28 octobre 2012

Humiliation et révolte...



Comment fait-on pour avaler
de grosses couleuvres
de six mètres et demi de long
et oser demander pardon
au Pape et aux patrons
d´exister à quatre pattes
comme un caniche mouillé
après son bain de mousse
avant d´être tondu épilé humilié
par une laisse et un ruban bleu
extraordinairement ridicules
chez votre chef après Dieu
au bureau pour une virgule
aïe ! tellement mal placée
dans la lettre à notre meilleur client
vous devez faire attention Durand
vous devriez savoir pourtant
que c´est notre meilleur client !
et le téléphone qui l´appelle
et qui lui colle à l´oreille
comme un aimant glacé
et d´un geste de la main
vous voilà chassé du bureau.

Votre regard de vieux cabot
encaisse les humiliations
quand oserez-vous donc
lui dire toute votre indignation ?
(à ce gras et ignoble salaud...).

19 octobre 2012

Les bons patrons...



















A Didier Renaud qui croit
à la bonté du patronat....

J´en ai connu des patrons
de toutes les couleurs
j´en ai même connu des bons
ceux qui offrent des fleurs
pour l´anniversaire
de leur secrétaire
et quand ils visitent l´atelier
demandent au balayeur ému
des nouvelles du petit dernier
« il est sympa le patron »
murmurent les ouvriers
et ils se dépêchent de récupérer
le retard dans la production
pour ne pas perdre la prime
de fin d´année et les cadences
« imposées par la concurrence »
pour gagner des marchés.
Tous les patrons français
se démènent pour sauver
les emplois avant de délocaliser
la production chez les Chinois.
Les bons patrons, croyez-moi,
se décarcassent pour protéger
tous ces braves cons d´ouvriers
qui refusent de se syndiquer...

(Les Poèmes Indignés de 2012)

12 octobre 2012

Les poètes sont-ils responsables de la crise ?...


Rimbaud, Lautréamont, Alfred Jarry, Tristan Tzara, André Breton se révoltaient contre la médiocrité étouffante de la culture bourgeoise de leur époque. En mai 1968 cette révolte sortit dans la rue avec des pavés à la main et des idées de liberté sur les murs. Pendant quelques semaines les bourgeois eurent très peur, les fascistes s´indignèrent et les dociles moutons, toujours aussi nombreux, ne savaient plus dans quelle prairie devaient-ils paître. Mais, après quelques réformes de surface, tout reprit comme avant. La routine aliénante du travail, les crédits de la voiture et du trois pièces et les vacances en troupeau organisé reprirent le dessus. Métro-boulot-dodo dénonçait le poète Pierre Béarn que j´ai rencontré, une fois, au “Marché de la Poésie” Place Saint-Sulpice, très vieux et très seul devant ses livres.
Les vrais questions de mai 68 furent promptement oubliées par les responsables de la politique et par les idéologues professionnels. Et c´est quarante ans plus tard que les effets pervers de notre société de consommateurs et de pollueurs égoïstes, sans respect pour les générations futures et uniquement motivée par la rentabilité immédiat, mettent en évidence son pouvoir destructeur. Destructeur de certitudes, d´emplois et de sécurité pour tous, mais surtout pour les plus faibles. Tout le système s´écroule, et les “responsables”politiques proposent de boucher les trous avec la rustine des vélos de nos grands-parents.
Mais où sont donc les Rimbaud, les Lautréamont, les Jarry, les Tzara et les Breton de notre siècle ? Où est donc la conscience sociale de nos poètes 
d´aujourd´hui ?

10 octobre 2012

La puce et le morpion


Une puce vivait ma foi,
sur les fesses d´un roi;
un morpion fort ambitieux
visita sa sous-maîtresse.

Lors de leurs ébats amoureux

le morpion devint roi, aïe !
Et la puce chanoinesse.

07 octobre 2012

La Cigogne


L´une des revues de poésie belge que j´admire le plus c´est « La Cigogne ». Bernard Godefroid, le directeur de cette revue, est un homme de gauche et il ne le cache pas. Ses articles et son choix de poètes restent exceptionnels dans le milieu de la poésie francophone.

Nous regrettons de constater que les éditeurs contemporains de poésie sont généralement très conservateurs et même parfois assez réactionnaires : Ils refusent la poésie politiquement engagée. « La Cigogne », par son contenu et son engagement social, reste une publication sans équivalent.

Plutôt lyrique et bucolique la poésie contemporaine, que nous servent les revues, ressemble plus souvent à un exercice de style scolaire qu´à une création. Les jeux de mots raffinés vides de sens - plus intellectuels que poétiques - remplacent l´originalité de la pensée. Les poètes devraient pourtant savoir que la médiocrité académique ne se substitue pas au talent.

« La Cigogne », malgré ses petits moyens financiers, cherche à publier des textes poétiques qui n´oublient pas que l´homme reste le centre et la justification de toute littérature. Mais pour garder son humanité l´homme doit se battre, sans relâche, contre les prédateurs d´humanité. La principale fonction du poète devrait être de montrer le chemin...Il n´y a pas d´art, il n´y a pas de poésie sans engagements humain, social et politique. Il n´y a pas de création sans liberté.

« La Cigogne » est une revue qui ouvre les yeux de la poésie...

01 octobre 2012

Paul Van Melle


 J´ai, dans le milieu de la poésie, un vieil ami belge, Paul Van Melle, qui édite la modeste mais prestigieuse revue « Inédit Nouveau ». Il y a 20 ans que je lui écris, que je lui envoie mes livres de poésie engagée (qu´il déteste) et qu´il publie mes traductions de poètes brésiliens. Paul Van Melle a plus de 80 ans et ne peut plus jouer au football mais il écrit des pages et des pages de recensions de livres qu´il n´a, de toute évidence, pas le temps de lire, à moins qu´il ne dorme que deux heures par nuit et le reste du temps il travaille sans répit (c´est ce que les patrons exigeraient de leurs employés, si on les laissait faire !).
Paul Van Melle a une connaissance très étendue et profonde sur les poètes francophones. Il y en a guère qui échappent à sa perspiscacité. Il a même la liste de tous les poètes recensés dans sa revue...bien qu´il refuse l´informatique. Je suppose qu´il possède un meuble avec de nombreux tiroirs pleins de fiches qu´il maintient soigneusement à jour (lui ou sa chère épouse...).
Malgré sa passion pour la poésie lyrique (et apolitique) et son refus de la grossièreté (jamais vous ne lirez dans sa revue le mot « merde ») et son côté professeur (il avoue détester les virgules mal placées...) sa revue reste l´une des très rares à publier, pour chaque poème ou article, une petite biographie de l´auteur (et du traducteur quand il existe). J´avoue que c´est, malgré ses faiblesses, la seule revue (avec « La Cigogne ») que j´ai fait relier pour la garder. Signalons quand même qu´il est dificile de mettre debout, dans la bibliothèque, des feuilles de papier A-4 simplement brochées.