14 avril 2014

Les mains sales





L'homme des villes modernes
se divise en deux catégories :
Les travailleurs manuels
aux mains sales
et les employés de bureau
aux mains propres.

Tout deux font tourner le moteur
des machines à fabriquer
de l´argent pour les investisseurs.
Les patrons eux sont à part
les patrons n'ont pas peur
car les banques leur prêtent
votre argent pour que les banquiers
ne se salissent pas les mains.
Les mains sales sèment récoltent
fabriquent réparent transportent
habillent nourrissent soignent
transforment nettoient abreuvent
nos sillons de leur sang.

Les mains propres
peuvent mépriser l'ouvrier
car ils savent compter
l´argent du patron
par milliers et par millions.
Car c´est comme ça
ne me demandez pas pourquoi
le petit peuple est si con.

Le matin tôt les trains de banlieues
transportent par wagons entiers
ces hommes gris et tristes
vers l´usine ou le chantier
toujours les premiers arrivés
et pourtant mes amis
toujours les derniers servis
car le prolo est une machine
qui exécute des ordres
sans penser et sans opiner
d´autres appuis sur les leviers.

Ne me demandez pas pourquoi
c´est toujours comme ça
pourquoi, oui, pourquoi l´ouvrier
qui fait le plus dur travail
est toujours le moins bien payé
c´est comme ça et voilà tout ?

On remplace dans les usines
la main de l´ homme
par des machines
on produit toujours plus
plus vite et plus beau
avec l´assistance de l´électronique
mais on ne peut pas remplacer
le consommateur par des robots.
L´ouvrier au chômage
est une mauvaise affaire
pour l´Etat et pour l´économie
trop d´automatisme tue l´industrie
pourquoi les entrepreneurs
refusent de comprendre
qu'ils scient la branche
sur laquelle ils sont assis ?

Pourquoi ce sont toujours
les mêmes qui trinquent
la loterie des perdants
toujours derrière
toujours derrière
et comme dit la chanson
jamais devant.

La misère accrochée au cou
le prolo parfois s'agite
syndicat grève et coups
de poing levé et colère
les patrons ont peur
on menace les actionnaires
de cordes et de lampadaires
c´est la révolte des travailleurs
contre les machines
contre les horaires
et contre le rythme imposé
qui d´année en année s´accélère
pendant que le syndicat négocie
une augmentation de salaire.
C´est comme ça
ne me demandez pas pourquoi
je ne suis qu'un vieux poète
pourquoi l´homme est si bête
et si peu solidaire
et pourtant il en crève
oui mes amis il en crève
qu'il soit riche ou pauvre
patron ou prolétaire

tous finissent au cimetière.


Poèmes prolos

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