Il est de bon ton, dans certains milieux poétiques, de ne pas parler de politique. L´apolitisme permet de garder l´esprit propre et pur. La poésie est trop fine, trop délicate, trop sélecte, pour se mêler de questions sociales! D´ailleurs peut-on trouver quelque poésie dans les paroles de “L´Internationale”, qui décrivent, sans détours, la lutte des pauvres contre les riches qui les exploitent ? Si, par exemple, nous regardons attentivement les listes de publications, pendant la deuxième guerre mondiale, nous pouvons observer que quelques-uns de nos plus célèbres écrivains ont continué, grâce a leur stricte neutralité (!), à publier leurs romans et leurs poèmes pendant l´occupation. Par contre nombre de ceux qui choisirent l´engagement de la Résistance furent déportés ou fusillés et ceux qui survécurent furent souvent oubliés.
Alors, pourquoi un écrivain, sans aucun pouvoir pour changer le cours de l´histoire, devrait prendre des risques inutiles ? L´engagement politique ne peut lui apporter que des ennuis et comme dit Jean L´Anselme “Un poème n´empêche pas les bombes de tomber”. L´intelligence et l´instinct de conservation invitent donc le poète, dans ces fâcheuses circonstances, à la prudence de l´apolitisme. Un poème engagé n´empêchera pas la guerre du pétrole, ni la famine en Afrique, ni ouvrira les portes de Guantanamo et celles de Tijuana. Un poème n´empêchera pas les riches de s´enrichir et les pauvres de souffrir. Un poème n´est qu´une feuille qui tombe dans la forêt en automne. Et pourtant, comment peut-on se croire un vrai poète et vivre sans lutter pour la vérité ?
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