28 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de la vie d´artiste


Quand j´étais jeune je rêvais beaucoup. Les livres et les films me faisaient croire que la meilleure façon de réussir une vie agréable de voyages, d´aventures et de jolies femmes était de devenir artiste. Dans les films les peintres, vivaient la “bohème” (nom poétique de la misère) dans la joie de la camaraderie et trouvaient toujours à Paris - pas ailleurs - une belle et riche américaine pour leurs acheter leurs tableaux. Les beaux-arts m´attiraient énormément. Notre situation familiale m´amena à étudier l´ingénierie mécanique !
J´étudiais, très sérieusement, les mathématiques et la cinématique, mais je continuais à rêver d´art. Les dimanches je sortais avec un groupe de peintres paysagistes, anciens élèves des Beaux-Arts, qui me transmettaient quelques connaissances techniques. Puis pendant les vacances j´assistais aux cours de dessin de la Mutualité des Beaux Arts de Buenos Aires. Quelques livres d´art empruntés et les discussions animées avec Cirilo San Miguel, un voisin cultivé et gauchiste, me donnèrent les premières bases conceptuelles de l´art moderne. Mais ce fut lors de ma rencontre, en 1951, avec le groupe de jeunes poètes du mouvement “poesia buenos aires” que je découvris que l´art et la poésie modernes étaient un monde à part, très complexe et qui exigeait, pour le comprendre, une profonde culture littéraire que je ne possédais pas. Je découvris, aussi, à la même époque, l´existence du mouvement Madi. Leur recherche de formes géométrique ressemblait trop à mes dessins de machines. Il me fallut des années pour comprendre !...

26 décembre 2008

J´aimerais voyager

J´aimerais voyager
pour arriver dans un pays
et dire bonjour mes amis
voilà ce que je peux donner
du sel du pain
et un peu d´art
le meilleur de moi-même
simplement

je voudrais pouvoir dire :
aujourd´hui je tends la main
pour un peu d´amitié
je ne demande rien
votre regard me suffit
et je vous donnerai ma poésie
simplement

voilà mon coeur
mon sel mes mains
un peu d´art un brin de poésie
le meilleur de moi-même
n´est pas à vendre
car l´amitié n´a pas de prix

recevez-le simplement.

20 décembre 2008

Le poète qui vous parle...d´un dîner d´artistes

Après plus de 50 ans de fréquentation des artistes je continue à aimer leur compagnie. Pas toujours d´un abord facile ni prévisibles, les artistes sont des gens qui vivent souvent dans un monde parallèle. C´est-à-dire un monde tel qu´ils le conçoivent et l´imaginent. Mais est-ce pour autant plus “réaliste” de penser le monde tel que le voient, par exemple, les économistes ou les technocrates ? Est-ce qu´un dîner avec un ambassadeur ou un ministre est plus intéressant et plus enrichissant qu´un repas avec un artiste passionné par son art ? Certainement pas. L´art reste une recherche qui, paraphrasant Jean Jouve “est l´expression des hauteurs de la perception”. Dans tout grand art il y a une multitude de questions sans réponses. Ce sont précisément ces questions qui font avancer la création. C´est ainsi que les dîners d´artistes, de critiques et de collectionneurs qu´organisent, de temps à autre, le peintre Fogaça et son épouse Malu sont un haut lieu de la création à Goiânia. Dans une ambiance amicale et joyeuse, chacun ajoute, sans se prendre trop au sérieux, une brique à la construction de l´avenir de l´art brésilien. L´oeuvre de Fogaça s´enrichit d´année en année et ceux qui voient ses dernières oeuvres, dans son atelier, sortent de chez lui plus intelligents. C´est comme ça que sont nés tous les mouvements artistiques qui ont transformé la vision du monde. En Art la solitude est, quelques fois, une mauvaise conseillère. C´est dans la confrontation, les discussions et les disputes que les jeunes artistes évoluent et se surpassent. Goiânia peut-elle devenir un nouveau centre de création du Brésil ? Pourquoi pas !...

15 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de politique

Il est de bon ton, dans certains milieux poétiques, de ne pas parler de politique. L´apolitisme permet de garder l´esprit propre et pur. La poésie est trop fine, trop délicate, trop sélecte, pour se mêler de questions sociales! D´ailleurs peut-on trouver quelque poésie dans les paroles de “L´Internationale”, qui décrivent, sans détours, la lutte des pauvres contre les riches qui les exploitent ? Si, par exemple, nous regardons attentivement les listes de publications, pendant la deuxième guerre mondiale, nous pouvons observer que quelques-uns de nos plus célèbres écrivains ont continué, grâce a leur stricte neutralité (!), à publier leurs romans et leurs poèmes pendant l´occupation. Par contre nombre de ceux qui choisirent l´engagement de la Résistance furent déportés ou fusillés et ceux qui survécurent furent souvent oubliés.
Alors, pourquoi un écrivain, sans aucun pouvoir pour changer le cours de l´histoire, devrait prendre des risques inutiles ? L´engagement politique ne peut lui apporter que des ennuis et comme dit Jean L´Anselme “Un poème n´empêche pas les bombes de tomber”. L´intelligence et l´instinct de conservation invitent donc le poète, dans ces fâcheuses circonstances, à la prudence de l´apolitisme. Un poème engagé n´empêchera pas la guerre du pétrole, ni la famine en Afrique, ni ouvrira les portes de Guantanamo et celles de Tijuana. Un poème n´empêchera pas les riches de s´enrichir et les pauvres de souffrir. Un poème n´est qu´une feuille qui tombe dans la forêt en automne. Et pourtant, comment peut-on se croire un vrai poète et vivre sans lutter pour la vérité ?

08 décembre 2008

Le poète qui vous parle...de lui-même
























Mon fils insiste pour que je parle de ma propre vie de poète. C´est toujours dangereux de demander á un artiste, quel qu´il soit, de parler de lui-même car tous les créateurs ont un Ego surdimensionné. D´ailleurs, sans être nécessairement poètes, beaucoup pensent - même certains énarques - que leur vie mérite une biographie détaillée ! Néanmoins j´admets, en toute modestie, que mon long parcours est très différent de celui de la plupart des gens de mon âge et surtout de celui des jeunes générations d´aujourd´hui. Le XXème siècle fut celui des idées extrêmes et de fabuleux progrès techniques. Progrès qui sont allés souvent trop vite pour être assimilés et maîtrisés par les hommes y compris par les plus éclairés du siècle. Jamais on avait vu ni même imaginé de tels bouleversements de la vie sociale des peuples. J´ai connu dans mon enfance, dans le Gers, les chars à boeufs et, aujourd´hui, à moins de 100 km, on y fabrique des éléments de fusées spatiales ! Pourtant si dans le Gers il y a maintenant l´eau courante, l´électricité et le téléphone, à quelques heures de vol de la France il y a encore des populations qui ne connaissent pas l´attelage ! J´ai eu l´occasion (le privilège ?..) de vivre dans trois continents et d´avoir connu les maisons en terre sans eau et sans électricité et les hôtels cinq étoiles. J´ai connu la paillasse d´un camp de concentration et de bons lits douillets. J´ai travaillé en usine, avec mes mains, et j´ai dirigé des chantiers avec des dizaines d´ouvriers. J´ai vécu des hauts et souvent des bas. Ma seule constante fut toujours mon amour pour l´art et la poésie. J´ai connu le bonheur !

06 décembre 2008

“La poésie du subconscient ” André Breton (1896-1966)

Le seul mot de liberté est tout ce qui m´exalte encore. Je le crois propre à entretenir, indéfiniment, le vieux fanatisme humain. Il répond sans doute à ma seule aspiration légitime.
(Premier manifeste du surréalisme - 1924-)

Note : C´est quand André Breton exaltait la liberté qu´il était le plus sincère. Quand il prend la suite de la révolte dadaïste et il la codifie sous le titre de “surréalisme”il enrichit la culture française d´un mouvement qui fera le tour du monde et qui attirera, dans un premier temps, tous les créateurs de talents de France. C´est précisément l´esprit de liberté totale et créative de l´art et de la poésie qui lui donne sont essor. L´ignoble bourgeoisie française, engluée dans le sang de la guerre 14-18, n´a plus de valeurs morales crédibles à proposer. Dada combat énergiquement, dès 1916, les conventions sociales bourgeoises par la provocation poétique. Les premiers surréalistes, en bons Français rationalistes, légifèrent la révolte dadaïste par des Manifestes qui, selon l´opportunité et les circonstances, s´approchent ou s´éloignent du parti communiste. Ces règles internes fluctuantes, quelque peu arbitraires et souvent imposées par André Breton, chassent, peu à peu, les premiers et plus créatifs adhérents du mouvement. La deuxième guerre mondiale, avec l´exil de Breton et l´engagement dans la Résistance de certains poètes du groupe parachèvent le déclin de la “révolution surréaliste”.

01 décembre 2008

Si vous n´avez rien à dire

Si vous n´avez rien à dire
pas de crayon pas de papier
pas de conscience sociale
et pas la moindre idée

si vous n´avez pas de souvenirs
de cigales de genêt ni de terre labouré
si vous n´avez jamais eu la peur
de perdre votre emploi mal payé

alors

avec habilité et persévérance
et quelques relations bien placées
vous pouvez devenir académicien
ou encore et pourquoi pas
menteur des quatre chemins
comme nos élus et leurs avocats
pourvu, trou du c... que ce soit du bon français...

27 novembre 2008

Boileau (Nicolas dit Boileau-Despréaux) (1636 -1711)

Notre siècle est fertile en sots admirateurs ;
et, sans ceux que fournit la ville et la province,
il en est chez le duc, il en est chez le prince.
L´ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
de tout temps rencontré de zélés partisans ;
et pour finir enfin par un trait de satyre,
un sot trouve toujours un plus sot qui l´admire.
(L´art poétique - Extrait du Chant Premier)

Note : Drôle de bonhomme ce Boileau. Il alterne les satires, qui lui attirent des ennemis, avec des épitres qui ne lui apportent pas tellement d´amis. Malgré une certaine renommée et l´amitié de Racine, personne ne voulait de lui à l´Académie. C´est Louis XIV, qui souhaite que Racine et Boileau écrivent son histoire, qui fait pression sur les académiciens pour qu´ils l´admettent dans leur institution. Mais plus tard, suite a une satire anticléricale contre les théologiens “casuistes” (qu´on appelle en langage moderne : les curés faux-culs) le Roi le censure et accélère sa déchéance. Classique, puriste de la langue française, plutôt réactionnaire et guère clairvoyant, Boileau, démontre, une fois de plus, qu´il est toujours préférable, pour le poète, d´ être un sot louangeur qu´un homme sincère. On devrait écrire sur la couverture des livres : La vérité tue !
Fort heureusement pour la France, l´Académie de Lettres, qui reste une garantie pour la continuité de notre belle langue, n´ admet, encore aujourd´hui, dans son prestigieux dortoir, que les bons amis du Roi.

25 novembre 2008

Le poète qui vous parle...de son blog

Nous avons eu plus de 6.500 visites sur notre blog poétique. Les visiteurs viennent de nombreux pays non francophones d´Amérique et même d´Asie ou du centre du Sahara. Qui sont ces amis anonymes de la poésie ? Comment trouvent-ils mon blog parmi des millions de propositions du monde entier ?
Ayant, depuis 1991, publié mes poèmes et mes traductions dans des cahiers et des plaquettes - allant de 12 à 400 exemplaires - que j´ai offerts à mes amis. Et ayant aussi publié quelques centaines de poèmes traduits de l´espagnol et du portugais dans des revues, françaises et belges, au tirage plutôt confidentiel, le chiffre de 6.500 - même s´il contient nos propres consultations et quelques répétitions - est un résultat, pour un blog spécialisé dans la poésie, plutôt surprenant et encourageant.
Même les poètes contemporains les plus connus s´accommodent, en général, de tirages de 500 exemplaires qui ne circulent que dans un cercle géographique très restreint. N´ayant aucune répercussion dans les journaux et la télévision, ces livres sont très vite oubliés y compris par ceux qui les écrivent.
Un poète guatemaltèque, Augusto Monterroso, disait avec beaucoup d´humour : “Poète, n´offre pas tes livres : détruis-les toi-même”. C´est tellement devenu une habitude, pour les poètes, d´offrir leurs livres de poésie dédicacés qu´ils n´imaginent même plus de les vendre. On peut affirmer, en toute objectivité, que la poésie est - sans le vouloir - la plus forte manifestation intellectuelle de résistance à la société de consommation..

18 novembre 2008

Le poète qui vous parle...de MADI



Carmelo Arden Quin
Fenêtres
1948
































Kosice Gota Gota de agua
1970





J´ai connu en 1952, à Buenos Aires, le peintre uruguayen Carmelo Arden Quin lors d´une réunion, dans un café du centre ville, du groupe “poesía buenos aires”. C´est la première fois que j´ai entendu parler de Madi. Carmelo étant parti vivre à Paris dès 1953, ce n´est que trois ans plus tard que je le rencontrais à nouveau dans son atelier de Montparnasse et aussi dans l´atelier d´ébénisterie de sa femme avec son compatriote Volf Roitman. Je n´avais alors jamais entendu parler de
Gyula Kosice qui est, selon les uns, le co-créateur de Madi et, selon les autres, l´inventeur de ce mouvement.
Madi est, d´après les partisans de Carmelo Arden Quin, une contraction de “matérialisme dialectique”, mais selon Gyula Kosice, qui est resté en Argentine pendant la chasse aux “communistes”, ce nom viendrait de “Madrid”. Etant donné que ce mouvement s´inspire des recherches des concrétistes russes, du Bauhaus et quelque peu de Schwitters et de Mondrian on peut se demander que vient faire Madrid dans ce contexte !
Gyula Kosice, surtout connu pour ses sculptures “d´eau” (d´ingénieuse fontaines transparentes) je ne l´ai rencontré que vers la fin des années 80. Je suis allé le voir dans son atelier, pour obtenir de la documentation pour une thèse et lui acheter un petit dessin pour offrir. C´était la veille d´une fête et son apprenti, un très jeune garçon, lui demanda s´il pouvait lui donner une petite avance pour le week end. Il lui refusa sous prétexte du manque d´argent. Je venais de lui laisser plus de 200 dollars ! Depuis je crois plus à Carmelo Arden Quin qu´à Kosice.

07 novembre 2008

Fray Luis de Leon (1527-1591)

















- Dieu sans doute a inspiré à l´esprit des hommes la poésie pour que son mouvement et son souffle les élèvent au ciel, d´où elle procède, car poésie n´est rien d´autre qu´une communication du souffle céleste.

Note : Ce fin et délicat poète et professeur renommé de l´Université de Salamanca fut emprisonné, pendant cinq ans (1572-1576), par l´inquisition pour une malencontreuse traduction du “Cantique des cantiques” en espagnol. Les inquisiteurs, fanatiques et bornés, n´avaient pas encore compris qu´ils entraient dans la Renaissance ! Même, bien plus tard, dû à l´emprise de l´Eglise sur l´Etat et jusqu´à la mort de Franco, l´Espagne eut beaucoup de mal à sortir du Moyen Age.

Fort heureusement le vent de la modernité circule, dans la décennie de 1920, et arrive jusqu´en Espagne. L´influence de l´avant-garde européenne ainsi que la parenthèse de la République donna naissance à toute une génération de très grands poètes dont Federico García Lorca (1898-1936), Luís Cernuda (1902-1963), Rafael Alberti (1902-1999), Miguel Hernández (1910-1942), Antonio Machado (1875-1939) et bien d´autres. Tous payèrent très cher leur talent et leur audace. Certains y laissèrent la vie ; les autres n´eurent pas d´autre choix que l´exil. Leur vie et leurs oeuvres mériteraient d´être mieux connues car ils sont aussi un bel exemple de dignité, de courage et de conscience politique.
De tous ces immenses poètes je n´ai connu que Rafael Alberti. Il venait en vacance à Antibes pour rencontrer Picasso, mais c´est une autre histoire.

04 novembre 2008

Ce n'est pas facile














Ce n'est jamais facile
quand on est une sardine;
comment éviter la routine
au milieu de la ville?

30 octobre 2008

Le poète qui vous parle...de rencontres parisiennes





Carmelo Arden Quin - Collage - 1958

Photo : Patricia Avena



Quand on s´installe, pour la première fois, dans une grande ville il est utile de connaître quelqu´un de proche. Même les bêtes sauvages ne s´aventurent pas, seules, dans une jungle inconnue. Les grandes migrations se font toujours en groupe. Quand je suis arrivé à Paris, en 1956, je suis allé voir le cousin Maurice, ancien chef de la gare d’Austerlitz. Il vivait dans un confortable appartement avec salle de bain (50% des logements de Paris n´en avaient pas !). C´est également ce cousin qui, inquiet pour mon avenir, invita à déjeuner un polytechnicien, directeur d´un institut de recherche sur les tuileries, pour m´aider à trouver un travail dans ma spécialité : les machines pour la céramique. Ce polytechnicien ne fit absolument rien...Par contre par petites annonces j´ai trouvé, la même semaine, une demi-douzaine d´emplois de dessinateur !
De temps à autre j´allais voir l´adorable cousine Yvonne, métro Argentine, qui me faisait de gros steak de viande de cheval. Sa fille Christiane me fit découvrir Brassens, le plus émouvant poète de Paris.
Puis je suis allé voir l´Uruguayen Carmelo Arden Quin, le créateur du mouvement Madi, que j´avais connu à Buenos Aires. Il avait un lumineux atelier d´artiste, avec de grandes baies vitrées, face à un cimetière. Il m´a gentiment accueilli. Il travaillait sur des collages abstraits, faits avec des bouts rectangulaires de papier peint.
Le poète Madi, Volf Roitman travaillait, au noir, comme comptable dans un atelier de restauration de meubles. Il me montra le manuscrit d´une pièce de théâtre en français. La poésie Madi devenait parisienne !

25 octobre 2008

Le poète qui vous parle...de la Suède














Un Suédois n´oserait jamais écrire sur un sujet qui n´est pas celui de sa spécialité. D´ailleurs rien n´est plus ennuyeux au monde qu´une réunion de Suédois quand ils sont sobres. Si on est poli ont ne parle pas de religion, de politique ni de son métier ; on ne parle pas non plus de ses problèmes personnels. Que reste-t-il comme sujet de conversation ? Le temps et les vacances à Palma de Majorque. Comme très vite la conversation est épuisée et on ne sait pas quoi faire, on boit. On boit beaucoup et n´importe quoi ! Donc la seule fois où, en Suède, un écrivain, Arvid Rundberg, m´a invité à connaître les lieux de rencontres des intellectuels de Stockholm, ce fut une tournée dans tous les bistros chics de la ville. On commença par Operabaren, si cher à August Strindberg et on continua dans un célèbre café de la vieille ville que fréquentait le non moins célèbre poète Carl Michael Bellman. Plusieurs autres cafés furent visités et dans chacun, après avoir salué les écrivains et les poètes attablés, nous buvions. Moi de la bière, eux des alcools plus forts. Vers minuit j´ai déclaré forfait, j´avait connu en moins de trois heures un nombre impressionnant de gens célèbres, mais ma tête tournait et j´avait du mal à marcher droit. Quand je suis rentré chez moi et que j´ai voulu me coucher ce fut le lit qui se mit à tourner. Quand j´ai voulu me lever pour aller à la toilette, je me suis évanoui ! Arvid lui retourna chez lui trois jours plus tard !
Pour être artiste ou écrivain connu en Suède il faut pouvoir ingurgiter des litres d´alcool tout en gardant sa dignité et son équilibre. Ceci remplace la conversation.

19 octobre 2008

Pourquoi?

Pourquoi ne pas donner des ailes
aux éléphants roses
et aux hippopotames verts?...

Pourquoi ce sont toujours les mêmes
qui décident qui causent
et qui pensent à l'envers?...

Si Dieu a donné des ailes
aux poissons
aux éphémères
et même à Cupidon;

pourquoi ne donnerait-il pas
des ailes aux hommes d'affaires
et aux cochons?...

17 octobre 2008

Le poète qui vous parle...de Marseille

Quand à Paris on revendique nos origines marseillaises ça fait rire les gens. Sans le vouloir on devient Fernandel (l´acteur qui fit de son accent son fond de commerce). On peut même se demander si la Provence appartient, culturellement, à la France ! La mer ouverte à l´Orient, les collines arides, la luminosité du ciel et les flux migratoires ont façonné une culture plus greco-romaine que germanique. Je suis né à Marseille mais je n´y ai vécu que deux ans, pourtant, malgré mes origines italo-gasconnes, je n´ai perdu ni l´accent ni le souvenir des parfums qui embaumaient l´air des pinèdes de mon enfance. L´odeur du thym, du romarin, du genêt et de la résine des pins avec pour bruit de fond le chant des cigales sont profondément incrustés dans ma sensibilité et mes sentiments. Poète, ça reste mon point de référence. Tout est plus plat, plus humide, plus froid, plus gris par rapport à mes toutes premières sensations provençales. Pour moi Marseille c´est l´été. Pourtant quand souffle le Mistral et quand les bassins d´eau gèlent et les près sont givrés, boudiou ! qu´il fait froid à Marseille. Avant la 2éme guerre mondiale les maisons, même bourgeoises, ne connaissaient pas le chauffage central. Le soir on se réunissait autour de la cuisinière et dans le lit on se couchait avec une bouillotte. On se lavait en entier une fois par semaine, le samedi ! Mais quand personne ne se lave on sent moins les mauvaises odeurs. N´est-ce pas ?.
La poésie provençale, en français ou en occitan, est comme le chant des cigales. Les muses dansent toutes nues dans les pinèdes de mon enfance.

14 octobre 2008

Cervantes (y Saavedra / Miguel de) (1547-1616)

- Le poète naît ; c´est-à-dire que du ventre de sa mère, le poète de nature sort poète (...). J´ajoute encore que le poète de nature qui s´aidera de l´art sera bien supérieur à celui qui veut être poète uniquement parce qu´il connaît l´art.

Note : L´auteur, jamais dépassé, du roman poétique et burlesque d´aventures nous dit qu´on naît poète ; l´éducation n´y est pour rien. Je pense que c´est toujours vrai : tous les doctorats du monde ne font pas d´un grand intellectuel un grand poète. Par contre, aujourd´hui, plus qu´hier, il est difficile de devenir un grand poète en ignorant ce qui nous précède en poésie. Et plus nous pénétrons en profondeur ce domaine mieux nous mesurons l´étendue de notre ignorance.

Il nous faut, pour commencer, connaître parfaitement plusieurs langues, mais pour connaître toutes les finesses d´un idiome il faut l´avoir vécu ; donc savoir s´exiler ; la vérité est toujours ailleurs. Mais pour comprendre vraiment d´autres sensibilités poétiques il faut aussi apprendre à partager le bon et le mauvais d´autres cultures. C´est ainsi qu´on commence à comprendre l´impossibilité de transmettre l´ensemble des sensations d´un poème hors de son contexte. Traduire les mots avec un dictionnaire n´a plus de sens. En poésie c´est l´esprit des mots qu´on doit saisir et transmettre. C´est donc une tâche surhumaine. Le bon traducteur de poésie doit devenir un frère jumeau du poète qu´il traduit, et même ainsi il n´exprimera que des sentiments faussés.

07 octobre 2008

Le poète qui vous parle...de Dieu
















Un jour, dans une petite chapelle, au milieu de la campagne, Dieu m´apparut et il me dit :
- Je te sais peu croyant mais pour toi je vais faire un miracle. Fais un voeu et demande-moi de l´accomplir, ainsi je te démontrerai non seulement mon existence mais aussi mon infini pouvoir sur la terre.
- D´accord, voici mon voeu : “Je souhaite qu´il n´y ait plus de pauvres dans le monde”.
Un an plus tard toute la terre ressemblait à la ville de New York, encombrée de gratte-ciel, de voitures puantes et de millions de personnes qui courraient dans tous les sens et s´agitaient dans des tâches répétitives et abrutissantes dans d´immenses ateliers et dans des bureaux sinistres. Le monde était devenu un enfer.
Alors, m´apercevant de mon erreur, je retournai à la chapelle dans l´espoir de revoir Dieu et de pouvoir lui demander de rectifier mon souhait. Il apparut.
- Alors, maintenant crois-tu en moi ?
- Je crois, je crois certes, mais j´ai mal mesuré les conséquences de mon souhait. Je voudrais le rectifier quelque peu. Je désire un monde où il n´y ait plus de pauvres mais qui soit un monde heureux, décontracté, solidaire, respectueux de la nature. Je ne sais pas très bien comment l´exprimer en une idée cohérente !
Alors Dieu se gratta le crâne et il me dit :
- Mon fils, je ne suis que le créateur du monde animal et végétal. Les hommes, eux, se sont faits tout seul, par évolution. Leurs travers me dépassent. Salut et bonne chance !...Que Dieu te bénisse !

04 octobre 2008

Peire D´Auvergne

(Troubadour du milieu du XIIe siècle)

- Je veux chanter de telle sorte que mon chant ne ressemble pas au chant d´autrui, car jamais chant ne fut valable ni bon qui ressemblât à la chanson d´un autre,

Note : Dans un premier temps je n´ai rien trouvé sur ce poète. Il n´est même pas cité dans “L´Anthologie de la poésie occitane” de André Berry. Probablement trop effronté et critique sur la poésie de son époque, il a été écarté par les poètes académiques d´aujourd´hui . J´ai finalement trouvé sa biographie dans le Dictionnaire universel des Lettres dirigé par Pierre Clarac, publié en 1961. Il était jongleur de profession !!! Encore, à notre époque, la plupart des poètes jonglent pour boucler leurs fins de mois. La poésie ne se vend pas et les éditions de livres sont souvent à compte d´auteur.

Quelque peu vagabond et sans le sous, Peire D´Auvergne arriva quand même à être considéré comme un grand maître de poésie par Dante lui-même. Très exigeant envers sa poésie et celle des autres, ce poète n´aurait, au XXIème siècle, même pas le droit de jongler à la télévision. D´ailleurs les poètes n´ont plus droit à rien ! Surtout pas à critiquer quoi que ce soit...

Imaginez un instant qu´un célèbre écrivain contemporain déclare publiquement: “Jamais un livre est bon quand il ressemble à celui d´un autre !”. Il ne trouverait plus un seul éditeur sérieux pour le publier. Si un livre quelque peu différent arrive sur la table d´un grand éditeur, c´est certain que, après correction par le directeur de marketing, il ressemblera à tous les autres.

30 septembre 2008

Moi aussi j’ai peur !…







Foto : Emi Baron






J’ai honte de dire
Mais quand je les vois
en bande
sales
maigres
Les yeux enfoncés
Le regard hagard
Errant comme des chiens
abandonnés
oubliés
repoussés
Par des gens sérieux
Qui croient à la famille
Et qui croient en Dieu
fermer le cœur
fermer les yeux
Et changer de trottoir
Pour ne pas les rencontrer
par peur
du loup
et pourtant
ce ne sont que des enfants
des enfants des rues
affamés
abandonnés
oubliés
De notre belle civilisation
De super super-marchés

29 septembre 2008

Horace (-65 | -8) “Art poétique”

- Un poète n´a pas le droit d´être médiocre ; ce droit lui est refusé par le public et les dieux...

Note : Horace, fut un intellectuels qui commença sa carrière comme soldat et ami d´un meurtrier, Brutus, et qui, ayant échoué à la guerre, se convertit à la poésie bucolique et à l´écologie rurale. Bien que Mécène (comme le nom l´indique) lui offrit une villa à la campagne, je ne sais pas de quoi il vivait. Il prêchait la simplicité, c´est-à-dire qu´il ne devait pas avoir de gros moyens. Il est néanmoins considéré comme l´un des plus grands noms de la poésie latine. Comme quoi la poésie a du bon.
Je suis toujours perplexe quand je lis les biographies d´artistes ou de poètes : “Il vivait, à Paris, une vie de débauche ; il partit faire un voyage d´un an dans les îles du Pacifique ; il s´établit à Bruxelles mais ne s´y plaisant pas il alla passer quelques mois à Londres ; il parcourut toute l´Italie en faisant des croquis ; etc.”. De quoi vivaient donc tous ces gens ? Pendant toute ma vie professionnelle en Europe j´ai dû faire des économies, toute l´année, pour pouvoir partir deux semaines à Palma de Majorque ! J´ai toujours rêvé de pouvoir m´arrêter de travailler un an, afin de m´occuper, à plein temps, d´art et de poésie. Je n´ai jamais réussi. Dans les périodes de chômage je m´épuisais dans la tâche de la recherche d´un nouvel emploi. Pendant toute ma jeunesse je n´ai jamais pu mettre de côté plus d´un mois de salaire. Il a fallu que je prenne ma retraite pour accomplir mon rêve ! La (bonne) vie, pour moi, commence à 60 ans !

27 septembre 2008

Le poète qui vous parle...de Costa de Araujo

















Costa de Araujo est un village du bout du monde quelque part en Argentine, à quelques dizaines de kilomètres de la Cordillère des Andes. C´est là, au bord du désert, où le principal fleuve de la province de Mendoza s´épuise et devient un ruisseau, que mon grand-père Avena acheta, au début du XXème siècle, un triangle de 120 hectares de terre sablonneuse et couverte d´une croûte de salpêtre pour y planter de la vigne. Il fallut creuser un canal, avec quelques voisins, pour apporter l´eau du fleuve et des kilomètres de rigoles pour arroser les plantations. Tout à force de bras et de courage.
Cinquante ans plus tard le village avait une seule rue, en terre, et quelques maisons rustiques dont une église sans curé, plusieurs bistros-épiceries-quincailleries, un maréchal-ferrant et un local où, une fois par semaine, venait un dentiste arracher des dents. A cheval il fallait, de la ville de Mendoza, une journée pour y arriver.
Aujourd´hui Costa de Araujo a quelques maisons de plus et le bistro sert du whisky, mais ça reste un village
du bout du monde. C´est pourtant là que mon grand-père piémontais fit fortune en produisant du bon vin. Quand il se considéra suffisamment riche, il confia la propriété aux deux fils aînés et alla s´installer à Marseille avec sa femme et trois de ses enfants, dont mon père. Il acheta, à Saint-Antoine une propriété sur une colline et des maisons pour la location et il vécut de ses rentes.
Ma mère, elle, vivait alors sur la colline d´en face.
Maintenant la propriété de mes grands-parents, “l´Américaine”, est une petite ville d´HLM !

21 septembre 2008

Le poète qui vous parle...de fatigue

Je suis aujourd´hui tellement fatigué que j´ai même la flemme d´écrire que je n´ai pas envie d´écrire. Il faudra que je reprenne ce texte après la sieste. Ce n´est pas la peine d´écrire pour ne rien dire. Les fidèles lecteurs de mon blog pourraient alors êtres déçus et ne plus revenir. Car un blog, comme un jardin, doit être entretenu pour ne pas dépérir. Il faut l´arroser et l´enrichir de nouvelles fleurs tout en évitant les mauvaises herbes qui pourraient les étouffer. Et à notre époque, riche en informations, on ne peut plus tricher en écrivant n´importe quoi, pour remplir du papier, comme le faisaient souvent, au XIXème siècle, les écrivains et les chroniqueurs qui étaient payés à la ligne. Maintenant le lecteur est exigeant. Il n´a pas de temps à perdre avec des divagations ou des descriptions qui n´en finissent plus. Le lecteur veut du concret, de l´action, du nouveau et de l´information objective et bien documentée. Un blog doit donner de façon alerte, dans un minimum d´espace, un maximum d´informations valables et insolites. Pas du blablabla ni du futile qui inondent les médias les plus vulgaires. Quand nous faisons un blog c´est pour transmettre, de façon très brève, des messages intéressants, différents, profonds ou légers mais toujours surprenants de nouveautés, de révélations étonnantes et d´érudition facilement assimilable. Un blog n´est pas une plate-forme politique ni une encyclopédie ni même un résumé de connaissances académiques. Un blog doit être vivant, lisible et attrayant de la première à la dernière ligne et ne doit pas dépasser les deux minutes de lecture. Voilà ! C´est fait...

17 septembre 2008

Pourquoi?

Pourquoi ne pas donner des ailes
aux éléphants roses
et aux hippopotames verts?...

Pourquoi ce sont toujours les mêmes
qui décident qui causent
et qui pensent à l'envers?...

Si Dieu a donné des ailes
aux poissons
aux éphémères
et même à Cupidon;

pourquoi ne donnerait-il pas
des ailes aux hommes d'affaires
et aux cochons?...

16 septembre 2008

Aristote (-384 \ -322)

“Art poétique”

- N´arrive-t-il pas que pour avoir exposé sous une forme versifiée un sujet de médecine ou de physique on soit couramment appelé poète ! Rien de commun cependant entre Homère et Empédocle, sauf la présence du vers.

Note : Nous savons tous que Homère est l´immense poète à qui on attribue L´Iliade et l´Odysée. Par contre on connaît moins le philosophe Empèdocle qui se serait opposé à la tyrannie de son époque et donc ses théories, exprimées en vers, lui valurent l´exil et peut-être même le suicide. J´ai lu, dans ma jeunesse, L´Iliade (en vers et en espagnol !). Par contre, je n´ai jamais rien lu d`Empédocle qui, comme Diogène, refusait ouvertement les conventions sociales et politiques de son époque. Ce n´est pas bon pour la carrière, d´être opposant.

Certains lecteurs ignorent, peut-être, que pendant des siècles de nombreux traités philosophiques et scientifiques étaient rédigés en vers. L´enseignement, faute de livres, consistait surtout à apprendre de mémoire les textes, et la versification facilitait cet apprentissage. Aristote étant, précepteur et ami d´Alexandre le Grand, ne devait pas être du genre contestataire et subversif (il enseignait la logique !). C´est ainsi qu´il peut affirmer, avec mépris, que Empédocle n´est pas poète. Néanmoins, Aristote, vers la fin de sa vie dut aussi s´exiler.
Ni la démocratie grecque, ni celle de nos pays modernes et avancés, n´a jamais favorisé la contestation.
Poètes, si vous voulez vivre tranquilles soyez flatteurs !

14 septembre 2008

Platon (-428 \ -348)

“La république”

- Les poètes créent des fantômes et non des réalités.

Note : Platon n´aimait pas les poètes. Bien qu´il fut gay, Platon s´est multiplié avec la fécondité des rats. C´est ainsi qu´il y a beaucoup plus de gens, aujourd´hui, qui méprisent la poésie que de gens qui l´admirent. Tous les admirateurs de l´ordre (« uniformés » ou pas !), tous les dessinateurs de lignes droites, tous les sacralisateurs de la rentabilité, tous les promoteurs de la vitesse, tous ceux qui ont la tête ramollie par la publicité et se disent apolitiques ainsi que tous ceux qui rêvent d´une maison ancienne à la campagne, d´un saule pleureur au bord d´un ruisseau d´eau claire et d´un prés couvert de coquelicots, de pâquerettes, de boutons d´or et qui disent ne pas aimer la poésie se fourvoient. Pauvres les malheureux qui n´ont jamais acheté une revue ou un livre de poésie ! Tous ces individus sont certainement plus à plaindre qu´à blâmer. Les plus nuisibles, les vrais ennemis de la poésie, ne sont pas toujours ceux qui l´ignorent mais ceux, hélas ! assez nombreux, qui croient que“la poésie” est un style littéraire fait de phrases bien alignées, rythmées et élégantes qui peuvent êtres dépecées et étudiées dans les universités et récitées dans les écoles. La poésie, la grande, la sublime, l´indispensable, est celle qui ne se laisse pas mettre en cage et en cases, et qui ne crée pas“des fantômes”, mais des images de la vraie vie : celles qui viennent du coeur ! La bonne poésie s´inspire du vécu, du vivant de tout ce qui palpite et qui transpire l´amour, la générosité, l´amitié et la révolte

30 août 2008

Le poète qui vous parle...de discipline

La discipline s´apprend dans la famille, à l´école, à l'armée, sur les lieux de travail. Au XXème siècle, ce sont les pays les plus disciplinés, les plus respectueux de l'ordre et de la hiérarchie, qui ont le plus vite progressé.
C´est ainsi qu'ils sont devenus des pays “modernes” ! C´est à dire avec une espérance de vie qui est passée, en France de 50 ans en 1910 à presque 80 ans aujourd´hui et un niveau de vie qui s´est amélioré tout en travaillant moins. Les peuples les plus disciplinés ont gagné le confort (l´eau courante, l'électricité, le chauffage central, la salle de bains, la voiture, la TV...) et le valium.
Néanmoins il y a toujours des gens envieux et indisciplinés (souvent des anarchistes, des artistes incompris ou des SDF sans papiers) pour dire que les seuls qui ont su profiter du progrès technique ce sont les blancs. Alors comment expliquer qu'un pays de blancs, comme l'URSS, qui vivait dans un système dont on dénonçait la rigidité, manquait néanmoins de tout ? Les allemands, qui avaient une bonne renommée de discipline, malgré l'inflation et le chômage ont su inventer, à la même époque, de performants camps d´extermination pour tous ceux qui n´avaient pas du bon sang aryen dans les veines, c´est à dire l´ensemble de l'humanité sauf quelques privilégiés de la race supérieure. Les artistes modernes, les poètes contestataires, généralement peu respectueux de la discipline nazie, furent accusés de faire de l´art “dégénéré”et on les enferma dans ces camps avec les fous, les homosexuels et, bien sûr, les juifs et les communistes. Depuis, malgré le confort moderne, les crimes contre l'humanité continuent.

27 août 2008

Retour au passé

De temps à autre, en fouillant dans mes vieux papiers, je trouve des poèmes et des contes que j´ai écrits, il y a une cinquantaine d´annés, en espagnol. Je les trouve plutôt mauvais, mais je pense que certains pourraient être retravaillés et traduits en français. De ces textes je déduits néanmoins deux choses : 1) Qu´il y a cinquante ans, avec moins de connaissances, d´expérience et de culture j´avais les mêmes options politiques de gauche et les mêmes espoirs humanistes de progrès social. 2) Que je n´ai pas trouvé le temps ou l´envie pour reprendre ces textes “historiques” de ma période argentine et suédoise. Soit 27 ans de ma vie !

Je peux donc affirmer que j´ai été pendant toute ma vie d´adulte fidèle à une idée généreuse qui m´a rapporté parfois de légers ennuis professionnels mais qui, par contre, m´a fait connaître de merveilleux amis.

J´ai eu néanmoins de longues périodes où, pour des raisons “professionnelles”, j´ai abandonné la poésie. Elle était incompatible avec mon métier d´ingénieur. Bien que j´aie toujours eu plus de respect pour le savoir faire des ouvriers de l'atelier que pour celui, parfois ambigu, des cols blancs, je devais garder, quand j´étais sur les chantiers, ma dignité de cadre technique pour ne pas perdre ma place. Ni les patrons ni les ouvriers auraient compris que j´écrive et que je publie de la poésie ! La poésie est tout le contraire de la rigueur technique : la poésie pose beaucoup trop de questions sans réponses !

19 août 2008

On nous parle de la misère

On nous parle de la mort
et parfois de l'histoire
de la misère et de la faim
dans nos villes et campagnes.

On nous parle d'armées prolétaires
sans Dieu et sans Gloire
marchant au petit matin
dans la boue du chemin
vers l'usine ou la mine.

On nous parle de regards lointains
de femmes, d'enfants, de pain
sordides histoires de terre
de gros sous, de bras et de mains,
de banquiers et de propriétaires
de progrès et de lumière.

On nous parle d'un passé ouvrier
d'exploitation et de guerres
comme une image effacée
par une société moderne et solidaire.

Mais je me promène dans les rues
et je vois chaque jour
toujours autant de chômage et de misère.

10 août 2008

Quand on ne s’arrête pas…

Quand le soleil tombe
sur les tuiles
fumantes
des dernières maisons
et on ne s’arrête pas

Quand la nuit tombe
sur les tuiles
béantes
des maisons visées
et on ne s’arrête pas

Quand l’aurore s’éveille
sur les fenêtres
brisées
par les dommages collatéraux
et on ne s’arrête pas

Quand le jour se lève
et on ramasse les cadavres
d’enfants
les combattants n’étant plus là
et on ne s’arrête pas

Tous vos beaux discours sont
fumants béants brisés
et les enfants morts
vous montrent du doigt
quand ça ne s’arrête pas

06 août 2008

Pablo Neruda

















Illustration : Carpani


Pablo Neruda (1904-1973)
- Je veux qu´à la sortie des usines et des mines
ma poésie adhère à la terre,
à l´air, à la victoire de l´homme maltraité.

Note : Cher Pablo, toi qui a tellement bourlingué et rencontré du monde ; toi qui confesses avoir vécu ; toi qui n´as jamais trahi ni les hommes modestes ni la poésie ni ton rêve et qui es mort de tristesse, dans ton île, en apprenant le viol de ton beau pays démocratique par des bêtes lobotomisées, encouragées et même formées par des plus sauvages, des plus puissants, idéologues du bien version bombes de napalm sur les enfants, version défoliants toxiques sur les paysans, version haine de la résistance des plus pauvres, version répression là où le peuple se battait contre l´exploitation de l´homme par l´homme, pour plus de dignité, pour le pain et l´éducation de leurs enfants, pour un monde plus juste sans même avoir lu (certains d´ailleurs ne savait pas lire) une ligne de Karl Marx, et la prison, la torture, la terreur, les disparitions, l´exil des plus chanceux pour combattre les gens honnêtes, pour détruire la vie des soi-disant “subversifs” professeurs, étudiants, poètes, syndicalistes, jusqu´alors respectueux de leurs lois et de leur constitution, et pourtant, oui, et pourtant il était facile de constater que la violence institutionnelle contre le peuple ne favorisait guère leur adhésion ni même leur compréhension du système du libre commerce et des “lois du marché”. Oui Pablo, tu avais raison de te battre pour la poésie et la justice. Ton nom est toujours vivant !

03 août 2008

La main et l´outil

“La main et l´outil”- Le développement du tiers-monde et l´Europe par Edgar Pisani - Ed. Robert Laffont (1987)
- Donnons une image de ce que nous avons connu en France. En 1947, en Haute-Loire où j´arrivais comme jeune préfet, plus de la moitié des fermes avaient un sol en terre battue dans la salle commune ; à peu près autant de maisons avaient la chambre au-dessus de l´étable pour avoir chaud. Un pourcentage très élevé de hameaux étaient enclavés, sans électricité.
Note : Beaucoup de Français ont connu, il y a à peine un demi-siècle, une vie plus rude et plus rustique que celle d´aujourd´hui. C´est certainement inutile de poser la question s´ils étaient plus ou moins heureux que nous, car le bonheur est une notion toujours très relative et abstraite. Je crois même que, à un certain stade d´abondance, plus les gens sont riches moins ils sont heureux. Dépassée la satisfaction des besoins essentiels
il n´y a plus de limite à l´ambition. A quoi peut bien servir d´accumuler des millions d´euros qu´on ne peut pas dépenser faute de temps, d´imagination et de culture ? Le pouvoir ?... Est-ce qu´on peut gagner l´amour, l´affection de nos proches, des amis sincères avec le pouvoir ? Est-ce que, posséder un plus grand palais, une voiture plus puissante, un yacht plus luxueux et même un hélicoptère rend plus heureux l´exploiteur, le spéculateur, le prédateur qui se cache inévitablement dans le coeur de chaque millionnaire ?

02 août 2008

Les pensées sans arrières pensées d´un vieux poète














“Le mythe du développement” sous la direction de Cándido Méndez - Ed. Le Seuil/Esprit (1977)

Réflexion de Cornelius Castoriadis
:
- “Dans le pays d´où je viens, la génération de mes grands-pères n´avait jamais entendu parler de planification à long terme, d´externalités, de dérive des continents ou d´expansion de l´univers ; mais, encore pendant leur vieillesse, ils continuaient à planter des oliviers et des cyprès sans se poser de questions sur les coûts et les rendements. Ils savaient qu´ils auraient à mourir, et qu´il fallait laisser la terre en bon état pour ceux qui viendraient après eux, peut-être rien que pour la terre elle même.”

Note : Les vieux paysans européens, il y a moins de cent ans, plantaient des arbres qu´ils ne verraient jamais pousser. C´était un acte altruiste et civilisé. Mais ces mêmes hommes, par cupidité, détruisaient sans scrupule les forêts d´Afrique, d´Asie et d´Amérique. Là réside toute l´ambiguité de notre civilisation occidentale : Elle est capable du meilleur et du pire. Malheureusement pour l´humanité , elle a plus souvent utilisé tout son énorme potentiel technique et financier pour détruire que pour construire un avenir meilleurs. Lester Brown estime qu´avec 161 milliards de dollars par an “on peut sauver le monde”. C´est le tiers du budget militaire des Etats-Unis !!! Aujourd´hui il n´y a que des fous ou des poètes pour croire que le monde peut être sauvé du cataclysme.

29 juillet 2008

Les poètes rêvent

Les poètes rêvent d'un monde meilleur
où les poètes seraient riches
admirés et aimés.

Les poètes rêvent d'un monde
où leur poésie serait éditée
distribuée et même parfois achetée
par des lecteurs de poésie.

C'est le propre de la poésie de rêver...

Mais c'est le propre de la réalité
de nous rappeler le goût amer du profit.

L'argent c'est le contraire de la poésie...

20 juillet 2008

Les pensées sans arrières pensées de Yvan Avena














“Peau noire masques blancs” par Frantz Fanon - Ed. Du Seuil/ Point (1952)

- Nous avons dit (...) que l´homme était un “oui”. Nous ne cesserons de le répéter. Oui à la vie. Oui à l´amour. Oui à la générosité. Mais l´homme est aussi un “non”. Non au mépris de l´homme. Non à l´indignité de l´homme, à l´exploitation de l´homme, au meurtre de ce qu´il y a de plus humain dans l´homme : La liberté. (...)
- Je me découvre un jour dans le monde et je me reconnais un seul droit : Celui d´exiger de l´autre un comportement humain.

Note : Frantz Fanon, intellectuel français de couleur, a connu la prison et l´exil. Il est, avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, l´un des plus lucides analystes du racisme blanc et des potentialités humaines de la culture nègre. La lutte des noirs pour garder leur culture profonde et ancestrale est semblable à celle des poètes aujourd´hui. Les uns et les autres sont considérés, par les technocrates et les hommes d´affaires, comme inadaptés à la société “moderne” et porteur d´un message incompatible avec la rentabilité des entreprises. Les paysans africains disent oui à la générosité et à la fraternité et non à l´accumulation et à l´égoïsme individualiste. Les vrais poètes, conscients de leur fonction dans la société, disent la même chose : Oui à l´amour et non au mépris ! Les gens de couleur et les poètes engagés mènent le même combat.

17 juillet 2008

Marguerite Yourcenar (1903-1987)







“Fleuve profond, sombre rivière” - Gallimard 1966

- (...) La conscience humaine, qui d´ordinaire dort confortablement sur le double oreiller du conformisme et de l´inertie, avait décideur partout un de ces brefs réveils au XIXème siècle en ce qui concerne la condition du Noir : en 1818, la France de la Restauration avait définitivement aboli la traite des nègres, éliminée déjà par la Convention, mais rétablie par Napoléon.
(...) En 1863, Lincoln, soutenu par la majorité de l´opinion publique, entraîné lui-même par un mouvement qui emportait tout, avait proclamé l´abolition de l´esclavage. En décembre 1865, les Etats américains ratifièrent l´introduction du fameux treizième amendement dans la Constitution des Etats-Unis, quelques mois après la cessation des hostilités et l´assassinat de Lincoln. Les aspects légaux d´une vieille et énorme injustice prenait fin.
(...) Il n´y a pas de liberté sans égalité ; comme ni l´une ni l´autre sans le sentiment de la fraternité des êtres, peut-être vaut-il la peine de faire pour une fois l´éloge de la formule dont a usé et abusé la France républicaine, et qui (comme il arrive si souvent aux formules) ne paraît creuse que parce que jusqu´ici elle n´a guère été appliquée.

Note : Ces extraits d´une présentation de traductions de “Negro spirituals” par Marguerite Youcenar se passent de commentaires. Je pense que les Académiciens qui ont accepté son entrée à l´Académie ne devaient pas l´avoir lu!

13 juillet 2008

A CEUX QUI N’ONT RIEN INVENTE

















A ceux qui n’ont rien inventé
la roue
l’écrou
et le triple verrou
à ceux qui n’ont pas inventé
la poudre
la foudre
et la machine à coudre
à ceux qui n’ont pas inventé
le galion
l’avion
et la chair à canon
à ceux qui n’ont pas inventé
la priorité
la rentabilité
et la liberté des marchés
à ceux qui n’ont pas inventé
les horaire les honoraires
et leurs fidèles mercenaires
à ceux qui n’ont pas inventé
à ceux qui n’ont rien demandé
à ceux qui n’ont toujours rien
à ceux qui ont encore peur et faim.

(hommage à Frantz Fanon)

LES POEMES DU GEBA, Bissau 1991

12 juillet 2008

Les pensées sans arrières pensées d´un poète














Autogestion disait-on ! Ed. P.U.F./ Cahier de l´I.U.E.D. (Genève) - Ouvrage collectif (1988)

Jean-Marie Moeckli cite Albert Meister

- (...) Je veux croire qu´on cessera de parloter de culture et qu´on lira Albert Meister : “Aussi beaux soient-ils, les tableaux et les poèmes ou le graphisme gestuel de la danse ne constituent pas à eux seuls la culture. Il faut encore la fraternité, l´amitié. Et peut-être que les poèmes et toutes autres productions dites culturelles ne sont que des moyens pour arriver à aimer.”
L´action culturelle doit “permettre à chacun de construire sa propre culture, à partir de son propre vécu et selon des cheminements autonomes.”
“Je demeure un homme du siècle passé, incapable d´assumer la rationalité de notre société actuelle, et rebelle à la maîtrise et à la superbe de ses décideurs.”
Albert Meister récuse toutes les explications qui reposent uniquement sur l´héritage historique et collectif, sur le “retard” économico-social ou sur l´incapacité culturelle des populations (du tiers-monde).

Note : Meister pense même que le refus d´adaptation, des populations du tiers-monde, aux méthodes et aux buts de la “coopération” internationale est une forme de défense de leur autonomie. Souvent la culture des populations soit-disant “sous-développées” est plus profonde et plus ancienne que celle qu´apportent les experts et les conseillers techniques internationaux.

07 juillet 2008

Les pensées sans arrières pensées d´un ancien coopérant














Une Afrique en Marche” par Pierre Pradervand - Ed.Plon.
-”Comment parler de la richesse de l´Afrique sans mentionner la qualité unique de son hospitalité ? Pour le visiteur de passage, aussi fortuné soit-il, le plus pauvre parmi les pauvres donnera son dernier oeuf, tuera son dernier cabri ou l´unique mouton dans sa cour, lui laissera son seul lit, et lui donnera tout son temps...”.

Note : Je cite ce bref passage d´un livre d´un coopérant technique en Afrique. Un très beau livre qui dénonce certaines des absurdités de la coopération française et internationale. Malgré d´énormes moyens financiers et techniques, cette coopération a échoué. Et elle a échoué car elle n´a pas voulu prendre en considération la spécificité de la culture africaine : Elle est, traditionnellement, une société de don et de partage et non pas d´accumulation. La France - dont le budget de coopération était, dans les années 80, de 6,5 milliards de francs par ans (± 1 milliard d´euros) - n´a guère enrichi les paysans africains, par contre elle a apporté beaucoup de désordre et de faux besoins dans les villes.
Ce n´est guère mieux en France avec le gros budget de la culture. Il n´a servi qu´à employer une armée de fonctionnaires (15.000 !!!), à financer l´entretien des bâtiments historiques et à créer des musées. Par contre toute la création moderne, notre avenir, a été très peu soutenue. Doit-on conserver des structures d´Etat qui sont incapables d´assumer correctement leur mission ?

06 juillet 2008

L’humanité couleur pétrole
















Chaque fois que la haine
remplace la raison
chaque fois que la religion
développe la haine.

Chaque fois que les menaces
remplacent le dialogue
chaque fois que la violence
remplace le compromis

Chaque fois que les plus forts
écrasent les plus faibles
chaque fois qu’un peuple
devient l’otage de la faim.

C’est le prix à payer
me dit le pompiste
pour que vos voitures
roulent il faut des morts

Aujourd’hui la civilisation
a la couleur du pétrole
demain les morts
iront à pied
chez le pompiste

03 juillet 2008

David Mandessi Diop (1927-1961) Sénégal















Les vautours

En ce temps-là
A coups de gueule de civilisation
A coups d'eau bénite sur les fronts domestiqués
Les vautours construisaient à l'ombre de leurs serres
Le sanglant monument de l'ère tutélaire
En ce temps-là
Les rires agonisaient dans l'enfer métallique des routes
Et le rythme monotone des Pater-Noster
Couvrait les hurlements des plantations à profit
O le souvenir acide des baisers arrachés
Les promesses mutilées au choc des mitrailleuses
Hommes étranges qui n'étiez pas des hommes
Vous saviez tous les livres vous ne saviez pas l'amour
Et les mains qui fécondent le ventre de la terre
Les racines de nos mains profondes comme la révolte
Malgré vos chants d́orgueil au milieu des charniers
Les villages désolés l'Afrique écartelée
L'espoir vivait en nous comme une citadelle
Et les mines du Souaziland à la sueur lourde des usines d'Europe
Le printemps prendra chair sous nos pas de clarté.

(Coup de pilon - Ed. Présence Africaine 1956)

29 juin 2008

Le poète qui vous parle...de son chat































L´histoire de notre chat noir n´est peut-être pas ce qui peut passionner le plus les lecteurs de poésie de mon blog. Un chat est un chat. Mais Charlie n´est pas un chat sans histoire. Charlie est né sur le trottoir de notre maison, à l´abri des plantes d´agaves de la bordure. Comment a-t´il survécu les premiers mois, sous la pluie torrentielle de l´hivernage brésilien, c´est un mystère. Certainement sa mère, sauvage et méfiante, venait la nuit l´allaiter. Il est venu vers nous vers l´âge de trois mois. Mon épouse préférée qui rêvait d´avoir un chat, le prit dans ses bras et ils s´adoptèrent pour la vie.
Charlie qui est maintenant un membre important de la famille participe à toutes nos activités. C´est un chat extrêmement familier et sociable. Sociable mais aussi indépendant. De temps à autre il disparaît dans les plantes tropicales de notre jardin ou alors il grimpe, comme un singe, sur un arbre ou sur le mur qui clôture notre maison. Deux fois par semaine, quand vient le jardinier, il fait le tour de la propriété (200 m2 !) et souvent il est arrosé avec les plantes sans montrer la moindre gêne. Ça doit lui rappeler son enfance sous la pluie...
La nuit et quand nous nous absentons il dort sur un fauteuil de la véranda mais, parfois, il choisit un large récipient mexicain qu´il remplit de son corps souple. Je dis alors que Charlie est dans sa soupière. Dans la journée toute la maison lui appartient. Il change souvent de lieu de repos pour sa longue sieste. Quand il choisit un de nos lits il évite l´oreiller car il sait qu´il n´y pas droit,.seul le pied du lit est autorisé et il respecte les consignes !
Charlie, dit la pupuce, est un très brave chat.

22 juin 2008

Les pensées sans arrières pensées d´un ancien coopérant
















“La faillite du développement en Afrique et dans le tiers-monde” par Samir Amin - Ed. L´Harmattan

- “Une réalité sociale existe lorsque les individus en ont conscience et souhaitent l´exprimer. (...)
L´étude de la dimension culturelle du développement devrait être tentée à partir d´un second point de vue, celui des rapports entre culture et société. Trois problèmes majeurs peuvent être identifiés ici, la quête de l´identité, le rapport au travail et à la technique, et le problème des intellectuels, qui renvoient tout à l´interaction entre changement culturel et transformation économique (...).
Aujourd´hui, la crise des valeurs des sociétés africaines revêt un caractère dramatique (...)”.

Note : On pourrait ajouter : La crise des valeurs des sociétes occidentales capitalistes et chrétiennes revêt un caractère presque aussi dramatique car le système d´abondance et de gâchis - qui fut créé pour combattre le communisme soviétique -, n´est plus soutenable. Toute personne raisonnablement informée devrait “prendre conscience et souhaiter exprimer”son inquiétude sur la politique de nos dirigeants. Comment certains osent-ils encore parler de travailler plus et d´augmenter le PIB et la consommation tout en oubliant de nous signaler les limites et les dangers de la surexploitation des ressources naturelles ? Pourquoi nos plus “brillants” intellectuels
continuent à écrire, au bord du gouffre, sur les petits riens de leurs âmes, au lieux de se battre pour la vie ?

21 juin 2008

Histoire du capitalisme de 1500 à nos jours

par Michel Beaud - Ed. Point-Economie.


- “La loi Le Chapelier (1791) supprime les compagnonnages et interdit, pour les maîtres comme pour les ouvriers, de s´organiser, de se concerter et de “prendre des arrêtés ou délibération” (...), sur leurs prétendus intérêts communs (...). Tout attroupements composés d´artisans, d´ouvriers (...) ou excités par eux seront tenus pour attroupements séditieux”. Sa victoire contre la noblesse lui parraissant assurée, la bourgeoisie se garde déjà des classes laborieuses”.

Note : Nous rappelons que ce sont les “compagnons” qui ont construit, pendant des siècles, les cathédrales et les châteaux qui, encore aujourd´hui, éveillent l´admiration des visiteurs du monde entier. L´imagination, l´harmonie des espaces, la richesse des décors et les exploits techniques de ces constructions font de ces artisans/artistes des maîtres, jamais dépassés, de l´architecture somptueuse. Les bourgeois voyaient en eux trop de talent et d´intelligence organisés pour les faire travailler dans leurs usines. N´ayant plus besoin d´artisans très qualifiés pour leurs rustiques ateliers ils rabaissairent la main d´oeuvre, souvent d´origine paysanne, en prolétariat sans qualification, donc plus docile et plus facilement exploitable. C´est ainsi que sont nées les grandes fortunes en France et que de nombreuxs artistes et artisans d´art sont devenus des marginaux.
Les pensées sans arrières pensées de Yvan Avena



14 juin 2008

Aux poètes morts


















Les poètes
ne se sentent jamais seuls
dans leur tombe
ils peuvent enfin parler
sous terre les langues
poussière de soleil
poussière d’étoiles
avec Dante et Homère
avec Goethe et Hugo
avec Maïakovski et Vallejo
avec Whitman et Bellman
avec Aragon et Wang An Shih
avec Neruda et Alberti
sans oublier David M. Diop
et Césaire bien qu’il soit encore vivant
ils peuvent parler au vent
poussière de soleil
poussière d’étoiles
et aux poétesses de tous temps
Sappho, Al-Khansa’ et Edith Södergran
et surtout Gabriela et Alfonsina
Dans les vagues de l’océan.
La langue n’est plus un obstacle
quand on dort
d’une belle mort
et la poésie est universelle
quand la terre vous protège du temps
et vous n’êtes plus que
poussière de soleil
poussière d’étoiles.

13 juin 2008

Nénuphar
















Il regardait les nénuphars blancs
près d'un petit pont
dans l'eau noire d'un étang
c'était il y a très longtemps

12 juin 2008

La mer















La mer est souvent
bleue et salée
bleue comme tes yeux
salée comme les larmes
d'un putain d'été
il y a longtemps
mais je n'ai pas oublié.

11 juin 2008

“Del Paro al ocio” par Luis Racionero - Ed. Anagrama


















- “La façon de résoudre le conflit entre valeurs humanistes et besoins technologiques n´est pas de renoncer à la technologie, mais de rompre les barrières de la pensée dualiste qui empêchent de voir que la technologie est non pas une exploitation de la nature, mais une fusion de la nature et de la personne humaine.(...)
Les grands philosophes du capitalisme ne sont pas arrivés à comprendre que la machine est la collaboratrice de l´homme, la déesse qui sauvera l´homme des “sordidae artes”et du travail salarié, la déesse qui apportera le confort et la liberté”.

Note : Il n´y a pas de grand art sans liberté, mais il n´y pas d´art original sans loisirs. Les artistes créateurs sont des gens qui alternent avec la même passion le travail et la rêverie. Je ne connais pas de grands artistes à mi-temps. Je pense même que les métiers“gagne-pain” ont détruit plus d´oeuvres d´art que les guerres.
Les muses sont des dames très exigeantes et capricieuses, elle ne donnent leur souffle divin que de façon aléatoire et inattendue. Quand elles vous appellent il faut être disponible ; elle ne tolèrent pas le téléphone occupé. Demain ? Demain c´est trop tard.
Le jour où la machine sera au service de l´homme et que le travail nécessaire pour satisfaire les besoins essentiels sera de deux ou trois heures par jour, tout le monde sera artiste et poète.

08 juin 2008

Sans parti pris

Ni rouge ni vert
ni jaune ni mauve
ni carmin ni bleu
ni noir ni blanc

C'est la couleur de l'enfer
l'inconsistance de Dieu
et la menace du temps.

07 juin 2008

“Les transferts de technologie” - Par Jacques Perrin - Ed. La Découverte.

- “Le système d´informations et de représentations symboliques mis en oeuvre par les hommes, dans leur mémoire, pour produire, est en forte interaction avec celui qu´ils utilisent pour organiser leur mode de vie. Tout apprentissage technique est en même temps un apprentissage social. (...)
“La culture est la mémoire collective qui lie le passé d´un peuple à son présent et lui rappelle en quoi il est différent des autres” (Naraghi E.)”.

Note : Quel rapport avec l´art et la poésie ? Je signale, pour ceux qu´y l´ont oublié, que dans nos sociétés modernes capitalistes ce sont les gains de productivité dans l´agriculture et l´industrie qui ont permis le développement des arts profanes. Ce n´est que lorsque tous les besoins matériels sont satisfaits que, pour confirmer son statut, le bourgeois s´intéresse à la culture. L´art, comme au temps de la monarchie, sert également au prestige du roi...de la soupe en boîte. Savoir compter et accumuler de l´argent peut impressionner les pauvres, mais à un certain niveau de richesse, pour être admis parmi les vrais riches, il faut aussi une certain niveau de raffinement. Le bourgeois moderne doit au moins savoir que René Char n´est pas un fabricant de charrettes, que André Breton n´est pas un pêcheur de Concarneau et que Bacon ne se mange pas en tranches. La “culture” sert aussi à se différencier du travailleur et du nouveau riche.
Goiânia (février 2008)





06 juin 2008

“Gens de métier et révolution” par William H. Sewel

- “Dans le schéma de pensée chrétien, le travail est une marque de vilénie, la preuve est la punition du péché originel. Il n´était pas une activité ennoblissante (...).
-
L´art, par contre, était élévation et ennoblissement.
Dans la France de l´ancien régime, le terme d´”art” s´appliquait à un très grand champs d´activités humaines, et il était employé bien plus couramment dans le langage quotidien qu´il ne l´est aujourd´hui - non seulement à propos de la poésie, de l´architecture ou de la peinture, mais également à propos des arts mécaniques, de l´art de gouverner, de l´art militaire, etc. (...)
C´étaient ces arts et leurs règles qui élevaient l´homme au-dessus de la condition de demi-brute intelligente, arrachant stupidement sa subsistance à une terre ingrate et couvrant sa surface de sa progéniture (,,,).
Cette notion que l´honneur s´attachait à l´art et non au travail était un lieu commun sous l´ancien régime”.
Note : Nous trouvons dans ce texte plusieurs affirmations choquantes : le travail est un punition de Dieu, mais l´art, sous l´ancien régime, (même s´il s´agit de l´art de gouverner et de la guerre) est ennoblissant ! Par contre le paysan qui cultive sa terre (cette “demi-brute”!!!) ne sait faire que des enfants...
Notre monde a bien changé ! Les chômeurs cherchent un emploi, non seulement pour gagner un salaire, mais aussi pour la respectabilité. Le paysan est mécanisé et informatisé. Par contre l´artiste est aujourd´hui considéré comme un pauvre raté.

31 mai 2008

Le décorticage du vide














- D´aprés les théoriciens de la littérature ce qui est caché dans un texte est souvent plus explicite sur la personnalité de l´écrivain que ce qui est dit. C´est ainsi que certains écrivains médiocres, apolitiques, mais particulièrement malins et biens informés, cachent tellement bien le fait qu´ils n´ont rien à dire qu´ils deviennent d´intéressants sujets d´étude et de recherche pour les universités. Chaque année des centaines de savantes thèses universitaires sont publiées pour expliquer, avec beaucoup d´érudition, toutes les nuances et la profondeur du vide d´une littérature décadente en voie d´extinction. Vous souhaiteriez avoir des noms !... Vous ne regardez donc pas les programmes culturels de la télévision ?
Le vide de la banquise est peuplé de manchots et de phoques ; le vide de l´âme est peuplé de mots creux, vides de sens et politiquement corrects.
Le petit monde de l´art et de la littérature est le terrain de chasse de brillants intellectuels qui savent très bien se servir de l´arc, mais n´ont plus droit aux flèches. Les vrais critiques engagés ne sont plus autorisés dans la presse. Ça pourrait heurter les annonceurs !...
L´apolitisme en art et en littérature est une autre manière, pour les décideurs, de pratiquer l´inquisition médiévale. Gare aux hérétiques ! Ils seront condamnés à l´anonymat ; soit à l´odieuse torture que subissent les quelques poètes qui vous tendent la main et le coeur !

29 mai 2008

Exil

Chaque étape de ma vie
fut un exil douloureux.

Loin dans moi-même
j´arrachais les départs
comme des lambeaux de terre.

Pourtant l´au-delà des collines
est souvent semblable
à l´au-delà des collines
et parfois l´horizon est si proche
qu´on pourrait le toucher
du bout des cils.

Mais le coeur profond a des racines
qui hurlent le sang
à chaque départ
et dans chaque gare.

Combien, oh combien de souffrances
pour apprendre le langage
de la solitude de l´exil !

Il y a pour chaque voyage
un vieil arbre abattu
par la foudre de la distance

26 mai 2008

On nous parle de la misère

On nous parle de la mort
et parfois de l´histoire
de la misère et de la faim
dans nos villes et campagnes.

On nous parle d´armées prolétaires
sans Dieu et sans Gloire
marchant au petit matin
dans la boue du chemin
vers l´usine ou la mine.

On nous parle de regards lointains
de femmes, d´enfants, de pain
sordides histoires de terre
de gros sous, de bras et de mains,
de banquiers et de propriétaires
de progrès et de lumière.

On nous parle d´un passé ouvrier
d´exploitation et de guerres
comme une image effacée
par une société moderne et solidaire.

Mais je me promène dans la rue
et je vois chaque jour
toujours autant de chômage et de misère.

25 mai 2008

Tapis

Un tapis épais d´Iran
fait main
pour une bouchée de pain
pour presque rien.

Pour les tisseurs et leurs enfants
Dieu n´est ni chrétien
ni musulman.

19 mai 2008

Enchères

Tout se vend au marteau
au marché des enchères
un manteau une bergère
une soupière un chapeau.

Tout se vend au marteau
au marché des enchères
le grand luxe la misère
l´insolite le légendaire.

Tout se vend au marteau
même la paix et la guerre.

18 mai 2008

Paul Eluard

Sous l´occupation allemande il écrit des poèmes sur la liberté et la justice et il s´engage dans la Résistance, pendant que les opportunistes collaborent et les indécis rampent. Ce sont ces derniers ou leurs disciples qui, aujourd´hui, flattent le pouvoir et méprisent l´art et les artistes engagés, les artistes libres, les artistes résistants. Ce sont toujours les mêmes salauds qui contrôlent la parole et tentent de l´avilir à leur niveau. Mais où sont les Paul Eluard de notre temps ?

16 mai 2008

Montmartre

C´est un passé bien passé
d´art, de poésie et de bohème.
Il attire beaucoup d´étrangers
mais il ne reste que l´enseigne.

15 mai 2008

XXIéme siècle (Par ordre de priorité ...)

Par ordre de priorité :
Ils mangeront tous les animaux
sauvages
puis tous les animaux
d´élevage
puis ils mangeront les étrangers
de passage
et pour finir ils mangeront leurs enfants
en bas âge.

14 mai 2008

Les utopies

Si Dieu avait donné
des roues aux utopies
il y aurait moins d´escaliers
dans le métro de Paris.

12 mai 2008

Les politiciens fous















D´après les dernières informations de l´Institut Pasteur la maladie des “politiciens fous” pourrait être transmise au vaches. On parle d´abattre à titre préventif, en France, 400 politiciens porteurs de cette maladie. Les pays voisins suivent avec intérêt les mesures d´urgence prises dans notre pays. On pense que cette maladie existe depuis longtemps dans de nombreux pays mais qu´elle fut dissimulée par les chercheurs et par la presse spécialisée pour ne pas affoler les populations.

10 mai 2008

Fascistes

Quand on est au service de l´Etat
uniformé ou pas
quand on est fonctionnaire
au service civil ou militaire
doit-on devenir fasciste
pour des raisons d´Etat
uniformé ou pas ?

08 mai 2008

Je prendrai ma valise


















Je prendrai ma valise
en cuir de lune
je prendrai un train
sans horaires ni gare
et je voyagerai les yeux fermés
vers le mystère d´un poème.

05 mai 2008

Ils vont et ils viennent la nuit

Les automobiles roulent fatiguées.
Un enfant appelle sa mère.
L´ascenseur cliquette péniblement
dans la nuit épaisse du lundi.

04 mai 2008

Derrière les rumeurs nocturnes

Sur la rumeur de la ville
souffle un vent de nuit.
Les papiers volent sur le pavé
humide des lampadaires jaunes.

03 mai 2008

Hier

Hier le prunier japonais
éblouissait le ciel
d´un rose émouvant.

Un moineau regardait
perplexe le décor
trop somptueux du temps.

Un bateau-mouche
sillonnait l´eau verte
du peintre Marquet.

Un poète pleurait
cet instant de beauté.

(Paris tapinait le touriste...)

01 mai 2008

Doute

Quand vous doutez, affirmez avec force, de toute façon personne ne vous écoute...

29 avril 2008

26 avril 2008

Les sculptures des Champs-Elysées*

C´est en comparant l´art d´avant-guerre et celui d´après-guerre (après 1945) qu´on peut mieux apprécier les dégâts provoqués par quelques années de fascisme.
Je ne me souviens plus qui disait que si tous les hôpitaux d´un pays étaient détruits il faudrait vingt ans pour les reconstruire ; mais si tous les médecins d´un pays sont tués il faudra 200 ans pour récupérer le niveau de la médecine.
Quand on coupe les ailes des artistes il faut aussi 200 ans pour qu´elles repoussent.

“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

* Exposition temporaire de sculptures modernes

25 avril 2008

Petits poèmes parisiens


L´insomnie du voyage


L´insomnie décalée
de l´horaire américain
amplifie les hurlements
des voisins marihuanés
du samedi soir.

La nuit chaude du printemps
brise les vitres de Paris.



“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

21 avril 2008

Petits poèmes parisiens

Paris souterrain

Paris est un tunnel
d´un trou à l´autre
mêtro-soupir
politain-intestin
comme on dit Napolitain
avant de mourir
affiche-pisse-train
sous-hommes souterrains
tous les chemins
mènent à Rome
dit le ver dans la pomme
pomme de pain et de vin
cigale et romarin
putain de ville
et putain de train.



Ce n´est pas facile


Ce n´est jamais facile
quand on est une sardine ;
comment éviter la routine
au milieu de la ville ?

“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -