils une physionomie toute nouvelle. Ceux qui n´ont pas d´imagination copient le dictionnaire.”
Fogaça utilise le dictionnaire expressionniste mais uniquement pour montrer sa vision personnelle du monde. Par ailleurs, les connaisseurs verront qu´il maîtrise parfaitement sa technique. Bien qu´encore jeune (39 ans) il a non seulement trouvé sa manière de peindre, mais aussi celle qui convient parfaitement à son sujet. Nous avons déjà parlé de l´importance du contenu de son oeuvre, mais nous insistons sur le fait qu´il manie avec aisance les pinceaux et la composition. Il utilise souvent des couleurs violentes, mais il arrive toujours à trouver les couleurs chaudes ou froides qui donnent l´harmonie au tout. Ses compositions, bien qu´osées, sont également bien équilibrées. Fogaça casse pour mieux reconstruires.
Nous pouvons affirmer que Fogaça, s´il continue à produire une oeuvre aussi sérieuse et solide, ne tardera pas à faire une très belle carrière internationale.

30 mars 2007

G. Fogaça, peintre expressionniste







Introduction
A toutes les époques les plus créatives de l´art occidental il y eu des artistes que l´on qualifie “d´expressionnistes”. C´est-à-dire des artistes assez forts et audacieux pour ignorer, volontairement, les conventions de l´art classique ou académique et créer un art, non d´imitation mais d´expression.
Parmi les plus remarquables dessins expressionnistes du passé nous avons “Les caprices” (1793-1799) de Goya. Mais aussi Rembrandt et El Greco ont eu des périodes où ils n´ont pas hésité à rompre avec les conventions picturales de leur époque. Plus près de nous des peintres comme le Hollandais Vincent van Gogh, le Belge James Ensor et le Norvégien Edvard Munch ont été les inspirateurs de l´art expressionniste moderne. Les allemands ont été les premiers à constituer des groupes ou mouvements expressionniste comme la “Brücke” ou le “Blaue Reiter” qui furent à l´origine de l´art moderne du Nord de l´Europe.
En France ce fut un Russe, Chaïm Soutine, l´un des plus osés et puissants peintres expressionnistes mais, en général, nous pouvons dire que ce mouvement resta un phénomène isolé et guère soutenu. Au Brésil, après un séjour à Berlin et Paris, ce fut Anita Malfati, en 1917, qui introduisit l´expressionnisme, et il fut alors très mal accueilli par le public de Sâo Paulo.
Cette petite introduction à l´art expressionniste nous permet de situer G. Fogaça, non comme un artiste isolé, mais comme le continuateur du mouvement historique dont furent les acteurs quelques uns des plus grands peintres occidentaux.


.... la suite demain....

22 mars 2007

La fuite est une impasse

Parfois il vaudrait mieux être
ailleurs...
La fuite vers le soleil
des azalées et des violettes
du jardin de ma mère
bousculent les girouettes
féroces de l'hiver.

Vivre mal la rupture d'une
impasse...
n'est pas le contraire de la
pitié.

18 mars 2007

Racisme ordinaire

Ils pillent les nègres
ils exploitent les jaunes
ils tuent les peaux-rouges

puis

avec beaucoup de logique
ils s'entretuent
pour défendre
leurs valeurs morales
de blancs.

15 mars 2007

La violence tranquille du monde

Le monde m´arrive
par l´encre du journal.
Gabriel Nascente


Chaque jour la télévision
apporte dans mon salon
des tombereaux de cadavres
comme au coeur du moyen-âge
quand sonnait le tocsin
pour annoncer les mariages
et l´arrivée des paysans voisins
armés de fourches et de faim
tuant violant brûlant pillant
pour quelques morceaux de lard
pour quelques miches de pain
et pour le bonheur des rats
de la peste et du choléra.

Je dis bravo à la civilisation
que m´apporte la télévision
loin de tout danger
sur mon fauteuil préféré
bravo pour l´efficacité
bravo la technique
pour une image claire
de violence et de guerre
qui tue des enfants et des mères
et même parfois des terroristes
en peu de temps
très proprement
car tout le monde le sait
le temps c´est de l´argent
et la misère Dieu que c´est triste !

Bravo pour la civilisation
que vive la démocratie
et la liberté sans exclusion
le moyen-âge est bien fini
les cafards et les rats
sont absents de l´écran
les morts sont couverts d´un drap
et les soldats sont enterrés en Amérique
pour sauver, ohé ! l´occident ;

les gens neutres et apolitiques
peuvent continuer à dormir tranquillement.

Goiânia, février 2007

11 mars 2007

Le poète qui vous parle (2)

Chaque fois que je regarde mon blog je suis surpris de voir qu´il est visité par des gens du monde entier. Des visiteurs discrets, furtifs, anonymes, attirés par le mot “poète” ou simplement des curieux qui cherchent un dialogue ? Comment le savoir ? J´arrive même à croire que certains mots de mes poèmes politiques comme injustice, bombes qui tuent les enfants “d´ici ou d´ailleurs”, mur de Tijuana ou “haute rentabilité / haute criminalité” attirent l´attention des services de sécurité de pays en guerre à la recherche d´éventuels terroristes !
Il y a quelques années les “ennemis de la démocratie” étaient les “communistes” qui étaient, je le rappelle, persécutés, emprisonnés, torturés et assassinés par la police politique de certains pays pour protéger “la liberté et les valeurs chrétiennes de l´occident”. Dans cette chasse à l´homme beaucoup de poètes latino-américains y ont laissé leur vie. Mais étaient-ils pour autant de dangereux terroristes ? J´aimerais savoir ce que diraient aujourd´hui, ces poètes disparus, sur les nouveaux kamikazes qui se font sauter dans des lieux publics tuant femmes, enfants et même parfois leurs propres frères ?
Où sont donc au XXIème siècle les poètes qui dénoncent, avec force et indignation, la croissance de la violence partout dans le monde de l´après communisme? D´ailleurs où sont passés tous ces dangereux communistes qui menaçaient, un couteau entre les dents, le mode de vie et les croyances des bons chrétiens ?...Est-ce mieux aujourd´hui, plus rassurant pour les peuples dit “démocratiques”. Les poètes ont-ils plus de liberté de parole ? Sont-ils plus diffusés, plus respectés ?
Qu´en pensent donc les lecteurs de mon blog ?

Goiânia, février 2007

08 mars 2007

Le poète qui vous parle (1)

Les poèmes que vous offre mon blog essaient, depuis longtemps, de donner une réponse à la question suivante : A quoi sert la poésie ?...
Oui, à quoi peut-elle bien servir la poésie si elle n´est pas profondément ancrée dans la réalité du monde dans lequel nous vivons ? A quoi sert une poésie fine et intimiste, dans un monde où chaque acte de notre vie est fortement conditionné et emprisonné par une propagande commerciale outrageuse, dès l´enfance ? A quoi sert une poésie bucolique dans une nature polluée et empoisonnée jusqu´à l´os par la rentabilité productiviste ? A quoi bon parler d´amour dans une société d´égoïstes forcenés où un mariage sur deux finit en divorce, parce que nous ne savont plus construire ensemble des rêves généreux et des rapports affectueux ? Oui, à qui est destinée toute cette poésie “lyrique”, nombriliste et obscure qui inonde les revues de poésie ?...
Quelle est donc la finalité de cette poésie incolore, larmoyante et hors du temps qui ferme les yeux aux guerres, aux injustices, aux pillages, au malaise et aux souffrances des hommes et qui ne cherche même pas à se poser des questions sur les causes du mal ? Une poésie neutre, apolitique et désincarnée qui n´a bientôt plus de lecteurs car elle n´a rien a dire de nouveau, de sensible, d´essentiel, qui puisse nous intéresser. Une poésie qui semble parfois écrite sur une autre planète par des êtres lobotomisés qui ne savent plus ni aimer ni haïr.
C´est ce que j´essaie d´éviter dans mes poèmes et dans mes choix de poètes étrangers : la banalité du déjà lu, l´inconsistance et l´ennui qui découle de la poésie sans but humain, sans révolte. Ce qui me semble évident ne l´est pas pour tous. Nombreux intellectuels disent encore, en France, que la poésie avec un contenu social ce n´est pas de la poésie et qu´il faut suivre les règles !
Moi j´affirme, avec Maïakovski, que : “C´est justement l´homme qui crée les règles poétiques qui s´appelle poète” même s´il est parfois le seul à y croire. Non, ce ne sont jamais les conventions littéraires admises par tous qui font la bonne poésie. Quand il y a seulement imitation, répétition et pas d´engagement il n´y a plus d´art, il n´y a plus de poésie y il n´y a plus d´humanité.
Vive la révolte dans l´art ! Elle est le carburant de la vraie poésie.

à suivre...

Goiânia, février 2007

04 mars 2007

Il pleut
















Il pleut dru
une vraie pluie tropicale
qui tombe et tombe
- ne riez pas -
de haut en bas
comme une rivière
avec des poissons ailés
et des forêts de fougère
dans l´éclat des éclairs
qui éclairent
le vraooum du tonnerre
qui pète et vocifère
toute sa rage
et qui déchire les nuages
et fait trembler les pierres
et les vagues rouges
de toutes les mers
du fond de la terre.

Il pleut
des fleuves bouillonnants
qui forment des torrents
larges comme des océans
- ne riez pas -
ça tombe de haut en bas
ça tombe du ciel
vraooum
tout naturellement
comme la guerre
le chômage et la misère
chez les chrétiens et les musulmans

Goiânia, février 2007