24 février 2007

Théorie de la littérature

Pour une certaine catégorie d´intellectuels la poésie est essentiellement un dérèglement du langage établi et, à ce titre, elle doit être regardée comme une forme de déviation sémantique suspecte. Pour d´autres il s´agit d´un alignement, plus ou moins harmonieux, de mots et de pensées hautement spirituels, dignes d´attention pourvu qu´ils respectent les règles grammaticales. D´autres encore nous expliquent que ce qui est important n´est pas ce qui est dit, mais ce qui se cache derrière les mots. Mais le fin du fin, l´excellence, le Nirvâna, c´est quand ce qui est caché dans le poème est vide de sens, vide de contenu, vide de tout engagement car alors nous entrons dans le vénéré domaine de la poésie “pure”. Plus le poète est abscons plus “pur” il est considéré.
Parallèlement, ces milieux intellectuels hautement raffinés, cultivés et établis, qui se délectent dans la recherche de sens cachés de mots qui ne veulent rien dire, s´acharnent, sans relâche, à dénigrer la poésie engagée qu´ils assimilent, quelque soit sa valeur littéraire, à de la propagande. Ce sont ces théoriciens qui ont décidé un jour que “l´on ne fait pas de la bonne poésie avec des bons sentiments”. Comme si le fait de n´avoir pas de sentiments - ou pire encore : de les cacher... - était une garantie de bonne poésie. Comme si le fait d´être attentif aux misères et aux espoirs des hommes de son temps était un obstacle pour écrire de la bonne poésie.
J´affirme ici que, si l´engagement social ne fait pas nécessairement de bons poètes, l´égoïsme et l´indifférence seront jamais de bon ingrédients pour la vraie poésie.

Goiânia (janvier 2007)

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