27 novembre 2008

Boileau (Nicolas dit Boileau-Despréaux) (1636 -1711)

Notre siècle est fertile en sots admirateurs ;
et, sans ceux que fournit la ville et la province,
il en est chez le duc, il en est chez le prince.
L´ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
de tout temps rencontré de zélés partisans ;
et pour finir enfin par un trait de satyre,
un sot trouve toujours un plus sot qui l´admire.
(L´art poétique - Extrait du Chant Premier)

Note : Drôle de bonhomme ce Boileau. Il alterne les satires, qui lui attirent des ennemis, avec des épitres qui ne lui apportent pas tellement d´amis. Malgré une certaine renommée et l´amitié de Racine, personne ne voulait de lui à l´Académie. C´est Louis XIV, qui souhaite que Racine et Boileau écrivent son histoire, qui fait pression sur les académiciens pour qu´ils l´admettent dans leur institution. Mais plus tard, suite a une satire anticléricale contre les théologiens “casuistes” (qu´on appelle en langage moderne : les curés faux-culs) le Roi le censure et accélère sa déchéance. Classique, puriste de la langue française, plutôt réactionnaire et guère clairvoyant, Boileau, démontre, une fois de plus, qu´il est toujours préférable, pour le poète, d´ être un sot louangeur qu´un homme sincère. On devrait écrire sur la couverture des livres : La vérité tue !
Fort heureusement pour la France, l´Académie de Lettres, qui reste une garantie pour la continuité de notre belle langue, n´ admet, encore aujourd´hui, dans son prestigieux dortoir, que les bons amis du Roi.

25 novembre 2008

Le poète qui vous parle...de son blog

Nous avons eu plus de 6.500 visites sur notre blog poétique. Les visiteurs viennent de nombreux pays non francophones d´Amérique et même d´Asie ou du centre du Sahara. Qui sont ces amis anonymes de la poésie ? Comment trouvent-ils mon blog parmi des millions de propositions du monde entier ?
Ayant, depuis 1991, publié mes poèmes et mes traductions dans des cahiers et des plaquettes - allant de 12 à 400 exemplaires - que j´ai offerts à mes amis. Et ayant aussi publié quelques centaines de poèmes traduits de l´espagnol et du portugais dans des revues, françaises et belges, au tirage plutôt confidentiel, le chiffre de 6.500 - même s´il contient nos propres consultations et quelques répétitions - est un résultat, pour un blog spécialisé dans la poésie, plutôt surprenant et encourageant.
Même les poètes contemporains les plus connus s´accommodent, en général, de tirages de 500 exemplaires qui ne circulent que dans un cercle géographique très restreint. N´ayant aucune répercussion dans les journaux et la télévision, ces livres sont très vite oubliés y compris par ceux qui les écrivent.
Un poète guatemaltèque, Augusto Monterroso, disait avec beaucoup d´humour : “Poète, n´offre pas tes livres : détruis-les toi-même”. C´est tellement devenu une habitude, pour les poètes, d´offrir leurs livres de poésie dédicacés qu´ils n´imaginent même plus de les vendre. On peut affirmer, en toute objectivité, que la poésie est - sans le vouloir - la plus forte manifestation intellectuelle de résistance à la société de consommation..

18 novembre 2008

Le poète qui vous parle...de MADI



Carmelo Arden Quin
Fenêtres
1948
































Kosice Gota Gota de agua
1970





J´ai connu en 1952, à Buenos Aires, le peintre uruguayen Carmelo Arden Quin lors d´une réunion, dans un café du centre ville, du groupe “poesía buenos aires”. C´est la première fois que j´ai entendu parler de Madi. Carmelo étant parti vivre à Paris dès 1953, ce n´est que trois ans plus tard que je le rencontrais à nouveau dans son atelier de Montparnasse et aussi dans l´atelier d´ébénisterie de sa femme avec son compatriote Volf Roitman. Je n´avais alors jamais entendu parler de
Gyula Kosice qui est, selon les uns, le co-créateur de Madi et, selon les autres, l´inventeur de ce mouvement.
Madi est, d´après les partisans de Carmelo Arden Quin, une contraction de “matérialisme dialectique”, mais selon Gyula Kosice, qui est resté en Argentine pendant la chasse aux “communistes”, ce nom viendrait de “Madrid”. Etant donné que ce mouvement s´inspire des recherches des concrétistes russes, du Bauhaus et quelque peu de Schwitters et de Mondrian on peut se demander que vient faire Madrid dans ce contexte !
Gyula Kosice, surtout connu pour ses sculptures “d´eau” (d´ingénieuse fontaines transparentes) je ne l´ai rencontré que vers la fin des années 80. Je suis allé le voir dans son atelier, pour obtenir de la documentation pour une thèse et lui acheter un petit dessin pour offrir. C´était la veille d´une fête et son apprenti, un très jeune garçon, lui demanda s´il pouvait lui donner une petite avance pour le week end. Il lui refusa sous prétexte du manque d´argent. Je venais de lui laisser plus de 200 dollars ! Depuis je crois plus à Carmelo Arden Quin qu´à Kosice.

07 novembre 2008

Fray Luis de Leon (1527-1591)

















- Dieu sans doute a inspiré à l´esprit des hommes la poésie pour que son mouvement et son souffle les élèvent au ciel, d´où elle procède, car poésie n´est rien d´autre qu´une communication du souffle céleste.

Note : Ce fin et délicat poète et professeur renommé de l´Université de Salamanca fut emprisonné, pendant cinq ans (1572-1576), par l´inquisition pour une malencontreuse traduction du “Cantique des cantiques” en espagnol. Les inquisiteurs, fanatiques et bornés, n´avaient pas encore compris qu´ils entraient dans la Renaissance ! Même, bien plus tard, dû à l´emprise de l´Eglise sur l´Etat et jusqu´à la mort de Franco, l´Espagne eut beaucoup de mal à sortir du Moyen Age.

Fort heureusement le vent de la modernité circule, dans la décennie de 1920, et arrive jusqu´en Espagne. L´influence de l´avant-garde européenne ainsi que la parenthèse de la République donna naissance à toute une génération de très grands poètes dont Federico García Lorca (1898-1936), Luís Cernuda (1902-1963), Rafael Alberti (1902-1999), Miguel Hernández (1910-1942), Antonio Machado (1875-1939) et bien d´autres. Tous payèrent très cher leur talent et leur audace. Certains y laissèrent la vie ; les autres n´eurent pas d´autre choix que l´exil. Leur vie et leurs oeuvres mériteraient d´être mieux connues car ils sont aussi un bel exemple de dignité, de courage et de conscience politique.
De tous ces immenses poètes je n´ai connu que Rafael Alberti. Il venait en vacance à Antibes pour rencontrer Picasso, mais c´est une autre histoire.

04 novembre 2008

Ce n'est pas facile














Ce n'est jamais facile
quand on est une sardine;
comment éviter la routine
au milieu de la ville?