30 août 2008

Le poète qui vous parle...de discipline

La discipline s´apprend dans la famille, à l´école, à l'armée, sur les lieux de travail. Au XXème siècle, ce sont les pays les plus disciplinés, les plus respectueux de l'ordre et de la hiérarchie, qui ont le plus vite progressé.
C´est ainsi qu'ils sont devenus des pays “modernes” ! C´est à dire avec une espérance de vie qui est passée, en France de 50 ans en 1910 à presque 80 ans aujourd´hui et un niveau de vie qui s´est amélioré tout en travaillant moins. Les peuples les plus disciplinés ont gagné le confort (l´eau courante, l'électricité, le chauffage central, la salle de bains, la voiture, la TV...) et le valium.
Néanmoins il y a toujours des gens envieux et indisciplinés (souvent des anarchistes, des artistes incompris ou des SDF sans papiers) pour dire que les seuls qui ont su profiter du progrès technique ce sont les blancs. Alors comment expliquer qu'un pays de blancs, comme l'URSS, qui vivait dans un système dont on dénonçait la rigidité, manquait néanmoins de tout ? Les allemands, qui avaient une bonne renommée de discipline, malgré l'inflation et le chômage ont su inventer, à la même époque, de performants camps d´extermination pour tous ceux qui n´avaient pas du bon sang aryen dans les veines, c´est à dire l´ensemble de l'humanité sauf quelques privilégiés de la race supérieure. Les artistes modernes, les poètes contestataires, généralement peu respectueux de la discipline nazie, furent accusés de faire de l´art “dégénéré”et on les enferma dans ces camps avec les fous, les homosexuels et, bien sûr, les juifs et les communistes. Depuis, malgré le confort moderne, les crimes contre l'humanité continuent.

27 août 2008

Retour au passé

De temps à autre, en fouillant dans mes vieux papiers, je trouve des poèmes et des contes que j´ai écrits, il y a une cinquantaine d´annés, en espagnol. Je les trouve plutôt mauvais, mais je pense que certains pourraient être retravaillés et traduits en français. De ces textes je déduits néanmoins deux choses : 1) Qu´il y a cinquante ans, avec moins de connaissances, d´expérience et de culture j´avais les mêmes options politiques de gauche et les mêmes espoirs humanistes de progrès social. 2) Que je n´ai pas trouvé le temps ou l´envie pour reprendre ces textes “historiques” de ma période argentine et suédoise. Soit 27 ans de ma vie !

Je peux donc affirmer que j´ai été pendant toute ma vie d´adulte fidèle à une idée généreuse qui m´a rapporté parfois de légers ennuis professionnels mais qui, par contre, m´a fait connaître de merveilleux amis.

J´ai eu néanmoins de longues périodes où, pour des raisons “professionnelles”, j´ai abandonné la poésie. Elle était incompatible avec mon métier d´ingénieur. Bien que j´aie toujours eu plus de respect pour le savoir faire des ouvriers de l'atelier que pour celui, parfois ambigu, des cols blancs, je devais garder, quand j´étais sur les chantiers, ma dignité de cadre technique pour ne pas perdre ma place. Ni les patrons ni les ouvriers auraient compris que j´écrive et que je publie de la poésie ! La poésie est tout le contraire de la rigueur technique : la poésie pose beaucoup trop de questions sans réponses !

19 août 2008

On nous parle de la misère

On nous parle de la mort
et parfois de l'histoire
de la misère et de la faim
dans nos villes et campagnes.

On nous parle d'armées prolétaires
sans Dieu et sans Gloire
marchant au petit matin
dans la boue du chemin
vers l'usine ou la mine.

On nous parle de regards lointains
de femmes, d'enfants, de pain
sordides histoires de terre
de gros sous, de bras et de mains,
de banquiers et de propriétaires
de progrès et de lumière.

On nous parle d'un passé ouvrier
d'exploitation et de guerres
comme une image effacée
par une société moderne et solidaire.

Mais je me promène dans les rues
et je vois chaque jour
toujours autant de chômage et de misère.

10 août 2008

Quand on ne s’arrête pas…

Quand le soleil tombe
sur les tuiles
fumantes
des dernières maisons
et on ne s’arrête pas

Quand la nuit tombe
sur les tuiles
béantes
des maisons visées
et on ne s’arrête pas

Quand l’aurore s’éveille
sur les fenêtres
brisées
par les dommages collatéraux
et on ne s’arrête pas

Quand le jour se lève
et on ramasse les cadavres
d’enfants
les combattants n’étant plus là
et on ne s’arrête pas

Tous vos beaux discours sont
fumants béants brisés
et les enfants morts
vous montrent du doigt
quand ça ne s’arrête pas

06 août 2008

Pablo Neruda

















Illustration : Carpani


Pablo Neruda (1904-1973)
- Je veux qu´à la sortie des usines et des mines
ma poésie adhère à la terre,
à l´air, à la victoire de l´homme maltraité.

Note : Cher Pablo, toi qui a tellement bourlingué et rencontré du monde ; toi qui confesses avoir vécu ; toi qui n´as jamais trahi ni les hommes modestes ni la poésie ni ton rêve et qui es mort de tristesse, dans ton île, en apprenant le viol de ton beau pays démocratique par des bêtes lobotomisées, encouragées et même formées par des plus sauvages, des plus puissants, idéologues du bien version bombes de napalm sur les enfants, version défoliants toxiques sur les paysans, version haine de la résistance des plus pauvres, version répression là où le peuple se battait contre l´exploitation de l´homme par l´homme, pour plus de dignité, pour le pain et l´éducation de leurs enfants, pour un monde plus juste sans même avoir lu (certains d´ailleurs ne savait pas lire) une ligne de Karl Marx, et la prison, la torture, la terreur, les disparitions, l´exil des plus chanceux pour combattre les gens honnêtes, pour détruire la vie des soi-disant “subversifs” professeurs, étudiants, poètes, syndicalistes, jusqu´alors respectueux de leurs lois et de leur constitution, et pourtant, oui, et pourtant il était facile de constater que la violence institutionnelle contre le peuple ne favorisait guère leur adhésion ni même leur compréhension du système du libre commerce et des “lois du marché”. Oui Pablo, tu avais raison de te battre pour la poésie et la justice. Ton nom est toujours vivant !

03 août 2008

La main et l´outil

“La main et l´outil”- Le développement du tiers-monde et l´Europe par Edgar Pisani - Ed. Robert Laffont (1987)
- Donnons une image de ce que nous avons connu en France. En 1947, en Haute-Loire où j´arrivais comme jeune préfet, plus de la moitié des fermes avaient un sol en terre battue dans la salle commune ; à peu près autant de maisons avaient la chambre au-dessus de l´étable pour avoir chaud. Un pourcentage très élevé de hameaux étaient enclavés, sans électricité.
Note : Beaucoup de Français ont connu, il y a à peine un demi-siècle, une vie plus rude et plus rustique que celle d´aujourd´hui. C´est certainement inutile de poser la question s´ils étaient plus ou moins heureux que nous, car le bonheur est une notion toujours très relative et abstraite. Je crois même que, à un certain stade d´abondance, plus les gens sont riches moins ils sont heureux. Dépassée la satisfaction des besoins essentiels
il n´y a plus de limite à l´ambition. A quoi peut bien servir d´accumuler des millions d´euros qu´on ne peut pas dépenser faute de temps, d´imagination et de culture ? Le pouvoir ?... Est-ce qu´on peut gagner l´amour, l´affection de nos proches, des amis sincères avec le pouvoir ? Est-ce que, posséder un plus grand palais, une voiture plus puissante, un yacht plus luxueux et même un hélicoptère rend plus heureux l´exploiteur, le spéculateur, le prédateur qui se cache inévitablement dans le coeur de chaque millionnaire ?

02 août 2008

Les pensées sans arrières pensées d´un vieux poète














“Le mythe du développement” sous la direction de Cándido Méndez - Ed. Le Seuil/Esprit (1977)

Réflexion de Cornelius Castoriadis
:
- “Dans le pays d´où je viens, la génération de mes grands-pères n´avait jamais entendu parler de planification à long terme, d´externalités, de dérive des continents ou d´expansion de l´univers ; mais, encore pendant leur vieillesse, ils continuaient à planter des oliviers et des cyprès sans se poser de questions sur les coûts et les rendements. Ils savaient qu´ils auraient à mourir, et qu´il fallait laisser la terre en bon état pour ceux qui viendraient après eux, peut-être rien que pour la terre elle même.”

Note : Les vieux paysans européens, il y a moins de cent ans, plantaient des arbres qu´ils ne verraient jamais pousser. C´était un acte altruiste et civilisé. Mais ces mêmes hommes, par cupidité, détruisaient sans scrupule les forêts d´Afrique, d´Asie et d´Amérique. Là réside toute l´ambiguité de notre civilisation occidentale : Elle est capable du meilleur et du pire. Malheureusement pour l´humanité , elle a plus souvent utilisé tout son énorme potentiel technique et financier pour détruire que pour construire un avenir meilleurs. Lester Brown estime qu´avec 161 milliards de dollars par an “on peut sauver le monde”. C´est le tiers du budget militaire des Etats-Unis !!! Aujourd´hui il n´y a que des fous ou des poètes pour croire que le monde peut être sauvé du cataclysme.