28 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de la vie d´artiste


Quand j´étais jeune je rêvais beaucoup. Les livres et les films me faisaient croire que la meilleure façon de réussir une vie agréable de voyages, d´aventures et de jolies femmes était de devenir artiste. Dans les films les peintres, vivaient la “bohème” (nom poétique de la misère) dans la joie de la camaraderie et trouvaient toujours à Paris - pas ailleurs - une belle et riche américaine pour leurs acheter leurs tableaux. Les beaux-arts m´attiraient énormément. Notre situation familiale m´amena à étudier l´ingénierie mécanique !
J´étudiais, très sérieusement, les mathématiques et la cinématique, mais je continuais à rêver d´art. Les dimanches je sortais avec un groupe de peintres paysagistes, anciens élèves des Beaux-Arts, qui me transmettaient quelques connaissances techniques. Puis pendant les vacances j´assistais aux cours de dessin de la Mutualité des Beaux Arts de Buenos Aires. Quelques livres d´art empruntés et les discussions animées avec Cirilo San Miguel, un voisin cultivé et gauchiste, me donnèrent les premières bases conceptuelles de l´art moderne. Mais ce fut lors de ma rencontre, en 1951, avec le groupe de jeunes poètes du mouvement “poesia buenos aires” que je découvris que l´art et la poésie modernes étaient un monde à part, très complexe et qui exigeait, pour le comprendre, une profonde culture littéraire que je ne possédais pas. Je découvris, aussi, à la même époque, l´existence du mouvement Madi. Leur recherche de formes géométrique ressemblait trop à mes dessins de machines. Il me fallut des années pour comprendre !...

26 décembre 2008

J´aimerais voyager

J´aimerais voyager
pour arriver dans un pays
et dire bonjour mes amis
voilà ce que je peux donner
du sel du pain
et un peu d´art
le meilleur de moi-même
simplement

je voudrais pouvoir dire :
aujourd´hui je tends la main
pour un peu d´amitié
je ne demande rien
votre regard me suffit
et je vous donnerai ma poésie
simplement

voilà mon coeur
mon sel mes mains
un peu d´art un brin de poésie
le meilleur de moi-même
n´est pas à vendre
car l´amitié n´a pas de prix

recevez-le simplement.

20 décembre 2008

Le poète qui vous parle...d´un dîner d´artistes

Après plus de 50 ans de fréquentation des artistes je continue à aimer leur compagnie. Pas toujours d´un abord facile ni prévisibles, les artistes sont des gens qui vivent souvent dans un monde parallèle. C´est-à-dire un monde tel qu´ils le conçoivent et l´imaginent. Mais est-ce pour autant plus “réaliste” de penser le monde tel que le voient, par exemple, les économistes ou les technocrates ? Est-ce qu´un dîner avec un ambassadeur ou un ministre est plus intéressant et plus enrichissant qu´un repas avec un artiste passionné par son art ? Certainement pas. L´art reste une recherche qui, paraphrasant Jean Jouve “est l´expression des hauteurs de la perception”. Dans tout grand art il y a une multitude de questions sans réponses. Ce sont précisément ces questions qui font avancer la création. C´est ainsi que les dîners d´artistes, de critiques et de collectionneurs qu´organisent, de temps à autre, le peintre Fogaça et son épouse Malu sont un haut lieu de la création à Goiânia. Dans une ambiance amicale et joyeuse, chacun ajoute, sans se prendre trop au sérieux, une brique à la construction de l´avenir de l´art brésilien. L´oeuvre de Fogaça s´enrichit d´année en année et ceux qui voient ses dernières oeuvres, dans son atelier, sortent de chez lui plus intelligents. C´est comme ça que sont nés tous les mouvements artistiques qui ont transformé la vision du monde. En Art la solitude est, quelques fois, une mauvaise conseillère. C´est dans la confrontation, les discussions et les disputes que les jeunes artistes évoluent et se surpassent. Goiânia peut-elle devenir un nouveau centre de création du Brésil ? Pourquoi pas !...

15 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de politique

Il est de bon ton, dans certains milieux poétiques, de ne pas parler de politique. L´apolitisme permet de garder l´esprit propre et pur. La poésie est trop fine, trop délicate, trop sélecte, pour se mêler de questions sociales! D´ailleurs peut-on trouver quelque poésie dans les paroles de “L´Internationale”, qui décrivent, sans détours, la lutte des pauvres contre les riches qui les exploitent ? Si, par exemple, nous regardons attentivement les listes de publications, pendant la deuxième guerre mondiale, nous pouvons observer que quelques-uns de nos plus célèbres écrivains ont continué, grâce a leur stricte neutralité (!), à publier leurs romans et leurs poèmes pendant l´occupation. Par contre nombre de ceux qui choisirent l´engagement de la Résistance furent déportés ou fusillés et ceux qui survécurent furent souvent oubliés.
Alors, pourquoi un écrivain, sans aucun pouvoir pour changer le cours de l´histoire, devrait prendre des risques inutiles ? L´engagement politique ne peut lui apporter que des ennuis et comme dit Jean L´Anselme “Un poème n´empêche pas les bombes de tomber”. L´intelligence et l´instinct de conservation invitent donc le poète, dans ces fâcheuses circonstances, à la prudence de l´apolitisme. Un poème engagé n´empêchera pas la guerre du pétrole, ni la famine en Afrique, ni ouvrira les portes de Guantanamo et celles de Tijuana. Un poème n´empêchera pas les riches de s´enrichir et les pauvres de souffrir. Un poème n´est qu´une feuille qui tombe dans la forêt en automne. Et pourtant, comment peut-on se croire un vrai poète et vivre sans lutter pour la vérité ?

08 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de lui-même
























Mon fils insiste pour que je parle de ma propre vie de poète. C´est toujours dangereux de demander á un artiste, quel qu´il soit, de parler de lui-même car tous les créateurs ont un Ego surdimensionné. D´ailleurs, sans être nécessairement poètes, beaucoup pensent - même certains énarques - que leur vie mérite une biographie détaillée ! Néanmoins j´admets, en toute modestie, que mon long parcours est très différent de celui de la plupart des gens de mon âge et surtout de celui des jeunes générations d´aujourd´hui. Le XXème siècle fut celui des idées extrêmes et de fabuleux progrès techniques. Progrès qui sont allés souvent trop vite pour être assimilés et maîtrisés par les hommes y compris par les plus éclairés du siècle. Jamais on avait vu ni même imaginé de tels bouleversements de la vie sociale des peuples. J´ai connu dans mon enfance, dans le Gers, les chars à boeufs et, aujourd´hui, à moins de 100 km, on y fabrique des éléments de fusées spatiales ! Pourtant si dans le Gers il y a maintenant l´eau courante, l´électricité et le téléphone, à quelques heures de vol de la France il y a encore des populations qui ne connaissent pas l´attelage ! J´ai eu l´occasion (le privilège ?..) de vivre dans trois continents et d´avoir connu les maisons en terre sans eau et sans électricité et les hôtels cinq étoiles. J´ai connu la paillasse d´un camp de concentration et de bons lits douillets. J´ai travaillé en usine, avec mes mains, et j´ai dirigé des chantiers avec des dizaines d´ouvriers. J´ai vécu des hauts et souvent des bas. Ma seule constante fut toujours mon amour pour l´art et la poésie. J´ai connu le bonheur !

06 décembre 2008

“La poésie du subconscient ” André Breton (1896-1966)

Le seul mot de liberté est tout ce qui m´exalte encore. Je le crois propre à entretenir, indéfiniment, le vieux fanatisme humain. Il répond sans doute à ma seule aspiration légitime.
(Premier manifeste du surréalisme - 1924-)

Note : C´est quand André Breton exaltait la liberté qu´il était le plus sincère. Quand il prend la suite de la révolte dadaïste et il la codifie sous le titre de “surréalisme”il enrichit la culture française d´un mouvement qui fera le tour du monde et qui attirera, dans un premier temps, tous les créateurs de talents de France. C´est précisément l´esprit de liberté totale et créative de l´art et de la poésie qui lui donne sont essor. L´ignoble bourgeoisie française, engluée dans le sang de la guerre 14-18, n´a plus de valeurs morales crédibles à proposer. Dada combat énergiquement, dès 1916, les conventions sociales bourgeoises par la provocation poétique. Les premiers surréalistes, en bons Français rationalistes, légifèrent la révolte dadaïste par des Manifestes qui, selon l´opportunité et les circonstances, s´approchent ou s´éloignent du parti communiste. Ces règles internes fluctuantes, quelque peu arbitraires et souvent imposées par André Breton, chassent, peu à peu, les premiers et plus créatifs adhérents du mouvement. La deuxième guerre mondiale, avec l´exil de Breton et l´engagement dans la Résistance de certains poètes du groupe parachèvent le déclin de la “révolution surréaliste”.

01 décembre 2008

Si vous n´avez rien à dire

Si vous n´avez rien à dire
pas de crayon pas de papier
pas de conscience sociale
et pas la moindre idée

si vous n´avez pas de souvenirs
de cigales de genêt ni de terre labouré
si vous n´avez jamais eu la peur
de perdre votre emploi mal payé

alors

avec habilité et persévérance
et quelques relations bien placées
vous pouvez devenir académicien
ou encore et pourquoi pas
menteur des quatre chemins
comme nos élus et leurs avocats
pourvu, trou du c... que ce soit du bon français...