30 décembre 2011

La Rosée

Un matin blême
j´ai trouvé sur le rosier
un petit poème
dans une goutte de rosée.

Le poème était un arc-en-ciel.

Mais le soleil, aïe !
me l´a enlevé.

21 décembre 2011

Les Coopac II


Le travail dans les coopératives Coopac m’a donné beaucoup de satisfactions morales. J’utilisais, pour la première fois, mon expérience professionnelle dans un but social et vraiment utile.
Pour créer des coopératives pour les anciens combattants, il fallait concevoir des projets, les présenter aux éventuels financiers, faire la liste des matériels et des matériaux, les commander en Europe, former des équipes et mettre en marche le projet. L´Etat bissau-guinéen fournissait le terrain et d´anciens locaux militaires portugais que nous adaptions à nos besoins.

Comment avec des anciens guérilleros, dont les trois-quarts étaient illettrés et qui n’avaient jamais travaillé, créer des unités de production rentables ? C’était un défi sans précédents ! D’autant plus que tous ces "apprentis" adultes, que nous formions "sur-le-tas", recevaient un salaire de leur propre coopérative.

Nous avons créé un magasin central et un centre de gestion qui formait des comptables-gestionnaires pour les coopératives - chacune bénéficiait d´un responsable administratif -. Puis nous avons passé un accord avec une ONG, qui avait besoin de monnaie locale pour ses frais généraux, pour qu’elle nous fournisse, en échange de nos pesos non convertibles, les intrants importés et matériels indispensables au fonctionnement de nos unités. C’était, en partie, la clé de notre réussite.

Avec seulement un ou deux artisans qualifiés, par unité, pour diriger et enseigner le "savoir-faire", la demande de services fut tellement grande que les coopératives devinrent, très vite, rentables.

14 décembre 2011

Les Coopac I

J´ai commencé à travailler, avec un contrat local, au Secrétariat des Combattants de la Liberté de la Patrie. C´est-à-dire le Ministère qui s´occupait d´apporter une assistance aux anciens guérilleros. Ils recevaient une petite pension et, surtout, une aide en riz subventionné. Un sac par mois. Mais le gouvernement, dont tous les membres étaient des anciens combattants, désirait insérer ces hommes, encore jeunes, dans la vie productive. Le projet de notre ami Ruy Rodrigues da Silva était de créer, avec des financements extérieurs, des coopératives de production. Ma mission, dans un premier temps, était d’apporter mon expérience technique sur le terrain.

Mon premier chantier fut la construction de logements pour les membres d’une coopérative agricole proche de la capitale. C’était une expérience intéressante où, le défi, était de construire des maisons avec des matériaux 1ocaux. Néanmoins les fondations étaient en béton armé et les murs en briques de terre mélangée avec 7% de ciment importé (méthode appelée Sinva-ram). La toiture devait, pour satisfaire l’ONG qui finançait le projet, être en paille bien qu’il faille l´acheter à 100 km de là et qu’elle soit périssable. Des tôles galvanisées auraient coûté moins cher tout en protégeant mieux les habitants des pluies diluviennes. Mais ce n’était pas assez écologique. Je devais, comme toujours, m´adapter aux exigences de ceux qui payaient. Si l’intelligence des concepteurs de projets pour l´Afrique était aussi grande que leurs certitudes, il y a des décennies que l’Afrique n´aurait plus besoin de l´aide des blancs !

11 décembre 2011

Je pourrais aussi vous parler de mon âme

Je pourrais vous parler de guerre
des morts en Afrique ou en Irak
du chômage en France des sans abri.

Je pourrais vous parler du gâchis
des inondations des incendies
de la sécheresse et de la messe
du CAC-40 et du couac 2040
(la fin annoncée du pétrole bon marché)
mais aucun éditeur de poésie
ne voudrait de mon poème
toton tontaine, que nenni !

Pourquoi parler de choses vilaines ?

Raconte-moi ton âme profonde
et parle d´oiseaux et de fontaines
et tu n´auras que des amis, poète,
toton tontaine, et quels amis !...

04 décembre 2011

La fin de mon contrat...

Après avoir terminé le montage de trois usines : une de fabrication d’oxygène, une d’acétylène et une troisième de voiture FAF (version artisanale de la Méhari Citroën) la société qui m’employait eut de sérieuses difficultés avec l’Etat Français. Pour bénéficier d’une assurance "Coface", elle avait fait une fausse déclaration sur l’origine des machines de l´usine d’oxygène et d’acétylène. La Coface
n’assure, contre les risques de non-paiement par l’acheteur (ce qui est fréquent en Afrique !), que le matériel français. Bien que n’étant pas directement concerné par cette affaire je me suis retrouvé, en tant que responsable local, dans l’oeil du cyclone : je perdis ma place et la société, malgré de réelles compétences, fut condamnée à la faillite.

Mon épouse, étant alors fonctionnaire des Affaires Etrangères à l´Ambassade de Bissau je devais, forcément, trouver un nouvel emploi sur place. Tous les blancs qui travaillaient, en Guinée-Bissau, avaient un contrat de leur pays d´origine. J’ai néanmoins présenté ma candidature pour un projet du PNUD. Le responsable d’alors étant italien se fut un groupe italien qui fut choisi - en vain car le projet ne fut jamais réalisé -. L´angoisse du chômage recommençait à me torturer. Ce fut alors que dans un cocktail de l’Ambassade, Monique rencontra un Franco-Brésilien qui cherchait, pour un projet de coopératives, un ingénieur. Encore une fois, une rencontre occasionnelle changea le cours de ma vie. C’est suite à son intervention que nous sommes restés quelques années de plus à Bissau et que, plus tard, nous sommes allés vivre au Brésil.

01 décembre 2011

Ils vont et ils viennent la nuit

Les automobiles roulent fatiguées.
Un enfant appelle sa mère.
L´ascenseur cliquette péniblement
dans la nuit épaisse du lundi.