19 mai 2012

Les voyages de Cendrars


Quand je pense à ta poésie
je pense au bruit des roues
sur les rails toumtoumtoum
et aux escarbilles dans les yeux
et l´odeur âcre de la fumée
dans les tunnels tout noirs
comme la nuit dans les collines
et moi aussi je pense avec regret
aux longues semaines en mer
et aux parfums épícés des quais
et je rêve parfois de routes
et de sentiers bordés de noisetiers
et je vois les vagues et les mouettes
de l´océan et de la Méditerranée
où nos chemins se sont croisés
mais jamais ne se sont rencontrés
car l´âge et le parcours nous séparaient
tu suivais ton chemin sinueux
et moi des années plus tard
je traversais la route de la vie
comme un vagabond privilégié
car j´avais mes deux bras et un métier
et la confiance en ma chance
car je croyais avoir l´expérience
après mes années d´étudiant-ouvrier
mais mieux vaut éviter d´en parler
car ni en aventures ni en poésie
jamais nous nous serions rencontrés.

11 mai 2012

Je radote

Je radote. Je radote grave dirait un adolescent. De toutes façons je m´en fous de ce que peut penser un jeune bouffeur de MacDo branché à des prothèses électroniques. « Té-où- là » il écrit sur son portable, tout en écoutant des bruits de basses assez fort pour démolir un mur. Une future génération de sourds ! Que deviendront-ils, nos jeunes, quand ils seront dans la situation des Africains aujourd´hui ? Auront-il la force et le courage de s´embarquer sur des rafiots pourris pour chercher du travail dans les pays riches en matières premières, en terres fertiles et en énergie bon marché ? Sans vouloir être trop pessimiste : qui voudra, dans quelques années, donner du travail à une génération de blancs ramollis par de trop longues études et qui ne savent même pas balayer correctement leur chambre ?
 Comment, demain, les Européens pourront exiger un commerce équitable (pour eux) avec des pays qui auront tout ce qui leur manquera : les sources d´énergie bon marché, une main d´oeuvre abondante, flexible et expérimentée et une industrie compétitive ?
 Il y eu une époque – quelque peu occultée  par l´Histoire – où les Turcs achetaient des esclaves blancs. D´ailleurs c´est du trafic de slaves que serait né le mot : « esclave ». Puis les blancs, grâce au développement, par l´industrie, de leur matériel militaire, prirent le dessus sur les autres civilisations. Mais pour combien de temps encore ?  Est-ce que les blancs  sont en mesure de survivre à une guerre mondiale, contre les  producteurs de matières premières, maintenant convenablement industrialisés grâce aux délocalisations de nos usines?  Le pire ennemi du capitalisme n´est-il pas le capitalisme sauvage ?...   

07 mai 2012

Un dialogue de sourds


-j´aime la poésie
j´aime beaucoup la poésie
moderne Baudelaire Apollinaire
Rimbaud un peu moins Mallarmé
et guère les surréalistes
veuillez m´en excuser
ce n´est plus de la poésie !

- Pourtant mon cher ami
Desnos, Aragon,  Paul Eluard
bien que communistes…
mais personne n´est parfait
par contre  je n´aime guère
Prévert et Lautréamont
trop comment dirais-je
trop absurdes et populaires.

-Moi à vrai dire c´est votre
poésie qui parfois m´ennuit
surtout  certaine poésie lyrique
trop abstraite et trop scolaire
des états d´âme et des soupirs
la poésie des toiles d´araignées
d´un passé déjà bien moisi
si loin si loin de notre réalité
si éloignée de la vraie vie
car messieurs-mesdames
veuillez m´en excuser (je rougis)
vos bavardages insipides m´ennuient
votre indifférence sociale me désole
votre apolitisme stérile m´indigne
votre esthétisme n´est pas drôle
votre soumission académique
votre nombrilisme égoïste
votre prudence bureaucratique
votre manque d´originalité
me fait penser à une messe
mille et mille fois répétée
et me fait bailler d´ennui
car ce que je vous reproche
ce n´est pas votre style désuet
ce n´est pas votre triste banalité
ce n´est pas votre écriture momifiée
ce n´est pas votre manque d´idées
je dirais même que c´est votre droit
presque sacré d´écrire et de publier    
votre vision sénile du monde
passéiste monarchique et figé
c´est votre droit de diffuser
une poésie vide de révolte
une poésie de vieux cimetière
une poésie presque morte
de conformisme avant d´être née
et porteuse de tant de médiocrité
mais vous avez raison de me  dire
qu´il n´y a pas de poésie sans liberté
et je vous prie de m´en excuser
car moi aussi j´aime la poésie…la vraie.

01 mai 2012

Vive les yankees!


Si j´écris : Vive les yankees !...et je jette à la mer les cendres du « Capital » du camarade Karl. Si je vote pour les patrons et j´écris sur le mur de mon usine : Défense de cracher sur les heures sup...Si je travaille les jours de grève et je vais à la messe tous les dimanche, mon patron – juif, catholique ou protestant –dira : « Voici un bon ouvrier. Augmentons les cadences !... ».

Si je propose aux syndicats de chanter tous les matins, avant de commencer le travail à la chaîne : Ah, ça ira ça ira ça ira, les patrons à lanterne ! Ah, ça ira ça ira ça ira, les patrons on les pendra !...Ce ne serait pas correct vous dira le délégué : « Faut pas oublier que c´est le patron qui nous donne du travail ». L´ouvrier pourra retorquer : plus ils sont ignobles, mieux leurs affaires marchent et plus ils créent des emplois. Le Medef affirmera, lui, la main sur le coeur, que ce sont d´authentiques patriotes, de vrais humanistes, les patrons, car ils pourraient fabriquer leurs voitures en Chine, avoir leur siège aux Bahamas, leur argent à Guernesey et leur résidence en Suisse.

Mais partout il y a des gens bêtes, des gens bornés, des gens qui ne comprennent rien à l´économie et malgré les beaux discours de nos dirigeants, malgré les efforts de l´école, des églises et de la presse, ils refusent de s´adapter à la réalité du monde. Ce sont des terroristes, des anarchistes et pire encore !....Savez-vous ce qu´a osé dire un de ces niais :  « Et si on faisait des coopératives dans les usines qui se délocalisent » . Comment peut-on imaginer de telles sottises ?... Pourquoi pas, aussi, taxer fortement les importations en provenance des usines délocalisées? Jusqu´où ira la folie des hommes ?...