23 janvier 2009

(suite de Paul Eluard)

Le surréalisme travaille à démontrer que la pensée est commune à tous, il travaille à réduire les différences qui existent entre les hommes et, pour cela, il refuse de servir un ordre absurde, basé sur l´inégalité, sur la duperie, sur la lâcheté. (...)
Il y a un mot qui m´exalte, un mot que je n´ai jamais entendu sans ressentir un grand frisson, un grand espoir, le plus grand, celui de vaincre les puissances de ruine et de mort qui accablent les hommes, ce mot est : fraternisation.
En février 1917, le peintre surréaliste Max Ernst et moi, nous étions sur le front, à un kilomètre à peine l´un de l´autre. L´artilleur allemand Max Ernst bombardait les tranchées où, fantassin français, je montais la garde. Trois ans après, nous étions les meilleurs amis du monde et nous luttons ensemble, depuis, avec acharnement, pour la même cause, celle de l´émancipation totale de l´homme.
La poésie véritable est incluse dans tout ce qui affranchit l´homme de ce bien épouvantable qui a le visage de la mort. Elle est aussi bien dans l´oeuvre de Sade, de Marx ou de Picasso que dans celle de Rimbaud, Lautréamont ou de Freud. (...)
(Extraits d´une conférence de Eluard, à Londres, en 1936)

Note : Que dire de ce texte de Paul Eluard sinon qu´il est exemplaire d´une époque où le poète était entièrement imprégné et se sentait concerné par la réalité sociale et politique de son pays ! Son engagement politique n´était pas contradictoire avec son engagement artistique d´avant-garde car il était un vrai grand poète !

1 commentaire:

Un barbu a dit…

Paul Eluard est un vrai grand poète, certes, mais quoi qu'il en dise, la part poétique de l'oeuvre de Marx (Karl, pas Groucho) me semble bien cachée !... Il arrive donc même à Paul Eluard de se prendre les pieds dans le tapis... de l'idéologie !