29 avril 2008

26 avril 2008

Les sculptures des Champs-Elysées*

C´est en comparant l´art d´avant-guerre et celui d´après-guerre (après 1945) qu´on peut mieux apprécier les dégâts provoqués par quelques années de fascisme.
Je ne me souviens plus qui disait que si tous les hôpitaux d´un pays étaient détruits il faudrait vingt ans pour les reconstruire ; mais si tous les médecins d´un pays sont tués il faudra 200 ans pour récupérer le niveau de la médecine.
Quand on coupe les ailes des artistes il faut aussi 200 ans pour qu´elles repoussent.

“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

* Exposition temporaire de sculptures modernes

25 avril 2008

Petits poèmes parisiens


L´insomnie du voyage


L´insomnie décalée
de l´horaire américain
amplifie les hurlements
des voisins marihuanés
du samedi soir.

La nuit chaude du printemps
brise les vitres de Paris.



“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

21 avril 2008

Petits poèmes parisiens

Paris souterrain

Paris est un tunnel
d´un trou à l´autre
mêtro-soupir
politain-intestin
comme on dit Napolitain
avant de mourir
affiche-pisse-train
sous-hommes souterrains
tous les chemins
mènent à Rome
dit le ver dans la pomme
pomme de pain et de vin
cigale et romarin
putain de ville
et putain de train.



Ce n´est pas facile


Ce n´est jamais facile
quand on est une sardine ;
comment éviter la routine
au milieu de la ville ?

“Paris souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

16 avril 2008

Les pensées sans arrières pensées



Ecrire un poème


- Il y a trois étapes difficiles pour écrire un poème : le début, le milieu et la fin.


Ortographe

- Je fais des fautes d´orthographe comme d´autres font des règles grammaticales.


Moyen-âge au quotidien

- Geoffroy revenait fourbu de la guerre de 100 ans. Quand il rentra chez lui il dit bonjour à sa femme Cunégonde et à ses douze enfants, il mit son armure dans la machine à laver et il prit une douche bien chaude.


Forces occultes

- Les forces occultes du mal parlent, entre elles, de rentabilité.


Les amis de l´ordre

Je crie
FILS DE PUTES !!!
Et tous les gens sérieux
méticuleux
tous les gens poussiéreux
me fusillent...du regard
en attendant de faire mieux.


Emigration

- Un menuisier israélien, sans permis de travail, vient d´être expulsé de France par la police des frontières. Il se disait fils de Dieu...



“Paris Souterrain” (Journal de voyage) - 1996 -

14 avril 2008

La langue française

Tout est fait pour que la langue française reste inaccessible au petit peuple; elles est, souvent, inutilement compliquée. De nombreux poètes jouent le jeux de l'hermétisme pour rendre la langue encore plus inaccessible; il n'écrivent que pour les poètes et les intellectuels. Le petit peuple est, une fois de plus, méprisé et exclu de la parole. Pourtant, le poéte, devrait être la voix même du peuple.

13 avril 2008

Piano mécanique

- Pourquoi écris-tu comme un piano mécanique?... m'a demandé un poète.
Peut-être que ma voix intérieure a un petit moteur dans le coeur... peut-être que ma chanson se déroule dans ma tête comme un petit ruisseau en fête... peut-être que ce que je veux dire doit refaire le sentier de mon enfance... peut-être que je suis un poème naïf, transparent, sans mystère comme une agate de cristal et la poussière de lune... peut-être que je ne sais pas mentir ni accepter les fausses promesses des grenouilles de l'étang dans lequel j'ai trempé il y a si longtemps... peut-être que la poésie me tire l'oreille au milieu de la classe des grands et m'envoie au coin des ânes... peut-être que je suis éveillé comme dans un rêve ou que j'ai un besoin naturel de fièvre...
C'est facile de critiquer le poète et de l'éclabousser, et de le blesser, et de l'humilier, c'est facile de le tuer, de le plumer, de le noyer... il existe a peine, comme un souffle ou un soupir caché... il existe si peu pour les autres... pourtant il a confiance et aussi quelques amis fidèles et ça l'aide a vivre son petit ruisseau, son petit chemin, son petit étang, sa petite fièvre parmi tant d'étoiles et d'agates multicolores...
La poésie est un mystère bien discret...

12 avril 2008

Les pensées sans arrières pensées

- Personne ne sait très bien ce qu´est la poésie ; par contre rien n´est plus évident que l´absence de poésie.

- Aujourd´hui, en France, les responsables de la culture officielle visent soit trop haut soit trop bas. Trop haut, le peuple est exclu de la fête ; trop bas il patauge dans la vulgarité commerciale.

- La culture officielle, conçue, orientée et financée par des fonctionnaires semble avoir pour seuls but et justification la conservation des oeuvres du passé. Les châteaux, les églises, les musées, l´opéra, la Comédie française et les expositions de prestige engloutissent la plus grande partie des budgets de la culture. Par contre les créateurs de culture, ceux qui font les oeuvres de demain, ceux qui créent les bases culturelles de la société future, reçoivent les miettes du banquet et sont, de surcroît, traités avec méfiance. Il en résulte que les coûteuses structures d´Etat, destinées au soutien de la culture, sont non seulement inopérantes mais se comportent parfois comme les pires ennemis de la culture vivante. Surtout quand celle-ci est de qualité, donc nécessairement critique et subversive.
L´Etat “moderne” préfère les artistes morts...Eux, au moins, savent rester à leur place !...

05 avril 2008

André Breton et Marat

- Peu d´hommes ont des idées saines des choses, dit Marat, la plupart ne s´attachent qu´aux mots...Abusés par des mots, les hommes n´ont pas horreur des choses les plus infâmes, décorées de beaux noms, et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux...En fait de politique, quelques vains sons mènent le stupide vulgaire, j´allais dire le monde entier, les princes, leurs ministres, leurs agents, leurs flatteurs, leurs valets appellent art de régner celui d´épuiser les peuples, de faire de sottes entreprises, d´afficher un faste scandaleux et de répandre la terreur ; politique, l´art honteux de tromper les hommes ; gouvernement, la domination lâche et tyrannique...Soumission, la servitude...Rébellion, la fidélité aux lois. Révolte, la résistance à l´oppression ; discours séditieux, la réclamation des droits de l´homme.
( 2ème conférence d´André Breton à Haïti sur la poésie en 1945-1946, invité par l´Attaché Culturel Pierre Mabille)

Note : Ayant fréquenté pendant quelques années le milieu diplomatique, je doute qu´aujourd´hui André Breton serait invité par un attaché culturel pour une conférence aussi subversive. D´ailleurs où trouver un poète d´avant-garde contemporain qui s´exprimerait avec autant de fougue, dans un lieu officiel, sur les dérives politiques de son temps ? Ceux qui sont proches du pouvoir se gardent bien de heurter les décideurs par des propos osés et les autres, les révoltés ,les impertinents, les intellectuels honnêtes, sont soigneusement ignorés par les médias et exclus de toute activité publique.
Goiânia (février 2008)

01 avril 2008

Je pourrais aussi vous parler de mon âme

Je pourrais vous parler de guerre
des morts en Afrique ou en Irak
du chômage en France des sans abri.

Je pourrais vous parler du gâchis
des inondations des incendies
de la sécheresse et de la messe
du CAC-40 et du couac 2040
(la fin annoncée du pétrole bon marché)
mais aucun éditeur de poésie
ne voudrait de mon poème
toton tontaine, que nenni !

Pourquoi parler de choses vilaines ?

Raconte-moi ton âme profonde
et parle d'oiseaux et de fontaines
et tu n'auras que des amis, poète,
toton tontaine, et quels amis !...