05 avril 2008

André Breton et Marat

- Peu d´hommes ont des idées saines des choses, dit Marat, la plupart ne s´attachent qu´aux mots...Abusés par des mots, les hommes n´ont pas horreur des choses les plus infâmes, décorées de beaux noms, et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux...En fait de politique, quelques vains sons mènent le stupide vulgaire, j´allais dire le monde entier, les princes, leurs ministres, leurs agents, leurs flatteurs, leurs valets appellent art de régner celui d´épuiser les peuples, de faire de sottes entreprises, d´afficher un faste scandaleux et de répandre la terreur ; politique, l´art honteux de tromper les hommes ; gouvernement, la domination lâche et tyrannique...Soumission, la servitude...Rébellion, la fidélité aux lois. Révolte, la résistance à l´oppression ; discours séditieux, la réclamation des droits de l´homme.
( 2ème conférence d´André Breton à Haïti sur la poésie en 1945-1946, invité par l´Attaché Culturel Pierre Mabille)

Note : Ayant fréquenté pendant quelques années le milieu diplomatique, je doute qu´aujourd´hui André Breton serait invité par un attaché culturel pour une conférence aussi subversive. D´ailleurs où trouver un poète d´avant-garde contemporain qui s´exprimerait avec autant de fougue, dans un lieu officiel, sur les dérives politiques de son temps ? Ceux qui sont proches du pouvoir se gardent bien de heurter les décideurs par des propos osés et les autres, les révoltés ,les impertinents, les intellectuels honnêtes, sont soigneusement ignorés par les médias et exclus de toute activité publique.
Goiânia (février 2008)

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