20 août 2011

La galerie Art Club I


Nous avons conçu la galerie Art Club sur une idée simple : les artistes suédois que nous connaissions souhaitaient faire une exposition en France. Par ailleurs tous les suédois désiraient passer leurs vacances au bord de la Méditerranée. Nous avons donc créé une galerie-auberge où, pour le prix d´un modeste hôtel provincial, on pouvait faire une exposition et passer trois semaines agréables au bord de la mer. L´idée, en soi, n´était pas mauvaise et nous avons fait le plein, pendant plusieurs années, tout en ayant un bon niveau d´expositions.

Nous avons pu, également, exposer quelques bons artistes français de la Côte d’Azur. En peu de temps notre galerie était devenue un lieu de rencontre international. Un soir, autour de notre table, nous avions des Suédois, des Polonais, un Autrichien, des Français et tous parlaient le suédois, sauf une amie journaliste de Nice-Matin.

Grâce à l´amitié d´artistes comme Michel Gaudet et Emile Marzé nous avons pu présenter, dans le salon de Haut-de-Cagnes et à la Biennale de Menton une sélection de nos meilleurs peintres suédois. Par contre nous n’avons pas pu exposer les artistes, des Alpes-Maritimes, dans notre galerie à Stockholm. Nous avions une clientèle de collectionneurs plutôt intéressée par les surréalistes et l´art fantastique. L´art abstrait, géométrique ou non, que pratiquaient beaucoup d´artistes français ne marchait pas en Suède. Les quelques artistes surréalistes de la Côte exposaient tous dans une bonne galerie à Vence..

Nous n’avions pas les moyens de leur faire la concurrence. Les tableaux que nous exposions se vendaient bien en Suède mais mal à Antibes !




15 août 2011

Le monde de l´art...

Aucune personne sensée peut imaginer vivre, aujourd’hui, d´une galerie d’art moderne sans disposer d´un énorme capital d´’oeuvres cotées et de relations amicales parmi les nouveaux riches. Les connaissances en art, le flair, la sensibilité, tout ça c’est de la littérature ! Les artistes, les critiques d’art, la presse, les musées, tous s’achètent pour pas cher ! La cote des artistes se fait, comme tout le monde le sait (!!!), dans les ventes aux enchères à New York. Quand un marchand possède quelques centaines d´oeuvres d´un artiste, il en met trois ou quatre dans une vente, chez un prestigieux et complaisant commissaire-priseur, et deux de ses agents se chargent de faire monter les prix. Quand ils arrivent à dix fois le prix payé à l´artiste, le marchand publie un luxueux catalogue et il organise, avec la complicité d’un directeur de musée, une grande exposition de prestige.
Le commissaire-priseur, lui, touche sa commission sur les ventes, le musée reçoit un don et l´artiste bénéficie, tout à coup, d´une forte renommée. Le marchand, quand ça marche, empoche quelques centaines de milliers de dollars (parfois même des millions...). Si ça ne marche pas il entrepose les tableaux dans un dépôt pour plus tard. L´artiste, s’íl veut conserver sa cote, ne vend plus rien et, s’il baisse ses prix, les mêmes journaux d´art qui l´encensaient s’empresseront de le démolir.

Tel est le marché de l´art contemporain ! Il n´a rien de poétique. Il est, comme toutes les modes, le résultat du travail d´habiles professionnels du marketing culturel. Les marchands ont pour réussir, le capital, leur talent de vendeurs et l´ignorance des collectionneurs..

09 août 2011

La pourriture


Baudelaire qui pourrissait du dedans
parlait avec une certaine jouissance de la pourriture
en connaissance de cause...

Je connais un poème qui parle
longuement méticuleusement
de la pourriture d'une orange.

J'ai vu un jour le cadavre pourrissant d'un cheval
au bord d'une belle rivière
au pied de la Cordillère des Andes
un porc en liberté le dévorait goulûment.

J'ai vu à la télévision des cadavres pourrissant
dans les tranchées
de multiples guerres coloniales organisées
par les gouvernements des pays les plus civilisés.

Pourtant
je ne trouverai certainement pas de revue de poésie
qui veuille dans l'état actuel de la culture occidentale
publier un poème sur la pourriture.

07 août 2011

Les poètes rêvent

Les poètes rêvent d'un monde meilleur
où les poètes seraient riches
admirés et aimés.

Les poètes rêvent d'un monde
où leur poésie serait éditée
distribuée et même parfois achetée
par des lecteurs de poésie.

C'est le propre de la poésie de rêver...

Mais c'est le propre de la réalité
de nous rappeler le goût amer du profit.

L'argent c'est le contraire de la poésie...

01 août 2011

La galerie Art Club !

Rue du Migrainier - une ruelle au cœur du vieil Antibes - nous avons acheté, en mai 1968, un ancien bistro, avec plusieurs chambres en annexes, pour créer notre galerie Art Club.

En Suède nous avions connu un jeune sculpteur cannois, Jean- Claude, qui nous proposa de s´occuper de l´aménagement de la galerie. Nous avions très peu d´argent. A part quelques cloisons en aggloméré, de la toile de jute sur les murs et quelques pots de peinture blanche nous avons gardé le cadre originel. Y compris le comptoir du bar et le vieux frigidaire en bois. Nous sommes retournés en Suède pour faire quelques économies supplémentaires pour l´aménagement. Nous y sommes restés jusqu´au printemps de 1969.

Nous avons acheté, avant notre départ, tous nos meubles à IKEA. Leurs meubles étaient démontables, d´excellente qualité et d´un esthétisme moderne.

A notre arrivée à Antibes les travaux n´étaient pas terminés. Jean-Claude avait recruté quelques hippies, qui traînaient sur le port, pour l´aider. L´ambiance était festive. Le soir Monique faisait des pâtes pour tout le monde et nous avions droit à leurs chansons. A la date prévue du vernissage nous étions prêts pour accueillir le premier artiste. Ce ne fut pas de tout repos !

Nous ne connaissions de lui que ses tableaux. Les tableaux étaient bien mais l´artiste, lui, était insupportable. C´est vrai qu´il avait quelques raisons d´être déçu. Malgré la distribution, sur toute la Côte, de son affiche nous avions très peu de visiteurs. Nous avons dû supporter, pendant trois longues semaines, sa mauvaise humeur !