26 mars 2011

Les préliminaires d´un retour II

Pendant 18 mois j´ai lu, j´ai analysé, j´ai écrit et j´ai rassemblé une documentation impressionnante sur les techniques et les produits de l´entreprise. J´ai étudié et expérimenté, dans les ateliers et les laboratoires, les techniques d´entretien des appareils et des instruments et j´ai étudié toutes les sciences modernes de ventes. Des techniciens, hautement spécialisés, me transmettaient gentiment tout leur savoir-faire. J´apprenais certains secrets de fabrication des ateliers et je prenais librement des notes. J´ai même travaillé deux semaines à l´hôpital Karolinska pour apprendre, avec un technicien AGA, l´utilisation des appareils d´anesthésie et l´entretien du coeur-poumon artificiel, pour les opérations à coeur ouvert, qui était alors l´un des plus performants du monde.

Accompagné d´un technicien-vendeur, j´ai aussi visité, pendant quelques semaines, toutes les entreprises industrielles de la région de Stockholm. Partout nous étions accueillis par des techniciens extrêmement compétents dans leur domaine. Leurs questions étaient toujours pertinentes et parfois très pointues. Je mesurais ainsi mes faiblesses. J´apprenais certes, mais comment retenir, en quelques mois, autant de connaissances ?

Je doute qu´il y ait, aujourd´hui, beaucoup d´ingénieurs ayant un libre accès à tant d´informations dans une entreprise de pointe. Je connais des usines, en France, où il est interdit de passer d´une section à une autre. A Paris, je n´ai pas eu le droit de visiter les ateliers auxquels je fournissais les plans !

Parfois je regrette de ne pas avoir pu exercer, par la suite, convenablement mon métier. Quel gâchis !

22 mars 2011

Les préliminaires d´un retour I

J´aurais pu, comme nombre d´étrangers qui ont adopté la Suède, par nécessité ou par goût, continuer à dessiner des signaux maritimes à AGA, partir une fois par ans à Palma de Majorque et chanter “små grodarna” lors des fêtes mais cette vie, pourtant paisible et rassurante, ne me convenait pas. Je le confiais à mon chef direct et je lui demandais de m´obtenir un rendez-vous avec le directeur pour toute l´Amérique Latine. Il avait été, pendant de nombreuses années, le directeur de la filiale argentine. Je pensais qu´il pouvait comprendre mon souhait.

Il me reçut froidement, me posa quelques questions, en suédois, et me jeta de son bureau coupant court à mes ambitions. Heureusement ce n´était pas définitif. Deux semaines plus tard, l´Ambassadeur du Mexique - où AGA avait une douzaine d´usines - fut invité à déjeuner par la direction. Je connaissais bien S.E. M. Maldonado car je donnais, deux fois par semaine, des cours de mathématiques à ses deux fils et j´étais souvent invité à leur table. Donc, lors du repas avec les directeurs de AGA, il leur expliqua que, grâce à moi, ses enfants pouvaient continuer leurs études en Suède..

Quelques jours plus tard je fus convoqué par le même directeur qui m´avait chassé de son bureau. Aimable et souriant il m´annonça que je commencerai, la semaine suivante, des stages et des cours avant d´être envoyé comme responsable commercial...en Argentine.

Ce qui me permet de dire aux plus jeunes que, pour réussir, il faut trois choses : des connaissances, de la volonté et surtout...des relations.

19 mars 2011

La révolution

La révolution la révolution c´est un tambour
qui court
les rues
les chantiers
les usines
et parfois, hélas !
les ruines.

La révolution la révolution
c´est un tambour
très lourd
de peau et d´acier
de promesses et de sublime
et les yeux lumineux
de futurs merveilleux
de justice
et c´est croire
à la victoire...

La révolution la révolution
c´est aussi les larmes
et les yeux éteints
de ceux parfois
qui ont perdu leur sang
qui sont morts pour rien
et même souvent
pour si peu...

Mais ce rien n´est pas rien
s´il vous ouvre les yeux
ce rien n´est pas rien
s´il vous tend la main...

12 mars 2011

53 millions de pauvres parmi les riches

Il y a les pauvres des pays riches puis les très pauvres
puis les pauvres parmi les pauvres
puis les plus démunis
puis les affamés
puis les faux riches
ceux qui trichent
et qui sont au bout du rouleau
et ceux qui n´ont plus de boulot.

Il y a les misérables des villes
il y a les miséreux
les malades et les vieux.

Il y a les habitants des bidons-villes
il y a les sans-logis
et ceux qui sont mal logés
et ceux qui n´ont même plus un lit
dans un asile de nuit.

Il y a toujours plus pauvre que soi.

Il y a les marginaux
et les marginalisés
puis ceux qui ont tout perdu
même la foi...

Puis il y a ceux qui n´ont jamais eu de chance
il y a la mouise
il y a la dèche
il y a la pauvreté absolue
et la misère totale et têtue
il y a la cloche
il y a la manche
et il y a le fond de la déchéance.

Il y a que ce n´est plus
le hasard obtus
ou la malchance.

Il y a les vrais riches
ils trichent ils trichent...

Il y a que c´est prévu
et peut-être voulu
que notre siècle d´abondance
génère tant de déliquescence
et génère tant d´exclus.

07 mars 2011

La rencontre...

 Ce fut grâce à un copain médecin argentin, Julio, que je connus celle qui fut ma première épouse. Nous cherchions une place, pour nous asseoir, à la terrasse d´un café. Une fille seule occupait une table. Julio lui demanda si nous pouvions la partager. Sonia était américaine d´origine suédoise et, comme nous, elle découvrait la Suède. Les présentations faîtes arriva Nina, ma future compagne, avec un plateau. Elle parlait couramment le français. Nina était suédo-finlandaise ! C´est ce jour là que j´entendis, pour la première fois, parler de cette minorité. Ils étaient alors, en Finlande, 12% de la population mais ils avaient leurs journaux, leur théâtre, leurs écoles et même tout un quartier dans la banlieue d´Helsinki. Les noms des rues, dans la capitale, étaient bilingues finnois/suédois. D´où venait une telle influence? Comme les colons français en Afrique du Nord, avant l´indépendance les Suédo-finlandais possédaient, depuis des siècles, les richesses et le pouvoir dans le pays. Ils les perdirent, peu à peu, à partir de 1919. Ils avaient perdu leurs biens mais ils gardaient un certain orgueil aristocratique et une culture d´influence française.
Quand Nina et moi nous décidâmes de vivre ensemble, je demandais à AGA s´il ne pourrait pas l´employer. Non seulement elle obtint le poste de secrétaire du département technique, où je travaillais, mais la société nous proposa un appartement proche de notre lieu de travail. Tout allait pour le mieux pour nous. Tout, sauf que je me mis dans la tête l´idée de retourner en Argentine avec un contrat d´AGA. C´était une ambition démesurée pour un jeune ingénieur.