28 juin 2011

Je sais et j´insiste...

Je sais que parfois
je ne respecte pas
les règles de la poésie
je dirais même que je m´en fous
des enjambements et des paranomases
des métaphores et des apotegmes
des oxymores, des hiatus et des pieds
des césures, des polysémies
et des homonymies
je m´en fous éperdument
des allitérations et des anaphores
des didascalies, des euphémismes,
des rimes, des rythmes et des assonances
des églogues, des panégyriques,
des exhortations et des satires
et je me retiens, croyez-moi,
pour ne pas devenir grossier
car je doute qu´à l´université
tous les professeurs de poésie
soient de respectables érudits
ou même des gens honnêtes
quand ils enferment nos rêves
nos désirs et notre mélancolie
en cage comme un canari
avec des barreaux, des règles
et des mots très savants
et enveloppent de théories
nos vers irréguliers et sauvages
que nous créons page après page
dans un monologue inconscient
notre coeur palpitant de poésie.

16 juin 2011

La galerie Latina II

Nous organisions une dizaine d´expositions par an. Pour chaque exposition il fallait envoyer plusieurs centaines d´invitations, ranger les tableaux de l´exposition antérieure et accrocher la nouvelle. Entre les deux nous n´avions qu´une journée. Certains artistes étaient très exigeants sur l´accrochage. Parfois même, à l´heure du vernissage, ils hésitaient encore !

Un artiste emprunta, au Théâtre National, une réplique de la baignoire de Marat et il accueillit les visiteurs, assis dans cette baignoire, couvert de bijoux de fantaisie ! D´autres, très angoissés, voulaient tout changer au dernier moment. Nous-mêmes nous n´étions guère rassurés car nous ne savions jamais si les gens que nous avions invités assisteraient au vernissage. Rien n´est plus déprimant qu´un vernissage raté, surtout quand la réussite commerciale dépend, pour beaucoup, des affaires réalisées ce jour-là. Rarement la critique, dans la presse, favorisa les ventes et, une seule fois, le Musée d´Art Moderne nous acheta une œuvre (un tableau de Millares)…..le dernier jour de l´exposition !

Après trois ou quatre ans d´activités nous avions une plus grande renommée à Paris qu´à Stockholm. Certains des peintres suédois, que nous avons soutenus, réussirent une honorable carrière en province, mais n´ont jamais eu la reconnaissance du Musée d´Art Moderne. Les responsables faisaient plus pour la promotion des artistes de New York qu´ils ne firent jamais pour leurs propres artistes. Pourtant il y en avait de très bons. Sans le soutien institutionnel ils ne purent faire la carrière nationale et internationale qu´ils méritaient.

04 juin 2011

La galerie Latina I

Nous avons trouvé, pour la galerie, un local assez grand et situé près du parc Humlegården. Ni Inga, mon associée, ni moi n´avions une expérience de galeristes. Mais nous avions l´enthousiasme - il en faut beaucoup pour gérer une galerie ! - Nous avons commencé à exposer des artistes étrangers de Stockholm et quelques autres venant d´Espagne, de France et d´Argentine. Puis nous avons cherché, dans les salons officiels, quelques artistes suédois n´ayant pas de galerie à Stockholm.

Bien que nous choisissions de bons artistes modernes - certains très connus dans leur pays - la presse nous ignorait. Nous commencions à comprendre pourquoi les galeries de Stockholm n´exposaient pas les artistes étrangers : nous ne vendions rien !

Néanmoins, si au début les acheteurs étaient rares, la qualité et l´originalité des œuvres que nous présentions finit par trouver un public de jeunes collectionneurs. Non seulement nous arrivions à couvrir les frais, mais nous avons pu faire un vrai travail de galeristes engagés. Nous avons réussi à présenter, moyennant des échanges d´expositions, nos artistes suédois dans des galeries parisiennes. Nous étions alors la seule galerie suédoise à pratiquer ce genre de coopération.

Ce qui aurait dû éveiller l´intérêt des autorités, de la critique ou des responsables du Musée d´Art Moderne fut pour eux un motif d´irritation. Nos efforts pour faire connaître de jeunes artistes suédois, non reconnus par "l´élite" culturelle et artistique de Stockholm, fut considérée par certains comme une provocation. Nous étions des trouble-fête mais nous l´ignorions !