27 février 2011

Notre vie à Stockholm II

Le mythe de la liberté sexuelle en Suède avait du vrai, mais ce n´était pas aussi simple. Les moeurs suédoises étaient plus libres que libertines. Nous étions, pour les filles, des objets de curiosité exotique. Peu d´entre elles pensaient, en nous approchant, à la possibilité de créer un couple stable avec un étranger. Il ne faut pas oublier que nous étions, avec les alcooliques, au plus bas de l´échelle sociale. Les filles nous considéraient plus amusants que les suédois, mais moins fiables.

Notre ami José, peu de temps après son arrivée à Stockholm, connut une jeune étudiante très belle. Elle avait de grands yeux bleus innocents et un joli sourire attendrissant. Un samedi soir elle l´amena dormir chez elle et, le matin, c´est sa mère qui leur apporta le petit déjeuner au lit. Nous admirions tous la chance de José.

Le samedi suivant il lui proposa de la raccompagner chez elle mais elle refusa. Son fiancé rentrait de vacances !...

Il y avait certes une catégorie de filles, désaxées, qui couchaient avec tous les étrangers. Elles draguaient dans les boîtes. Selon nos estimations, elles étaient une centaine. Elles ne couchaient jamais plus d´une fois avec le même type. Puis le samedi soir il y avait aussi les infirmières. Souvent originaires de la province, enfermée toute la semaine à l´hôpital comme des nonnes, elles sortaient pour s´amuser. Et puisque la meilleure façon d´attirer un homme c´était de coucher avec lui, elles le faisaient sans états d´âme. C´était thérapeutique...

Dans notre situation, il était particulièrement difficile de rencontrer une fille pour une relation stable.

22 février 2011

La terre brûle

Si tu sortais de ta petite auto
tu verrais que la terre brûle
mon coco

la terre brûle
de Sarajevo au Congo.

Si tu sortais
de ta coquille
tu verrais que la terre fume
à la Bastille

la terre brûle
de Guatemala à Manille.

Si tu sortais
de ton bureau
tu verrais que la terre craque
p´tit rigolo

la terre brûle
de Panama à Maputo.

Si tu sortais
de ta maison
tu verrais que la terre crache
feu et passion

la terre brûle
de Mexico à Asunción.

Si tu sortais
de ton trou
tu verrais que la terre souffre
de tant de fous

la terre brûle
de New York à Moscou.

12 février 2011

Quand

Quand les flics ne tapent plus
sur les ouvriers et les étudiants
quand les militaires rêvent de paix
à l´ombre douce du printemps
quand les ministres les patrons
les décideurs ne décident plus
et rêvent de participation
de démocratie et d´égalité
quand les technocrates inventent
la simplicité de la solidarité
et l´homme de la rue sourit.

Quand la forêt est un jardin
et chaque branche porte un nid
quand pousse le jasmin
au bord de chaque ruisseau
d´eau claire et pure
comme l´air d´un flûteau
alors,,,

l´humanité a trouvé son chemin.

08 février 2011

Notre vie à Stockholm I

Avec un travail stable et relativement bien payé (après six mois de travail j´avais bénéficié, sans rien demander, de 50% d´augmentation de mon salaire !), j´aurais dû être satisfait de mon sort. Par rapport aux quelques étrangers que je connaissais, j´étais un privilégié. Mais je vivais mal le fait de louer une chambre chez l´habitant. Pour avoir un appartement à soi, dans la région de Stockholm, il fallait s´inscrire sur une liste et attendre...dix ans ! Ce fut Joaquin, un espagnol en stage à AGA (son père était le représentant de la société à Madrid), qui me proposa de partager un appartement en ville. Les ateliers et les bureaux de AGA étaient sur une île reliée au centre ville par un pont et un tramway (qui d´ailleurs appartenait à la société).

Joaquin, très sûr de lui (j´ai toujours eu une certaine admiration pour les gens culottés !), obtint la location d´un vieil appartement meublé, de trois pièces, pas loin du centre. C´était assez cher, mais nous dépenserions moins dans les cafés et restaurants le soir. Nous pourrions ainsi recevoir nos copains et nos éventuelles copines à la maison.

Malgré de petits désaccords, dus à la cohabitation, ce fut une période très agréable d´amitié. Nous étions, une fois encore, des privilégiés. Peu d´étrangers, à Stockholm, pouvaient disposer d´autant de confort et d´espace pour recevoir et bien rares étaient les soirées solitaires. Joaquin faisait de grandes paëllas, avec beaucoup de riz et d´huile mais peu de fruits de mer, mais tout le monde était content. Les copains étaient priés d´apporter le vin. Mais ça manquait de filles !

03 février 2011

Le retour à Stockholm

Dès notre retour nous présentâmes notre candidature à AGA, une société multinationale suédoise spécialisée dans les applications des gaz industriels et médicaux. Une importante et prospère industrie, qui nous avait été recommandée. Mon expérience de bureaux d´études fit que je fus le seul retenu...à l´essai. J´y suis resté sept ans. J´ai travaillé dans un bureau, avec quatre autres dessinateurs, sans connaître plus de dix mots de suédois. Notre chef parlait l´espagnol, un autre le français et tous parlaient l´anglais (moi peu !). Je dois dire, en toute objectivité, que jamais je n´avais travaillé dans de si bonnes conditions. A AGA il n´y avait pas de réponses évasives. Le chef connaissait à fond son métier et si, par hasard, il y avait un doute il convoquait le directeur du département et tous mes collègues en discutaient. Chaque modification, chaque petit perfectionnement, était étudié et analysé dans le but d´approcher la perfection. L´à-peu-près n´existait pas dans ces bureaux. La seule religion était “la qualité suédoise” dont se vantait chaque entreprise.dans sa publicité. Je pourrais m´étendre, longuement, sur les méthodes de travail dans les bureaux et les ateliers, mais ce serait inutile. La qualité des produits venait surtout de la conscience professionnelle des suédois. Cétait d´ailleurs ce sens du devoir y du travail bien fait qui faisait de la social-démocratie un régime social presque parfait. Le revers de la médaille était un manque total d´imagination et de fantaisie. La Suède était l´un des pays les plus ennuyeux du monde ! Un socialiste français souhaitait : “la social-démocratie suédoise plus le soleil !”