30 septembre 2008

Moi aussi j’ai peur !…







Foto : Emi Baron






J’ai honte de dire
Mais quand je les vois
en bande
sales
maigres
Les yeux enfoncés
Le regard hagard
Errant comme des chiens
abandonnés
oubliés
repoussés
Par des gens sérieux
Qui croient à la famille
Et qui croient en Dieu
fermer le cœur
fermer les yeux
Et changer de trottoir
Pour ne pas les rencontrer
par peur
du loup
et pourtant
ce ne sont que des enfants
des enfants des rues
affamés
abandonnés
oubliés
De notre belle civilisation
De super super-marchés

29 septembre 2008

Horace (-65 | -8) “Art poétique”

- Un poète n´a pas le droit d´être médiocre ; ce droit lui est refusé par le public et les dieux...

Note : Horace, fut un intellectuels qui commença sa carrière comme soldat et ami d´un meurtrier, Brutus, et qui, ayant échoué à la guerre, se convertit à la poésie bucolique et à l´écologie rurale. Bien que Mécène (comme le nom l´indique) lui offrit une villa à la campagne, je ne sais pas de quoi il vivait. Il prêchait la simplicité, c´est-à-dire qu´il ne devait pas avoir de gros moyens. Il est néanmoins considéré comme l´un des plus grands noms de la poésie latine. Comme quoi la poésie a du bon.
Je suis toujours perplexe quand je lis les biographies d´artistes ou de poètes : “Il vivait, à Paris, une vie de débauche ; il partit faire un voyage d´un an dans les îles du Pacifique ; il s´établit à Bruxelles mais ne s´y plaisant pas il alla passer quelques mois à Londres ; il parcourut toute l´Italie en faisant des croquis ; etc.”. De quoi vivaient donc tous ces gens ? Pendant toute ma vie professionnelle en Europe j´ai dû faire des économies, toute l´année, pour pouvoir partir deux semaines à Palma de Majorque ! J´ai toujours rêvé de pouvoir m´arrêter de travailler un an, afin de m´occuper, à plein temps, d´art et de poésie. Je n´ai jamais réussi. Dans les périodes de chômage je m´épuisais dans la tâche de la recherche d´un nouvel emploi. Pendant toute ma jeunesse je n´ai jamais pu mettre de côté plus d´un mois de salaire. Il a fallu que je prenne ma retraite pour accomplir mon rêve ! La (bonne) vie, pour moi, commence à 60 ans !

27 septembre 2008

Le poète qui vous parle...de Costa de Araujo

















Costa de Araujo est un village du bout du monde quelque part en Argentine, à quelques dizaines de kilomètres de la Cordillère des Andes. C´est là, au bord du désert, où le principal fleuve de la province de Mendoza s´épuise et devient un ruisseau, que mon grand-père Avena acheta, au début du XXème siècle, un triangle de 120 hectares de terre sablonneuse et couverte d´une croûte de salpêtre pour y planter de la vigne. Il fallut creuser un canal, avec quelques voisins, pour apporter l´eau du fleuve et des kilomètres de rigoles pour arroser les plantations. Tout à force de bras et de courage.
Cinquante ans plus tard le village avait une seule rue, en terre, et quelques maisons rustiques dont une église sans curé, plusieurs bistros-épiceries-quincailleries, un maréchal-ferrant et un local où, une fois par semaine, venait un dentiste arracher des dents. A cheval il fallait, de la ville de Mendoza, une journée pour y arriver.
Aujourd´hui Costa de Araujo a quelques maisons de plus et le bistro sert du whisky, mais ça reste un village
du bout du monde. C´est pourtant là que mon grand-père piémontais fit fortune en produisant du bon vin. Quand il se considéra suffisamment riche, il confia la propriété aux deux fils aînés et alla s´installer à Marseille avec sa femme et trois de ses enfants, dont mon père. Il acheta, à Saint-Antoine une propriété sur une colline et des maisons pour la location et il vécut de ses rentes.
Ma mère, elle, vivait alors sur la colline d´en face.
Maintenant la propriété de mes grands-parents, “l´Américaine”, est une petite ville d´HLM !

21 septembre 2008

Le poète qui vous parle...de fatigue

Je suis aujourd´hui tellement fatigué que j´ai même la flemme d´écrire que je n´ai pas envie d´écrire. Il faudra que je reprenne ce texte après la sieste. Ce n´est pas la peine d´écrire pour ne rien dire. Les fidèles lecteurs de mon blog pourraient alors êtres déçus et ne plus revenir. Car un blog, comme un jardin, doit être entretenu pour ne pas dépérir. Il faut l´arroser et l´enrichir de nouvelles fleurs tout en évitant les mauvaises herbes qui pourraient les étouffer. Et à notre époque, riche en informations, on ne peut plus tricher en écrivant n´importe quoi, pour remplir du papier, comme le faisaient souvent, au XIXème siècle, les écrivains et les chroniqueurs qui étaient payés à la ligne. Maintenant le lecteur est exigeant. Il n´a pas de temps à perdre avec des divagations ou des descriptions qui n´en finissent plus. Le lecteur veut du concret, de l´action, du nouveau et de l´information objective et bien documentée. Un blog doit donner de façon alerte, dans un minimum d´espace, un maximum d´informations valables et insolites. Pas du blablabla ni du futile qui inondent les médias les plus vulgaires. Quand nous faisons un blog c´est pour transmettre, de façon très brève, des messages intéressants, différents, profonds ou légers mais toujours surprenants de nouveautés, de révélations étonnantes et d´érudition facilement assimilable. Un blog n´est pas une plate-forme politique ni une encyclopédie ni même un résumé de connaissances académiques. Un blog doit être vivant, lisible et attrayant de la première à la dernière ligne et ne doit pas dépasser les deux minutes de lecture. Voilà ! C´est fait...

17 septembre 2008

Pourquoi?

Pourquoi ne pas donner des ailes
aux éléphants roses
et aux hippopotames verts?...

Pourquoi ce sont toujours les mêmes
qui décident qui causent
et qui pensent à l'envers?...

Si Dieu a donné des ailes
aux poissons
aux éphémères
et même à Cupidon;

pourquoi ne donnerait-il pas
des ailes aux hommes d'affaires
et aux cochons?...

16 septembre 2008

Aristote (-384 \ -322)

“Art poétique”

- N´arrive-t-il pas que pour avoir exposé sous une forme versifiée un sujet de médecine ou de physique on soit couramment appelé poète ! Rien de commun cependant entre Homère et Empédocle, sauf la présence du vers.

Note : Nous savons tous que Homère est l´immense poète à qui on attribue L´Iliade et l´Odysée. Par contre on connaît moins le philosophe Empèdocle qui se serait opposé à la tyrannie de son époque et donc ses théories, exprimées en vers, lui valurent l´exil et peut-être même le suicide. J´ai lu, dans ma jeunesse, L´Iliade (en vers et en espagnol !). Par contre, je n´ai jamais rien lu d`Empédocle qui, comme Diogène, refusait ouvertement les conventions sociales et politiques de son époque. Ce n´est pas bon pour la carrière, d´être opposant.

Certains lecteurs ignorent, peut-être, que pendant des siècles de nombreux traités philosophiques et scientifiques étaient rédigés en vers. L´enseignement, faute de livres, consistait surtout à apprendre de mémoire les textes, et la versification facilitait cet apprentissage. Aristote étant, précepteur et ami d´Alexandre le Grand, ne devait pas être du genre contestataire et subversif (il enseignait la logique !). C´est ainsi qu´il peut affirmer, avec mépris, que Empédocle n´est pas poète. Néanmoins, Aristote, vers la fin de sa vie dut aussi s´exiler.
Ni la démocratie grecque, ni celle de nos pays modernes et avancés, n´a jamais favorisé la contestation.
Poètes, si vous voulez vivre tranquilles soyez flatteurs !

14 septembre 2008

Platon (-428 \ -348)

“La république”

- Les poètes créent des fantômes et non des réalités.

Note : Platon n´aimait pas les poètes. Bien qu´il fut gay, Platon s´est multiplié avec la fécondité des rats. C´est ainsi qu´il y a beaucoup plus de gens, aujourd´hui, qui méprisent la poésie que de gens qui l´admirent. Tous les admirateurs de l´ordre (« uniformés » ou pas !), tous les dessinateurs de lignes droites, tous les sacralisateurs de la rentabilité, tous les promoteurs de la vitesse, tous ceux qui ont la tête ramollie par la publicité et se disent apolitiques ainsi que tous ceux qui rêvent d´une maison ancienne à la campagne, d´un saule pleureur au bord d´un ruisseau d´eau claire et d´un prés couvert de coquelicots, de pâquerettes, de boutons d´or et qui disent ne pas aimer la poésie se fourvoient. Pauvres les malheureux qui n´ont jamais acheté une revue ou un livre de poésie ! Tous ces individus sont certainement plus à plaindre qu´à blâmer. Les plus nuisibles, les vrais ennemis de la poésie, ne sont pas toujours ceux qui l´ignorent mais ceux, hélas ! assez nombreux, qui croient que“la poésie” est un style littéraire fait de phrases bien alignées, rythmées et élégantes qui peuvent êtres dépecées et étudiées dans les universités et récitées dans les écoles. La poésie, la grande, la sublime, l´indispensable, est celle qui ne se laisse pas mettre en cage et en cases, et qui ne crée pas“des fantômes”, mais des images de la vraie vie : celles qui viennent du coeur ! La bonne poésie s´inspire du vécu, du vivant de tout ce qui palpite et qui transpire l´amour, la générosité, l´amitié et la révolte