27 septembre 2011

A CEUX QUI N’ONT RIEN INVENTE

A ceux qui n’ont rien inventé
la roue
l’écrou
et le triple verrou
à ceux qui n’ont pas inventé
la poudre
la foudre
et la machine à coudre
à ceux qui n’ont pas inventé
le galion
l’avion
et la chair à canon
à ceux qui n’ont pas inventé
la priorité
la rentabilité
et la liberté des marchés
à ceux qui n’ont pas inventé
les horaire les honoraires
et leurs fidèles mercenaires
à ceux qui n’ont pas inventé
à ceux qui n’ont rien demandé
à ceux qui n’ont toujours rien
à ceux qui ont encore peur et faim.

(hommage à Frantz Fanon)

LES POEMES DU GEBA, Bissau 1991

24 septembre 2011

Les vautours et les rats

Guinée-Bissau
mon cœur pleure pour toi
Guinée-Bissau
de tout ce que je vois
je vois défiler des technocrates
avec leur costume gris
et leur cravate
et leur serviette
pleine d’idées toutes faites
je vois défiler des bureaucrates
avec leur costume gris
et leur cravate
avec leurs formulaires
pour classer toute la misère
je vois
je vois
des vautours et des rats
je vois
défiler des diplomates
avec leur costume gris
et leur cravate
avec leur discours compassé
pour faire semblant d’exister
je vois
des technocrates
des bureaucrates
des diplomates
défiler avec des dossiers
au lieu de cœur
avec du papier
au lieu de fleurs
je les vois défiler
à la lueur fanée
des dossiers sous le bras
et leur sourire gras
toujours plus gros
toujours plus faux
toujours plus de papier
pour tout justifier
et surtout leur termitière
suivez suivez la filière
et voici et voilà
tu en trouveras
partout des vautours et des rats
qui se nourrissent de carrière
de discours sur la misère
et de mauvaise foi

LES POEMES DU GEBA, Bissau 1991

21 septembre 2011

Le travail en Guinée-Bissau !

Avant de connaître l’Afrique je n´avais vu des Ministres et des Ambassadeurs qu’à la télévision ou au cinéma. Dès le jour de mon arrivée je rencontrais le Ministre du Commerce et de l´Artisanat de la Guinée- Bissau. C’était un petit homme, très tendu et autoritaire, qui savait se faire respecter. C’était lui qui avait commandé la construction des usines et il suivait, attentivement, le déroulement des opérations de montage. Quand il y avait un blocage administratif, c’est lui que j’allais voir et en deux coups de téléphone le problème était résolu. Pendant la guerre d’indépendance - qui dura 11 ans - il était chargé, depuis la Guinée Conakry, de l´approvisionnement des guérilleros.

Il me raconta un jour que la frontière, étant très contrôlée par l´armée portugaise, les transporteurs refusèrent de livrer le ravitaillement. Il prit, alors, le commandement de la colonne et les amena, malgré les mines et les patrouilles, jusqu’au campement des guérilleros. De retour à la base, en Guinée Conakry, il réunit le groupe de ravitailleurs et leur dit : "Si moi j’ai pu passer, vous pouvez aussi le faire !". Il ajouta, à mon intention : "J’ai été formé par les Français !".

Plus tard il fit également construire une usine de montage de voitures Citroën. J’ai acheté l’un des premiers prototypes. Nous avons roulé sur toutes les pistes du pays avec notre FAF, jusqu´à notre départ.



Il essaya aussi de relancer le chantier naval à l’abandon, le commerce de cajou et de bois. C’était, sans aucun doute, l’un des Ministres les plus entreprenants. Il fut remercié par une condamnation à dix ans de prison

13 septembre 2011

Les chats et le patron

J´ai besoin de quelques chats
pour préserver mes sacs de grain,
mais si les chats sont trop gras
les souris continueront leur festin.

C´est ainsi que le meunier apprécie ses employés :

Il affirme qu´un ouvrier trop payé, aïe !
Il n´a plus envie de travailler.

11 septembre 2011

Le chômage....

Encore aujourd’hui j’en parle avec une certaine honte. Partout où j’ai vécu : à Buenos Aires, à Paris, à Stockholm, à Bissau j´ai trouvé des emplois intéressants et correctement payés. En 1977 il y avait "seulement" 500.000 chômeurs en France (il y en a dix fois plus aujourd’hui). J’avais 47 ans et j’étais déjà trop vieux pour trouver un emploi ! Les lettres et les C.V. que j´envoyais ne recevaient même pas de réponse !

A l´époque les chômeurs devaient pointer chaque semaine à l´ANPE. Chaque fois je demandais à parler à un responsable. Après quelques mois ils se cachaient pour ne pas me rencontrer. J’étais trop jeune pour prendre ma retraite et trop vieux pour travailler !!! Alors comment survivre ? Ils n’avaient pas de réponse satisfaisante à cette question embarrassante...

Avec l’accord de Monique, je commençais à prospecter à l´étranger. Je cherchais un travail en Amérique Latine et j’en ai trouvé un en Afrique. Une entreprise parisienne cherchait un ingénieur pour diriger le montage d’une usine d’oxygène et une d’acétylène, avec un contrat de trois mois ! A Buenos Aires j’avais dirigé un chantier et j’avais travaillé, sept ans, en Suède dans ce domaine industriel. Je me présentais à Paris et je fus immédiatement recruté et envoyé en Guinée-Bissau. Ce travail n’était pas l’enfer, mais c’était très proche !

Après trois mois d’essai on me proposa un contrat permanent. J’ai dirigé ensuite, dans des conditions particulièrement difficiles, le montage d’une troisième usine et, plus tard, celui d’une douzaine de coopératives pendant 13 ans. Je n’étais plus trop vieux !...

05 septembre 2011

L’immobilier à Antibes...


L’hôtellerie et l’mmobilier étaient les deux grandes sources d’emploi sur la Côte d´Azur. L’art n’en bénéficiait guère.

Ce fut néanmoins une rencontre amicale, à travers la galerie, qui prolongea notre séjour à Antibes. Une charmante peintre "naïve" visita la galerie, accompagnée de son mari promoteur immobilier et ils devinrent, par la suite, d´excellents amis. Informé de nos difficultés, le mari m´employa comme vendeur. J´appris avec lui tous les secrets de ce métier à risque. Plus tard, cette expérience nous permit de faire d’excellentes affaires.

Contrairement à ce qu´on pense, les marges de bénéfices du promoteur restaient assez modestes. Par contre les banques et les financiers privés, avec un minimum de risques, multipliaient en quelques mois leurs investissements. Il suffisait alors d’avoir un terrain bien placé, un grand panneau et quelques prospectus pour vendre "sur plan" les appartements à crédit. C´est le client qui finançait l´opéra-tion ! Cette époque d’or cessa avec la première crise pétrolière en 1974. Dès lors il fallut construire pour vendre et la concurrence était très dure. Plus on tardait à vendre plus chers devenaient les logements - donc plus difficiles à vendre - car il fallait ajouter au coût, les intérêts du prêt des banques. Bientôt il n´y eut plus que les banques qui, pour placer leurs énormes bénéfices, firent de la promotion immobilière, avec l´assistance, rémunérée, d´anciens promoteurs.

Ce fut alors que je quittais mon travail de vendeur dans l´immobilier, pour diriger les travaux de transformation de la galerie en restaurant.

01 septembre 2011

Galerie Art Club II


Art Club était devenu, pour les étrangers de la Côte, un lieu de rencontre où les artistes et les simples visiteurs étaient bien accueillis. Certains, quarante ans après, sont restés nos bons amis. Mais nous ne vendions pas assez pour assurer les frais. Nous faisions des expositions du mois de mai jusqu´en septembre. Pendant la saison, c´était un travail qui commençait à 7 heures du matin et qui finissait à minuit. Monique s´occupait de la maison, des courses et de la cuisine et moi de la galerie, des clients et surtout des angoisses existentielles des artistes. C´était parfois épuisant, mais toujours intéressant.

Ce qui l’était moins c’est, qu’en hiver, Monique devait trouver des emplois intérimaires de secrétaire, mal payés, pour que nous puissions assumer les frais généraux, dont les impôts qui augmentaient chaque année, bien que notre chiffre d´affaires fut stationnaire. Je dus, moi-même, prendre un emploi à plein temps, mais bientôt mon salaire n’arrivait plus à couvrir les frais de la galerie. La banque nous refusa un prêt. Nous devions 3.000 francs aux impôts et nous ne savions pas comment les payer. Le racket de l’Etat, aux petits commerçants, ne tenait pas compte de l’animation culturelle qu´apportaient nos expositions à la ville. Pour pouvoir continuer nos activités à Antibes, nous ‘avons pensé ouvrir un restaurant. Ça ne fit qu’accélérer notre perte !

Parmi nos amis il y avait un homme d´affaires, parisien, qui nous proposa une association. Ce n´est que trop tard que nous avons appris que c´était un escroc ! Nous avons pu payer notre dette au Trésor Public, certes, mais nous avons perdu notre galerie...