29 décembre 2007

Le laboureur et ses enfants

Le travail c'est la santé
répétait un vieux paysan...
il est mort de tant travailler
à moins de cinquante ans.

L'héritage fut dépensé par ses enfants...

Si vous voulez vivre heureux, aïe !
faites travailler les vieux.

28 décembre 2007

Le renard et le raisin

Il y avait à Lectoure un renard
qui aimait bien le bon vin
c'est ainsi que tous les soir
il buvait celui du prochain.

La morale de cette histoire est joyeuse :

Si vous n'avait pas les moyens, aïe !
faites comme le voisin

23 décembre 2007

La cigale et la fourmi

Il y avait il y a longtemps
un prétentieux fabuliste
qui ennuyait les enfants
avec des fables tristes.

Un jour les enfants l'accusèrent d'infamie...

C'est ainsi que la belle cigale, aïe !
se maria avec la fourmi.

22 décembre 2007

Le papillon et l'éléphant

Sur le dos dodu d'un éléphant
au milieu de la savane
il y avait un papillon blanc
qui voyageait sans billet.

L'éléphant furibond se coucha dans la boue.

Si vous n'avez pas de billet, aïe !
méfiez-vous des fous.

21 décembre 2007

Le rosier et le nid

Sur la terrasse de ma maison
il y avait un chat gris
et dans la plus belle saison
un rose rosier cachait un nid.

Chacun cherchait à vivre sa propre vie...

Mais si le chat sortait ses griffes, aïe !
le joli rosier aussi.

16 décembre 2007

Le ruisseau

J'aime voir couler l'eau
et j'aime l'entendre chanter
quand elle glisse pétillante
parmi le sable et les galets.

C'est mon plus doux souvenir de ruisseau...

Mais quand vient la tempête, aïe !
mes souvenirs sont noyés.

14 décembre 2007

Les colombes

Chaque matin je regarde
sur les branches de l'acacia
un couple de colombes
et je pense à toi.

Je pense a notre longue vie.

Mais le chat sournois, aïe !
guette sur le toit.

11 décembre 2007

La rosée

Un matin ordinaire
j'ai trouvé
un petit poème
dans une goutte de rosée.

J'étais heureux de l'avoir trouvé.

Mais le soleil, aïe !
me l'a volé.

07 décembre 2007

IL SERA TROP TARD

Quand nos penseurs patentés
nos intellectuels d'avant-garde
nos professeurs nos faux bardes
et nos économistes distingués
s'apercevront, étonnés !...
qu'il faut plus de talent
et beaucoup plus de qualités
pour être un bon soudeur
pour être ajusteur
fraiseur ou jardinier

qu'il faut plus de qualités
pour être maçon ou mineur
boulanger ou charcutier
mécanicien ou éleveur
infirmier ou pompier

que pour être un col blanc
un col monté
un col indifférent
borné et caché
derrière le règlement
derrière chaque guichet
le coeur absent
les yeux fermés

alors
il sera trop tard
trop tard pour regretter
trop tard pour vous faire pardonner.

Guatemala (1995)

01 décembre 2007

PADRE PEQUE

Padre Padrecito
yo quisiera confesarme
ya que pequé;

si Padre pequé
cerca de mi choza
en paja y tierra
y de mi gallinero
a la sombra
de mi arbolito de café
pequé;

Padre Padrecito pequé
al lado de mi mujer
y de mi hijo mayor
frente a toda la aldea
lloré ay ay ay
Padrecito lloré;

cerca del árbol carbonizado
y del puente en ruina
cerca de mi granero en llama
lloré Padre lloré;

frente a los hombres colgados
de las ramas del ceibo
Padre Padrecito
allí mismo pequé;

tuve malos pensamientos Padre
de tanto
y tanto que odié.

Guatemala (1995)

27 novembre 2007

CAP VERT

Cap Vert sel et pierres
mer et rochers
l'eau partout l'eau rationnée
îles îles et volcans
hier la famine
aujourd'hui le vent
sec du désert.

Cap Vert la mer
Cap Vert le sang
métisse qui brûle dans tes veines
capverdiennes au regard brûlant.

Et tes rêves de départ
de nouvelles rives
de mousse et de brouillard;

Et tant de cérémonies
inutiles et stériles
pour un peu de pluie...

Je donnerai mon sang
pour une rivière
qui coule claire
sous un pont en acier
dans une verte
très verte vallée.

Loin du Sahel va ma prière
trop de soleil c'est trop
Dieu donne-nous un nuage
donne-nous un peu d'eau...

Mais Dieu est de plus en plus sourd
aux prières des pauvres
il ne veut plus écouter
ou alors il ne sait plus
distinguer la souffrance;

il croit que les larmes
des enfants du Cap Vert
vont arroser les pierres
comme une pluie d'été.

Guatemala (1995)

25 novembre 2007

LE SOLDAT INCONNU

La flamme du soldat inconnu
illumine les médailles
de ceux bien connus
qui cultivent la grisaille
des longs couloirs
du moulin à papier
de multiples tiroirs

et qui gèrent les défilés
et le triste sort
des soldats morts
dans les tranchées.


Guatemala (2/11/1993)

22 novembre 2007

La poésie

Pendant longtemps
j'ai cru que je n'existais pas
j'avais honte de mon ombre
la poésie me tournait le dos
coquette distante
elle me regardait avec mépris
elle m'ignorait
comme si j'étais transparent.

Puis un jour
après une vie de persévérance
après des décennies d'admiration
après des centaines de propositions
d'amour et de fidélité
elle me dit : bonjour...
distraitement
du bout des lèvres
sans plus.

Et moi je m'accrochais à ce signe
avec désespoir
avec passion.Je hissais la voile
de mon imagination
et le regard vers le ciel
et le regard vers le fond
de l'inconscient profond
je cherchais la baleine bleue
de l'inspiration.

Mais je ne trouvais que des méduses
et des algues mortes
parmi les vagues et les nuages
et parfois un petit reflet de soleil
au fond de mes larmes.

Car la poésie
ne se donne pas au premier venu;
elle résiste
elle résiste
comme une vierge têtue...

Sans pitié elle anéantit
elle blesse elle tue
ses amants les plus assidus
la poésie...

07 novembre 2007

Didier Randot

Didier Randot n'est pas un révolutionnaire; il ne revendique pas la dernière avant-garde, ni s'évertue à rattraper la dernière mode : il dessine ce qu'il voit. Et il voit bien. Ses lignes sont toujours pures et sûres et montrent l'essentiel d'un paysage, d'un profil de femme ou d'un vieux mur. Plus proche de Courbet que de Monet, Randot trace sur le cuivre son image du monde. Ses gravures - son moyen préféré d'expression -, nous montrent aussi bien les rues de Lectoure que les femmes voilées d'Islamabad, les châteaux de la région de Bordeaux que des nus vibrant de sensualité.
Sa technique raffinée, fruit d'un long apprentissage, est celle des maîtres de la renaissance; sa vision du monde celle du voyageur curieux des différences de cultures. Les sujets de ses eaux-fortes peuvent être interprétés comme un refus de l'uniformisation mondialiste des moeurs et coutumes. Plus inspiré par le passé que par le monde moderne, Randot habite dans une grande et magnifique maison ancienne au coeur de Lectoure - ville de plus de 2000 ans - où pourtant nous pouvons admirer une magnifique collection de tableaux et dessins de maîtres de l'art moderne.
Le style de ses dessins nous fait penser qu'il répond à un choix plus qu'intentionnel, car il est en parfait accord avec l'esprit, la culture et les sentiments profonds de l'artiste et, peut-être involontairement, il est aussi une forme de résistance aux dérives néo-dadaistes contemporaines qui envahissent les salons. Matisse disait : "Les arts ont un développement qui ne vient pas seulement de l'individu, mais aussi de toute une force acquise, la civilisation qui nous précède. On ne peut pas faire n'importe quoi...". Tous ceux qui encore considèrent important dans l'art la probité, la maîtrise du métier et la qualité artistique de l'oeuvre ne seront pas décus.

03 novembre 2007

La politique

On m'a dit
que la politique
ne doit pas habiter
le nid doré de la poésie.

On m'a dit
qu'il ne faut pas mélanger
la politique et la poésie.

On m'a dit
on m'a dit
tellement de choses sur la poésie
que maintenant
je ne sais pas quoi faire
avec mes utopies...

Car moi petit poète solitaire
je vois
je vois
et je vis
la violence de la guerre;
les camps et les tortionnaires
se succèdent
ils prolifèrent
et ils se multiplient.
Moi je vois que
les menteurs et les malins
sont de plus en plus nombreux
et ils marquent des points
pendant
que le poète rêve
de mots bien propres
comme la source et le coquelicot
le narcisse
et le chant des oiseaux.

Et pendant
que le poète rêve
de nuages et de doux ruisseaux
les autres ouvrent leur chemin
à coup de hache et de couteau
et entre l'hiver et l'hiver
entre la peur et le sang
la guerre et la misère
la faim
et les camps.

Et moi petit poète révolté
je rêve et je rêve
de solidarité.

01 novembre 2007

TANGO

I

Tango de Buenos Aires
où es-tu passé ?

Pourtant dans ma jeunesse
on disait dans mon quartier
que Gardel chante de mieux
en mieux chaque année...

Gardel serait-il enroué ?

Tango de Buenos Aires
où es-tu caché ?

Où sont tes bandonéons
tes larmes et ta mélancolie ?


II

Tango
où est ta chaleur
et ton âme de banlieue
populaire
avec sa tristesse
comme un cri.

Où sont les bals du samedi
au club social du quartier
où dansait la grand-mère
la jeune fille à marier
et aussi les tout petits ?

Où est ton âme
ta virilité
et ta violence prolétaire
d'ouvrier trop exploité ?


III

Où est le tango de Buenos Aires
qui sortait de chaque rue
de chaque fenêtre
de chaque Café
comme une brume nostalgique
comme un violon blessé ?

Gardel serait-il oublié ?
Le tango de Buenos Aires
se serait-il suicidé ?

Ou peut-être
peut-être
n'a-t-il jamais existé ?...

Ou alors il s'est perdu
au coin d'une rue
en buvant un opio-cola
bien frais
dans le dernier bar
populaire du quartier?...

28 octobre 2007

Comalapa














A Chimaltenango
au bout d'une route en terre
au pied d'un volcan
vous rencontrerez San Juan
de Comalapa
la ville des peintres
la ville de Curichiche
le premier magicien

et vous connaîtrez
Juan José Misa
David Curruchin
Filiberto Chali Xocop
Felix Chax
Víctor Cheix
Bal Chali
Pedro Tuc Tuc
Rosa Helena Curuchiche
Alvaro Chachach
et tant d'autres
et tant d'autres
le pinceau à la main
pour parler de Vinek Ak
de tambours et de chirimía
du marché et du lavoir
des fiançailles et des tisseuses
du bûcher du diable le soir
et des cerfs-volants
de maïs et de tortillas
de huipils et de fleurs

Comalapa en couleur
Comalapa en musique
marimbas et cérémonies
Comalapa des peintres
Comalapa comme la vie.


Guatemala (11/2/93 et 26/10/93)

24 octobre 2007

L’AN 2000

Voyez les yeux anxieux
des banlieues
du métro
et les queues
et les files
d'attente
des chômeurs
dans les bas-fonds
du regard résigné
dans le creux de l'oubli;

mais on vous dira :
c'est ainsi
c'est ainsi
et on n'y peut rien,
revenez demain..


Voyez la foule
de plus en plus compacte
des exclus
des sans famille
des sans logis
chômeurs épuisés
d'attendre une éclaircie
et de quémander
un peu d'espoir
un peu de vie;

mais on vous dira :
c'est ainsi
c'est ainsi
et on y peut rien,
revenez demain...III


Voyez les noirs
et les beurs
et les blancs
et ceux qui n'ont plus
de couleur
qui traînent
dans la rue
leur charge de déboires
et de peur
le regard brûlant
sous la pluie;

mais on vous dira :
c'est ainsi
c'est ainsi
et on y peut rien
revenez demain...


Et pendant que les vieux
clochardisés
par des promesses
cherchent dans les poubelles
de quoi se vêtir
de quoi manger
après la messe
et pendant que les jeunes
attendent le train
dans les gares désaffectées
du chômage de longue
et d'éternelle durée
dans la nuit de l'oubli;

on vous dira :
c'est ainsi
c'est ainsi
on y peut rien
revenez demain...


Et pendant que la misère
envahit progressivement
chaque rue
chaque quartier
chaque cité
comme une inondation
de pus et de larmes
et pendant que la drogue
envahit lentement
le cerveau et le sang
d'une génération
abusée et désabusée
depuis si longtemps
si longtemps
d'une si longue nuit;

on vous dira :
c'est ainsi
c'est ainsi
et on y peut rien
revenez demain.

Guatemala (25/10/93-11/01/94)

20 octobre 2007

UN HOMME QUI SEME

Il y a des hommes
qui viennent de loin
et de tous les chemins
on ne sait pas très bien
d'où et pourquoi
mais ils sont là...
et ils vous tendent la main

Il y a des hommes
au nom imprononçable
comme une capitale africaine
ou comme un relief égyptien
caché dans le sable
d'un mystérieux jardin

Il y a des hommes qui voyagent
avec les ailes du coeur
comme des hirondelles
le vent et le bonheur
et ils sèment et ils sèment
pendant que d'autres
ne font pas grand chose
ou au mieux font semblant

Il y a des hommes
qui sont là pour montrer
la lumière des pétales de roses
et l'éclat de la rosée
où d'autre ne voient
que des murs gris
et des issues bouchées

Il y a au Guatemala
un homme
débroussailleur de doutes
de broussaille et de sentiers
un homme dont les yeux
sont des oiseaux-mouches
de la Poésie, de l'Art
et de l'Amitié

Un homme qui cherche
et qui trouve
les fleurs et les fruits
du verger caché
là où d'autres
plus savants
n'auraient jamais rien trouvé

Mais je ne dirai pas son nom
car, bien entendu
vous l'avez déjà deviné.

(à Tasso Adjidodou)

16 octobre 2007

Tempête sur le lac Atlitlan

L'inspiration souffle
sur le lac d'Atitlan
comme les vaches maigres
du dernier printemps
avec l'écume et le vent
qui s'engouffre dans la terre
jusqu'au coeur de l'océan

jusqu'au coeur
de la terre
comme un tuyau de pipe
comme un éternuement
parmi les sirènes blêmes
parmi les pieuvres
les crabes et les caïmans

dans le tourbillon du temps
avec le jade et les naïades
dans le tympan de l'affluent
comme un coquillage en cage
comme les plumes du serpent

avec les oreilles bourdonnantes
de sable de sabres et de chants
jusqu'aux confins des volcans

jusqu'au gouffre froid
des intestins marins et maladroits
et des algues rouges
et des pénitents
tant de sacrifices
inutiles et sanglants
au plus profond de l'abîme
du lac Atitlan.

Guatemala (1995)

14 octobre 2007

LES COLLIERS DE SANTIAGO

Les colliers de haricots
rouges
de Santiago
sont encore frais
et bons pour être mangés
avec une tortilla
avec un coup de tequila
avec un piment
aïe tellement piquant
qu'il brûle le coeur
et les dents
des mayas d'Atitlan.

Mais les touristes
avec leur caméra
et leurs gros souliers
les touristes avec leurs sous
et leur regard organisé
pour suivre la piste
presque effacée
et défoncée
d'un passé triste
et jamais oublié
qui mène au présent
qui mène au passé
de haricots et de colliers

aïe tellement brûlant
le passé
aïe tellement violent
le présent
pour un peu de terre
et quelques monnaies.

Guatemala (1995)

11 octobre 2007

IL FAUT TUER LES ELEPHANTS

Il faut tuer les éléphants
c'est trop gros c'est trop grand
un éléphant
et ce n'est pas rentable
quand ça court dans la savane
ça casse ça dérange ça pue
un éléphant dans la rue.

Il faut tuer les éléphants
les buffles les biches
les girafes
et les orang-outangs
tous les nuisibles des champs
pour planter et planter
et semer en tout temps
afin de développer

et encore développer

les matières premières
et le libre marché...
des stupéfiants
car ça c'est rentable
et c'est stimulant

et quoi de plus beau
qu'un champ de coca
qu'un champ de pavot....

Guatemala (1995)

10 octobre 2007

Paris ma solitude

I

Avec mon accent marseillais
j'ai traîné dans les rues
de Paris la nuit
et j'ai souvent cru
dans ma solitude
que j'étais maudit


II

Avec mon accent marseillais
j'ai traîné sur les quais
de la Seine
pour retrouver les reflets
verts de l'eau et les péniches
de maître Marquet
et j'ai rencontré des reines
promenant leur caniche
et leurs plus fidèles valets


III

Avec mon accent marseillais
je faisais sourire les postières
et les garçons de café
et je ne savais pas peuchère
comment sortir de ma misère
et de mes longues nuits
de solitude et d'ennui
avec mon accent à Paris.

Guatemala (1995)

07 octobre 2007

Il pleut sur mon enterrement

Je vois mon enterrement
clopin-clopant
un tout petit enterrement
minuscule cortège sans enfants
et la pluie et le vent
plof plof plof
contre la terre et les rochers
et mon corbillard qui roule
roule roule loin des foules
loin des prières
et des manières
et des faux-semblants.

Loin loin des tambours et des trompettes
mon petit enterrement champêtre
clopin-clopant
et moi content sous la pluie
d'avoir vécu pendant que les autres
faisaient semblant
faisaient semblant
faisaient semblant...

et moi clopin-clopant
sous la pluie
de mon enterrement.

Guatemala (1995)

06 octobre 2007

Les patrons

Des patrons
j'en ai connus de toutes nationalités :

J'ai connu des argentins des italiens
des belges des suédois
des africains
et même un hongrois...

J'ai connu aussi des patrons français :
il y en avait des mauvais
il y en avait des bons
il y en avait des sévères
des généreux des méchants
des nuls et des compétents.

Il y avait des méticuleux
qui coupaient en huit chaque cheveu
et il y avait les exigeants
ceux qui vous exprimaient
vos dernières forces
jusqu'au sang jusqu'au sang
et qui n'étaient
jamais contents
jamais contents
jamais contents...

Mais croyez-moi
les pires patrons
ce ne sont pas les argentins
ni les wallons
ni les italiens ni les suédois
ni les africains ni les hongrois

non
je les connais bien
et je ne les ai pas oubliés
les patrons français

Guatemala (1995).

03 octobre 2007

COLERI ET COLERA

Et il y avait des vagues
des vagues et des vogues
et des modes
d'aujourd'hui de demain
en diligence et la chance
des petits chemins
des petits trains

Il y avait plus de nuances
plus de musiciens
sur toutes les routes
et dans chaque coin
et dans chaque cas
coléri et coléra

ce soir je dormirai dans le foin
demain peut-être dans des draps
et je rêverai et tu rêveras
de coquelicots et de mimosa
toujours plus loin
toujours plus au-delà
coléri et coléra

et je rêverai et tu rêveras
de fuir la ville et le froid
là où il n'y a plus de lendemains
là où il a trop de bras
et trop de mains
et comme seul et unique destin
la colère et le choléra.

Guatemala (1995)

02 octobre 2007

Socialisme

Ce fut l'espoir
le soleil qui se lève
la main tendue
la bouée
qui nous aide à flotter
quand tout semble couler.

Ce fut un bouquet de fleur
au milieu de la tempête de neige.
La générosité fraternelle
des hommes pour les hommes
sur le chemin de demain.

Ce fut un grand espoir de justice
ce fut notre jeunesse
nos illusions...

Tous nos rêves furent dévorés
par les dents blanches
de l'hypermarché mondial.

22 septembre 2007

Je parle avec moi-même

Souvent je parle avec moi-même
et je dois dire
que ce n'est pas toujours facile.

Il y a tellement de questions sans réponse !

Ah, les artistes !...

16 septembre 2007

La pourriture

Baudelaire qui pourrissait du dedans
parlait avec une certaine jouissance de la pourriture
en connaissance de cause...

Je connais un poème qui parle
longuement méticuleusement
de la pourriture d'une orange.

J'ai vu un jour le cadavre pourrissant d'un cheval
au bord d'une belle rivière
au pied de la Cordillère des Andes
un porc en liberté le dévorait goulûment.

J'ai vu à la télévision des cadavres pourrissant
dans les tranchées
de multiples guerres coloniales organisées
par les gouvernements des pays les plus civilisés.

Pourtant
je ne trouverai certainement pas de revue de poésie
qui veuille dans l'état actuel de la culture occidentale
publier un poème sur la pourriture.

11 septembre 2007

Mon pays





















J'aime Paris et la Provence
j'aime la providence
qui m'a fait naître ici
dans cette belle France
pays d'Art et de Poésie.

Mais j'aime aussi la distance
qui m'éloigne de mes soucis
et de tous ces bourgeois rances
qui momifient notre beau pays.

09 septembre 2007

La vie

C'est la vie !
Répètent sans cesse les survivants
de la nuit.

C'est la vie
quand tout va mal
et quand il pleut à torrents
sur le trottoir gluant
de la déchéance
sans amour
sans espoir
et la crasse la crasse
qui vous bouffe la vie.

C'est la vie !
Quand on tombe dans le ruisseau
gris de la dernière pluie
l'alcool qui vous sert de lit
qui vous sert d'oubli
sans un toit
sans amis
et la crasse la crasse
qui vous bouffe la vie.

D'ailleurs :
Est-ce vraiment une vie ?...

08 septembre 2007

Quelle Europe pour demain ?...

Je pense parfois aux guerres
entre cousins et entre frères
détruisant, bombardant, tuant,
pour d'obscures raisons
que l'Histoire éclaire sans pour autant
nous dire comment
éviter la prochaine guerre.

Pauvres peuples
conquérants et conquis
dans la haine du voisin
tant de rêves détruits
pour les reconstruire demain.

Je pense à l'Europe en frère
sans vainqueurs ni vaincus
je pense à une Europe
respectueuse de la liberté
fraternelle et généreuse
modèle d'humanité...

Mais je ne vois que des technocrates
constructeurs de supermarchés.

04 septembre 2007

La haine monte en moi

Ne me parlez pas d´amour
de tolérance
de solidarité
ne parlez surtout pas de charité
et d´aide humanitaire...
la haine monte en moi
comme la lave qui déborde du volcan
car votre discours messieurs
ne cache pas votre dur regard
de pilleurs organisés.

02 septembre 2007

Crimes

On a commis tant de crimes
au nom des bonnes causes.

Toutes les causes sont bonnes
pour empoigner un fusil.

Que faire pour ne pas devenir
comme nos pires ennemis ?...

30 août 2007

Petites fleurs

Marguerite

Elle tousse à chaque baiser
du papillon et du jardinier
marguerite marguerite
Te voilà avec une bronchite


Passiflore

La fleur de la passion
marteau clous et couronne
symbole et illusion
de la conquête espagnole

Géranium

Fleur de pauvre
fleur de balcon
il pousse dans un pot
en écoutant les feuilletons

Lis

Cette blanche fleur
a coûté trop de têtes
parmi les seigneurs
parmi les saigneurs

Camélia

C’est une gente dame
Rose et fragile
Un pétale d’argile
Emaillé de drame.

Petites Fleurs volées dans le jardin des nymphes (2000)
Vericuetos collection escargot au galop

26 août 2007

L’obligation de réserve

Tout fonctionnaire est tenu
au devoir de réserve
c’est-à-dire
quand les supérieurs hiérarchiques
volent l’Etat
travaillent mal
arrivent en retard et partent avant l’heure
cachent des informations essentielles
concernant la sécurité de leur personnel
et publient des règlements
qu’ils sont les premiers à ne pas respecter
et quand le chef est odieux
avec ses subalternes
et servile avec ses supérieurs
quand le chef accuse sa secrétaire
de tout ce qu’il n’a pas su assumer
par incompétence et par paresse
par couardise et par habitude
quand le supérieur hiérarchique
est un inférieur congénital
incapable d’assumer ses responsabilités
quand l’Etat couvre
des milliers de « petites fautes »
pour mieux en commettre de très grandes
impunément dans le secret
car il existe en France quelque chose
au-dessus de toute morale
au-dessus de l’honnêteté citoyenne
au-dessus de la conscience professionnelle
« le devoir de réserve »

21 août 2007

Lettre à Bernard Godefroid de "La Cigogne"

Cher ami,
Encore merci pour votre générosité. Toute une page avec mes poèmes et la publication de ma lettre dans le numéro 85 sont pour moi un encouragement car, généralement, mes poèmes, mes opinions politiques et mes options culturelles ne font pas l´unanimité chez les revuistes. Je les comprends : choisir la Résistance n´est pas une décision aisée ni même recommandable aux indécis. C´est d´ailleurs cette faiblesse humaine qui permet qu´un peuple intelligent et modéré, comme peut l´être le peuple français, vote pour un substitut de l´extrème droite. Comment le pays qui a pour devise “Liberté, Egalité, Fraternité” peut-il tomber si bas ?
Je ne peux éviter de penser que l´indiférence, le pessimisme et l´apolitisme décadent des intellectuels de la fin du XXème siècle sont, en grande partie, la cause d´une telle déchéance. Si ceux qui ont pour fonction première de penser, d´inventer et d´orienter l´avenir baissent les bras et refusent le rêve et l´Utopie, que peut-on espérer des masses populaires toujours à la recherche d´un peu d´espoir ? Que peuvent offrir les hommes politiques au peuple, si leurs plus grands penseurs et poètes ne voient plus rien d´attrayant dans les idées généreuses ?
L´échec du stalinisme laisse croire, à certains, qu´il n´y a pas d´autre issue que le capitalisme sauvage. Le manque de liberté, les restrictions et le totalitarisme politique de l´ex-Union Soviétique ne devraient pas faire oublier la longue liste de violences, d´injustices et de calamités que nous apporte le capitalisme déchainé et sans freins. Je lisais dans Le Monde (27/1/06) que les “zones franches”, soit les espaces de territoires ouverts à tous les trafics et abus des industriels et des banquiers, sont passés de “850 en 1998...à plus de 5.000 en 2004". Alors ?...
Peut-on se dire poète et ignorer que, malgré l´abondance de produits industriels, des millions de nos semblables, certains à deux pas de chez nous, n´ont pas de quoi se nourrir correctement, de quoi se loger, de quoi se soigner ? Le grand poète maya-kiché Humberto Ak´abal dit :”Pour ceux / qui ne parlent pas notre langue / nous sommes invisibles”. Poète, ouvre donc les yeux !...


Salutations solidaires

18 août 2007

Conclusion

Je n´ai pas pu rencontrer ce jeune artiste à Goiânia, car il poursuit ses études supérieures dans une autre ville. Je crois néanmoins que son analyse de l´art, “à la mode” dans les salons et festivals, est courageuse, pertinente et nécessaire. L´artiste niçois Ben avait écrit sur l´un de ses tableaux “L´art est une escroquerie”. Mais les escrocs sont surtout les vautours qui spéculent avec l´art. L´art, le vrai art, celui qui survit aux modes, se porte bien. Il suffit d´ouvrir les yeux et le coeur pour le voir. Et, de temps à autre, le portefeuille pour soutenir les jeunes artistes...

15 août 2007

La «ré-institutionalisation » de l´art : La misère de l´artiste

par Alexandre Barbosa

“Notre intention est de faire une synthèse, d´un point de vue de la théorie critique - ou “moderniste”, si vous préférez - sur le débat de l´art de notre époque, nommé, au Brésil, “post-moderniste” ou “ultra-moderniste”, pour pouvoir nous positionner par rapport à l´art moderne.
Le concept de l´art que nous utiliserons est celui que Bourdieu attribue au discours traditionnel de l´Académie des Beaux Arts. Concept que nous retrouvons, entre les lignes, chez un auteur comme Gombrich. Cette généralisation est simple et fonctionnelle : L´art moderne est une sorte de production culturelle qui n´est pas créée pour répondre à une demande pré-déterminée. Ainsi l´art se différencie de l´artisanat, car ce dernier mode de production répond lui à une demande spécifique, qui peut être considérée comme essentiellement “commerciale”.
Si tous ces concepts existaient à l´état pur et n´étaient pas aussi liés et emmêlés, comme ils le sont dans la réalité, on pourrait facilement séparer l´oeuvre dite “artistique” de l´oeuvre “artisanale” ou même très “commerciale”.
Par exemple, quand nous allons dans une galerie d´art “commerciale” et achetons un paysage traditionnel, il y a de bonnes chances que nous ayons acquis une oeuvre artisanale. Par contre quand nous visitons le salon annuel d´Art Contemporain et observons les réalisations “d´avant-garde” nous pouvons supposer qu´il s´agit là d´authentiques oeuvres d´art.
Une fois défini le concept de l´art et accepté comme un axiome nous pouvons entrer dans le vif du sujet : En quoi se caractérise l´art d´aujourd´hui (qu´il soit “post” ou “ultra”) et en quoi il se différencie de l´art dit “moderne” ?
La réponse sera claire si nous nous situons dans une perspective historique. L´art, tout le long de son histoire a, presque toujours, choisi de renforcer les institutions culturelles, politiques et sociales établies. L´art grec, qui jusqu´à aujourd´hui enchante ceux qui adhèrent au modèle aryen de beauté et d´élégance ; mais aussi la Renaissance qui glorifie et sanctifie l´image de l´homme, c´est-à-dire l´image d´une nouvelle aristocratie née du commerce.
La modernité apporta, dans sa période de grande vigueur créative, un nouveau paradigme à la production artistique. Les idéologies associées à l´idée de modernisme - le socialisme, le communisme, l´anarchie, le fascisme - ont en commun, un certain nihilisme - soit le désir de destruction et de reconstruction utopique du monde - et l´esprit “révolutionnaire” que suppose l´adhésion à ce type d´idéologie. L´institution (le système) devient ce qui doit être combattu et non plus ce qui doit être exalté et légitimé par l´art. Pour ce nouvel art, la critique a un rôle déterminant : L´art doit avoir un engagement révolutionnaire et non plus un rôle de soumission aux valeurs traditionnelles.
Maintenant nous pouvons comprendre avec plus de clarté la situation de l´art d´aujourd´hui. Les idéologies de la modernité ne sont plus acceptées de façon inconditionnelle par “l´avant-garde” (en réalité le concept même d´avant-garde se dilue) et l´avant-garde artistique et intellectuelle n´est plus une croyance largement admise qui justifierait le besoin d´un art critique, révolutionnaire et anti- institutionnel. Toutes les difficultés et toutes les souffrances générées par l´attitude révolutionnaire comme l´exclusion de l´artiste des circuits institutionnels et la condamnation à l´anonymat, ne sont plus considérées comme valorisant ou comme des vertus ascétiques. L´art révolutionnaire s´est tellement affaibli que même la révolte (absorbée, domestiquée et modérée jusqu´à devenir totalement inoffensive pour les institutions), est considérée comme un “phénomène de jeunesse” sans plus aucun impact et conséquences sur la société.
En termes d´esthétique, nous n´avons pas un art nouveau, mais une perpétuation imitative du “modernisme”classique. Nous devons néanmoins signaler que la plupart de ces artistes se veulent critiques, c´est-à-dire modernistes. Ceci explique le grand fossé qui existe entre le discours et l´oeuvre ; entre le public et l´oeuvre. Par exemple, une “performance” se présente selon une esthétique semblable à celle des précurseurs, mais avec une intention totalement différente. Les premières “performances” étaient des provocations, des actions destinées à déranger les institutions, à les ridiculiser même. Aujourd´hui les “performances” sont officialisées et sont même prévues dans la programmation des salons et des festivals !
Ce qu´il y a de plus contradictoire dans ce processus c´est que les artistes qui réalisent ces “performances” (et d´autre type d´actions dans cet esprit) continuent à garder un discours prétendument anti-institutionnel, malgré l´évidence de sa fausseté. (...)
Cette réutilisation de la tradition “moderniste” d´un art critique et anti-institutionnel dans une production conformiste et institutionnelle donne des arguments à tous ceux qui ne voient pas une rupture, mais tout simplement une continuité dans les conventions de la post-modernité.
Dépourvu de l´élan révolutionnaire, qu´on aurait pu espérer dans un monde réel, l´artiste contemporain devient l´héritier d´une tradition dont il garde l´esthétique et le discours, mais non pas la pratique et il se met ainsi en porte-à-faux. Son oeuvre, qu´il le veuille ou non, n´est ni commerciale ni artisanale ; donc elle ne sera reconnue que si elle obtient la consécration officielle (jury de salons, critiques d´art, marchands). Mais le pouvoir de ces mécanismes de consécration n´a pas de base solide, il n´est que symbolique. Duchamps avait déjà démontré qu´absolument ”tout est art”, donc ce n´est plus la maîtrise d´une technique qui peut, comme dans le passé, être considérée comme une référence de qualité. Aujourd´hui la technique appartient plus au domaine de l´artisanat qu´à celui de l´art.
Ainsi un objet quelconque peut être considéré de l´art par les institutions et par leurs mécanismes de consécration qui se basent, généralement, sur un discours dénué de raisons logiques ou fondées et qui trouve sa légitimité par le seul fait des prix et de la renommée fabriquée par les salons et les galeries.
Les artisans vivent de leur production, mais l´artiste ne peut vivre que de ce qui est légitimé par les institutions. Il n´y a plus, comme par le passé, de mouvements assez importants d´artistes qui pourraient, ensemble, imposer un art critique et anti-institutionnel. L´artiste contemporain, s´il veut être reconnu, ne peut produire que des projets “bureaucratiques” destinés aux salons et prier pour que l´oeuvre présentée attire l´attention bienveillante du jury.
La possibilité de que ces oeuvres institutionnelles puissent contenir une critique ou une contestation du système est peu probable, car difficilement les institutions pourraient approuver un art qui leur est hostile.
Malheureusement les artistes, par ignorance ou immoralité (ou un peu des deux, comme c´est généralement le cas) continuent à véhiculer un discours dans la tradition embaumée de la « radicalité » moderniste. Ils sont ainsi d´authentiques post-modernes comme les hommes politiques qui se disent près de leurs électeurs, comme les entrepreneurs qui disent penser surtout à leurs “collaborateurs” et y compris comme les professeurs, qui se mentent à eux-même en affirmant leur engagement pour l´éducation des étudiants, quand ils ne sont rien d´autre que les émissaires de l´idéologie dominante.”


Alexandre Barbosa

13 août 2007

Do Brasil - L´Alliance Française

Les Alliances Françaises en Amérique Latine sont le dernier bastion de la culture française sur ce continent. Cette ancienne institution, aux multiples ramifications autonomes, fonctionne selon le principe français des associations Loi 1901 en France et chaque ville a son propre Comité qui gère son centre. L´Alliance s´auto-finance par ses activités payantes d´enseignement du français. La France fournit, pour les plus importantes, un directeur-enseignant français. A Goiâna il y a plus de 300 élèves, à Rio de Janeiro 7.000, à Sâo Paulo 10.000 ! Partout, au Brésil, la demande de culture française augmente mais, semble-t-il, les subventions de l´Etat français ne suivent pas. Celles des “sponsors”, les grosses entreprises françaises, non plus. Donc, contrairement à ce qu´on entend en France, ce n´est pas l´intérêt pour la langue et la culture françaises qui baisse, mais les moyens matériels pour les enseigner et les diffuser. A Goiânia par exemple, d´après une étude réalisée récemment par un expert en marketing, on pourrait facilement doubler le nombre d´élèves, mais les locaux trop exigus de l´Alliance ne le permettent pas.
Par ailleurs, l´Alliance ne se limite pas a diffuser la culture française, mais essaie, malgré ses moyens restreints, d´établir un dialogue avec les jeunes artistes et intellectuels de sa ville. A Goiânia elle organise même une exposition par an de jeunes créateurs et elle publie avec eux une petite revue : “Le mur”. C´est un article, publié dans cette mini-revue, que j´ai traduit pour “Florilège” car il présente, avec talent et pertinence, un panorama de la situation de l´art et des artistes contemporains au Brésil et ailleurs :


prochainement le très intéressant article de Alexandre Barbosa sera publié ici

10 août 2007

Je voudrais dire...





















Je voudrais dire mon coeur
mes yeux fatigués
je voudrais dire oui
et mon âge dit non.

Mon âge pèse septante cinq kilos
sur la balance du temps
qui s'échappe doucement
de ma pauvre cervelle grippée.

Et la poésie qui tape à ma porte
et ma porte coince grince
faute d'huile de sycomore
pour les articulations signalées.

Que vais-je devenir plus tard
dans l'immensité du silence
de l'infini poussiéreux des étoiles
dans un champ blême de croix
que vais-je devenir sans poésie?

05 août 2007

L’humanité couleur pétrole

Chaque fois que la haine
remplace la raison
chaque fois que la religion
développe la haine.

Chaque fois que les menaces
remplacent le dialogue
chaque fois que la violence
remplace le compromis

Chaque fois que les plus forts
écrasent les plus faibles
chaque fois qu’un peuple
devient l’otage de la faim.

C’est le prix à payer
me dit le pompiste
pour que vos voitures
roulent il faut des morts

Aujourd’hui la civilisation
a la couleur du pétrole
demain les morts
iront à pied
chez le pompiste

Goiânia, décembre 2006

02 août 2007

Les inventions

Ceux qui inventèrent le feu
et ceux qui inventèrent l’arc et le flèche
et ceux qui inventèrent la poudre
et ceux qui inventèrent le canon pour la poudre
et ceux qui inventèrent les pharaons et les rois
et ceux qui inventèrent les conquérants
et ceux qui inventèrent l’esclavage
et ceux qui inventèrent la République
et ceux qui inventèrent Liberté-Egalité-Fraternité
et ceux qui inventèrent l’électricité
et ceux qui inventèrent la chaise électrique
et ceux qui inventèrent la machine
et ceux qui inventèrent le travail à la chaîne
et ceux qui inventèrent la rentabilité
et ceux qui inventèrent la solidarité
et ceux qui inventèrent les syndicats et les coopératives
et ceux qui inventèrent l’écologie
et ceux qui inventèrent que le monde peut changer
et ceux qui inventèrent que l’homme a une âme
et ceux qui inventèrent la publicité
et ceux qui inventèrent les supermarchés
et ceux qui inventèrent le progrès
et ceux qui inventèrent les limites du progrès
et ceux qui inventèrent l’espoir de vivre mieux
et ceux qui inventèrent l’enfer de produire plus
et ceux qui inventèrent l’exploitation
universelle, sans limites, cruelle et immorale
de l’homme par l’homme,
depuis que les hommes inventèrent le feu
que sont devenus les hommes ?…


Goiânia, décembre 2006

22 juillet 2007

Je pourrais aussi vous parler de mon âme

Je pourrais vous parler de guerre
des morts en Afrique ou en Irak
du chômage en France des sans abri.

Je pourrais vous parler du gâchis
des inondations des incendies
de la sécheresse et de la messe
du CAC-40 et du couac 2040
(la fin annoncée du pétrole bon marché)
mais aucun éditeur de poésie
ne voudrait de mon poème
toton tontaine, que nenni !

Pourquoi parler de choses vilaines ?

Raconte-moi ton âme profonde
et parle d´oiseaux et de fontaines
et tu n´auras que des amis, poète,
toton tontaine, et quels amis !...

18 juillet 2007

Bougainvillées

Notre grande fenêtre
est devenue un mur
de bougainvillées mauves
qui chatouillent la vitre
effleurent le regard ému
et le fond du baril
de l´âme palpitante
de bonheur disponible.

Rue 120 au Sud de Goiânia
les branches rouge sang
violettes et orange thé
dépassent nonchalantes
le mur des voisins
et s´étendent sur le trottoir
comme mille grappes
de rubis et d´améthystes
et font palpiter de bonheur,
au fond du baril,
l´âme disponible
du poète distrait.

Le bougainvillée comme le lierre
peut grimper sur un arbre
et l´étouffer sous la générosité
dévorante de sa beauté.


Hier je regardais
sur mon écran
des politiciens s´affronter
et, la beauté en moins,
je voyais en eux
toute l´énergie cannibale
du vigoureux bougainvillée
et mon âme disponible
palpitait de peur
du fond noir du coeur
du baril fermé.

Goiânia, avril 2007

14 juillet 2007

Je voudrais pouvoir dire...

Je voudrais pouvoir hurler
comme le vent
de temps à autre
assez, assez, assez
de vos phrases mesurées,
polies, vagues et châtrées !

Comme le vent
je voudrais pouvoir crier
assez de communication
assez de représentation
professionnelle et intéressée
et pour une fois par respect
par amour de la vérité
soyez honnêtes, sincères
et surtout soyez vrais
et
sur la scène surélevée,
derrière des masques
qui cachent les grimaces
j´entends le murmure
indigné des privilégiés :
voyons voyons messieurs
un peu d´ordre dans la salle
gardons, hum, notre dignité !...






C´est alors qu´éclatent
le tonnerre et la foudre
d´une voix autoritaire
pour une fois spontanée
qui part du ventre mou

de l´estrade illuminée :

- Nous n´accepterons pas
l´insolence des provocateurs,
des voyous, des chômeurs
des moins que rien !...
Au nom de notre identité
chassez-les, écrasez-les,
enfermez-les, expulsez-les
dare-dare loin d´où ils sont nés !...

et la foule ébahie et ravie :
- Voilà enfin un homme
qui sait parler vrai,
votons donc pour lui!..

Goiânia, avril 2007.

11 juillet 2007

Hommages aux poètes

Depuis que je suis installé à Goiânia je reçois de multiples gestes de gentillesse de la part des poètes de Goiânia, dont de nombreux dons de livres. Ma bibliothèque est certainement l´une des mieux fournies en poésie contemporaine de l´Etat de Goiás. Je découvre ainsi une variété et une qualité de poésie surprenantes. C´est généralement une poésie raffinée et même parfois érudite, écrite dans un langage d´une telle richesse qu´elle est parfois intraduisible.
Les expressions régionales (14.000), la flore, la faune et la cuisine brésiliennes ajoutent à la langue portugaise un grand nombre de difficultés linguistiques pour le traducteur.
Je viens de finir la traduction du dernier livre de Aidenor Aires “Elégies”. Il est déjà à l´imprimerie. Quel beau livre ! Mais jamais je n´ai autant souffert pour traduire des poèmes. C´est une poésie tellement proche de la réalité latino-américaine qu´il est parfois très difficile de transmettre l´émotion du vécu.
Par ailleurs ma petite anthologie “3+1 (poésie)”, publiée par “Les Amis de Thalie”, rapporte des commentaires plutôt positifs. Je suis heureux d´avoir réussi à réunir, pour la première fois dans un même livre, trois remarquables poètes d´Amérique Latine : Aidenor Aires, Humberto Ak´abal et Rodolfo Alonso.
Oui, décidément je suis heureux de vivre à Goiânia où toute l´année c´est l´été, où la nourriture est variée et toujours délicieuse et où partout l´amabilité et le sourire sont une règle de vie. Le tout en poésie...

09 juillet 2007

Bilan : Goiás et la poésie

Certains pensent que notre déménagement à Goiânia, à l´âge où d´autres réservent une place à la maison de retraite de leur ville, fut quelque peu osé et irréfléchi. Comment peut-on, volontairement, quitter la France, ce beau pays “d´art et d´histoire” comme l´indiquent les panneaux à l´entrée de très nombreux villages, pour un pays “émergent”, c´est-à-dire, en langage clair, un pays sous-développé comme le Brésil ?
D´ailleurs tous les Français qui ont vu “Orpheu negro” et les images télévisées du carnaval de Rio et des favelas, croient pouvoir juger objectivement les conditions de vie des brésiliens pauvres. Certains savent aussi qu´il y a au Brésil des gens immensément riches qui vivent dans des espèces de châteaux forts modernes (les condominiums), gardés jour et nuit, et ne sortant qu´accompagnés de gardes du corps. Par contre la classe moyenne, pourtant nombreuse en Amérique Latine, est généralement effacée de ce scénario, puisque tout le monde croit qu´elle n´existe qu´en France et dans quelques autres pays développés.
Le fait est que, comme partout ailleurs, tout ce qu´il y a d´intéressant et de nouveau en art, en littérature, en musique est principalement l´oeuvre de la classe moyenne. Cette classe moyenne qui, comme en Europe, fait des sacrifices pour s´instruire et pour envoyer ses enfants dans les universités d´Etat et privées.
A Goiânia, par exemple, il y a huit universités, avec des dizaines de milliers d´étudiants et dont au moins 20% des élèves bénéficient de bourses d´études, afin de donner accès aux études supérieures aux enfants des couches sociales les plus défavorisées. Par ailleurs il existe des cours du soir pour les étudiants qui travaillent. L´employée du guichet de la poste qui timbre mes lettres, est en train de passer ses derniers examens de droit pour être avocate et la fille de notre employée de maison travaille dans une boulangerie et suit des cours du soir.
Certains des professeurs d´université et poètes que je connais à Goiânia, on fait ainsi leurs études. Quelques uns étaient même de famille très modeste. Au Brésil, pays nouveau et aujourd´hui relativement prospère, la mobilité sociale existe encore. L´espoir d´une vie meilleure et plus intéressante grâce à l´effort personnel n´est pas un discours édifiant mais une réalité.
La poésie
La poésie, entre autres, occupe une place d´honneur dans cette promotion sociale et intellectuelle. J´ai devant moi le dernier livre de José Mendonça Teles “Dicionário do Escritor Goiano” (Dictionnaire de l´Ecrivain Goianais) avec 1.113 biographies. J´ai même l´honneur d´y figurer, malgré moins de deux ans de résidence à Goiânia ! Quand je compare ceci avec le mépris des français pour la poésie et la lenteur officielle avant de reconnaître la qualité “professionnelle” d´un auteur - souvent post mortem- je dois admettre que j´ai, dans ce domaine, gagné au change.
A Lectoure (Gers), ville de naissance de Pey de Garros, le “père de la renaissance poétique occitane” (±1525-1583), pour mettre une plaque commémorative sur une place, il y a quelques années, c´est une petite association de poésie qui a dû la payer !
A Goiânia la plupart des hommages aux écrivains et poètes se font quand ils sont encore en vie.



Continue.

04 juillet 2007

Le caviar à 6.000 euros !




















Le caviar à 6.000 euros
le kilo
c’est donné...
deux nuits d’hôtel
la robe de ma maîtresse
ma montre inox
et son chien fox
un dîner avec des amis
l’assurance de ma voiture
la pension pour mon ex
une heure au casino
un petit meuble aux puces
une estampe de Beuys
que des broutilles
des broutilles je vous dis
que n’importe qui peut
Se payer
de toute façon l’argent
est fait pour être dépensé
n’est-ce pas ?
le caviar à 6.000 euros
c’est donné
pourquoi s’en priver ?...

01 juillet 2007

Voyage à Montevideo

De retour d´un deuxième voyage à Montevideo (Uruguay) j´aimerais vous raconter quelques rencontres poétiques :
- Dans une librairie j´ai trouvé une grosse anthologie du poète uruguayen Mario Benedetti “Inventario Uno” (poésie complète 1950 à 1985). Ce poète né en 1920 est certainement le plus lu dans toute l´Amérique Latine. Sa poésie est riche, accesible et proche des gens. D´où la grande popularité de cet écrivain engagé qui ne néglige pas de faire des textes pour des chansons populaires.
- J´ai également trouvé un agréable petit livre de Idea Vilariño et un autre de Ida Vitale, deux passionantes femmes poètes uruguayennes contemporaines. D´ailleurs je cherche un moyen pour entrer en rapport avec ces poètes pour avoir l´autorisation de les publier, avec éventuellement quelques autres, dans “Florilège”. Les liens que nous tissons avec l´Uruguay vont peut-être le permettre.
- L´idée est de créer un courant d´échanges culturels entre Montevideo et Goiânia. Plusieurs responsables, des deux côtés, soutiennent ce projet.
- Puis j´ai trouvé, dans une immense librairie, un magnifique livre avec les photos d´un uruguayen Jorge Aramburú et les poèmes de Humberto Ak´abal, un grand poète Maya, qui a pour titre “Guatemala, tejiendo las huellas”, édité par Linardi y Risso à Montevideo.
Chez ce même libraire-éditeur j´ai trouvé, par hasard, un livre bilingue que je cherchais en vain au Brésil “Visión de la poesía brasileña”, réalisé par le renommé poète brésilien Thiago de Melo.
Un voyage riche en découvertes.

Extrait de "Do Brasil", texte écrit pour la revue "Florilège"

11 juin 2007

Si vous n´avez rien à dire

Si vous n´avez rien à dire
pas de crayon pas de papier
pas de conscience sociale
et pas la moindre idée

si vous n´avez pas de souvenirs
de cigales de genêt ni de terre labouré
si vous n´avez jamais eu la peur
de perdre votre emploi mal payé

alors

avec habilité et persévérance
et quelques relations bien placées
vous pouvez devenir académicien
ou encore et pourquoi pas
menteur des quatre chemins
comme nos élus et leurs avocats
pourvu, trou du c... que ce soit du bon français...

08 juin 2007

Dada toujours

Assez assez assez
Dada n´est pas une tranche
de votre sale Histoire
d´historiens glacés
Dada vous emmerde
car Dada c´est la vie
qui bouge et qui crie
(et je reste très poli....)
Dada ne veut pas être classé
ni dans une grille académique nique
ni dans une éprouvette pète
ni même déclassé alphabétique tique
par des proctologue mimétiques
car la vie est ce qu´elle est
et elle n´est pas quantifiable fiable
par contre toutes les statistiques
vous le diront Dada dindon dis-donc
Dada riront Dada rira rond potiron
de toutes les conventions.

05 juin 2007

J´aimerais voyager




















J´aimerais voyager
pour arriver dans un pays
et dire bonjour mes amis
voilà ce que je peux donner
du sel du pain
et un peu d´art
le meilleur de moi-même
simplement

je voudrais pouvoir dire :
aujourd´hui je tends la main
pour un peu d´amitié
je ne demande rien
votre regard me suffit
et je vous donnerai ma poésie
simplement

voilà mon coeur
mon sel mes mains
un peu d´art un brin de poésie
le meilleur de moi-même
n´est pas à vendre
car l´amitié n´a pas de prix

recevez-le simplement.

02 juin 2007

Est-ce que ça vaut la peine?

Est-que ça ?
Est-ce que chat ?
Pour ne pas dire chien
ça vaut la peine
de se donner tant de peine
pour un peu d´Art, frère ?

Tant de sueur
pour trouver
la petite lueur cachée
dans un pli du coeur !

Quelle horreur !
Oh combien de misère
pour un peu d´Art, frère !.

Tant d´heures de doute
et tant de jours de solitude
pour figer un instant
de mystère
soit presque rien
une étincelle
une infime lumière
du fin fond de l´âme.

29 mai 2007

"Les artistes créatueurs"

De remise en question
en restructurations profondes
la montagne du doute
mord de ses longues dents
la pomme verte et carrée
inondée de sueur et de sang
parmi ombre et mystère
illusion trop éphémère
d´un paysage intérieur lointain
qui accable l´artiste créatueur
de l´avant-garde de demain.

26 mai 2007

Elle



















Elle est frêle, timide, pudique
comment ne pas s'attendrir ?

Elle est jeune, fine, gracile,
comment ne pas la chérir ?

Elle est mystérieuse, profonde, secrète,
comment ne pas l'admirer ?

Elle est transparente, pure, légère,
comment ne pas la choyer ?

Et parfois elle pleure, elle dénonce, elle crie,
les horreurs de notre triste vie
comment ne pas la respecter ?

Elle, la poésie...

22 mai 2007

La vie

La vie
tous les jours
année après année
le quotidien
aujourd'hui demain
et après après-demain
les vagues
quelques bonheurs
et les regrets.

La vie et le vent
qui se faufilent
sournoisement
comme une ombre éphémère
parmi d'autres ombres
et d'autres mystères
quand arrive
le passage au néant
et le début d'explication
du pourquoi et du comment

alors, c'est la fin de la poésie.

12 mai 2007

La mer



















La mer est souvent
bleue et salée
bleue comme tes yeux
salée comme les larmes
d´un putain d´été
il y a longtemps
mais je n´ai pas oublié.

09 mai 2007

Recette capitaliste d'été

Prenez un site au bord de la mer
un petit chemin parmi les genêts
une pinède et quelques rochers
un bout de plage et du soleil
rasez aplanissez bétonnez
amenez des foules stressées
agitez polluez vendez
et vous aurez le bonheur...rentabilisé.

04 mai 2007

Tourisme

Les touristes du Nord de l'Europe sont souvent accueillis, dans les hôtels du Sud, comme un docile troupeau de vaches à lait et pourtant, dans l'ensemble, ils paraissent heureux et satisfaits de leur séjour plage-de-sable-blanc surpeuplée.
Les Européens du Nord ont une certaine attirance morbide pour les camps de concentration améliorés du Sud, pourvu qu'il y ait un guide qui parle leur langue et du soleil. Ils sont même disposés à payer assez cher pour se déplacer en groupe et être parqués dans des ensembles hôteliers semblables à leurs HLM habituels.
Les Européens du Nord sont les réfugiés pathétiques de notre siècle de tourisme de masse et de supermarché.
Les Européens du Nord sont des gens sérieux...

01 mai 2007

Utopie

L'utopie aujourd'hui
est une seule voie
dont le pont trop étroit
d'une vallée de larmes
et tant d'espoirs cachés
souvent trop haut perchés
pour nos rêves fragiles
car de rêves il s'agit
et d'amour peut-être

enfin rien de concret
des délires de poète
qui remplit son grenier
de poèmes sur l'oubli.

29 avril 2007

L'érudition moisie

Toute une vie d'études austères
toute une vie de livres
et de poussière
vouée au passé
et aux vieilles pierres
par ĺodeur alléché
d'un riche vocabulaire
entre deux ruines
et quelques vieux cimetières...

Pas un rêve vivant
pas un poète présent
pour nous faire aimer
le vrai sens du mystère.

26 avril 2007

Parfois

Parfois je voudrais pouvoir dire :

Voilà c'est moi
voilà ce que j'ai fait
avec mes rêves et mon âme
avec le temps qui casse
le temps qui fane
sans laisser de traces
avant de fleurir
avant de mûrir
avant même notre naissance
et cette peur dans les tripes
cette peur de mourir dans la crasse
cette peur de vivre qui lasse
de tant de vide
dans le trop plein
du désespoir quotidien.

19 avril 2007

Il y a des gens

Il y a des gens
comme vous et moi
des gens qui croient
des gens cravatés et polis
des gens qui ne feraient pas de mal
à un éléphant et même qu´ils prient
chaque soir samedi compris
et disent merci Dieu et Marie
merci Patron encore merci.

Il y a des gens comme ça
des gens à qui on donnerait
le Bon Dieu de Boudiou
de merde sans confession
des gens courtois
comme vous et moi
respectueux et bien notés
par leur Chef et le Curé.

Il y a des gens ainsi faits
toujours droits et parfaits
des gens comme vous et moi
qui vont qui viennent
du travail à la maison
mais qui ont perdu l´illusion
et même, Aïe ! la foi
comme vous et moi.

15 avril 2007

Votez aujourd´hui pour l´avenir

Votez aujourd´hui pour l´avenir
c´est un devoir de citoyen
votez en votre âme et conscience
pour la liberté de voter
votez pour plus d´égalité
pour que vos chefs et patrons
vous exploitent avec respect.
(Votez pour le droit au travail)

Votez pour plus de fraternité
et pour que votre banquier
n´exige plus les mensualités
de votre logement 40 ans après.
(Votez pour le droit au logement)

Votez pour la vraie démocratie
car c´est le meilleur des systèmes
puisque tous les autres sont pires
de grands hommes l´ont déjà dit.
(Votez pour être enfin écouté)

Quant aux pauvres et aux gueux
qu´ils votent pour que le travail
de la mine, de l´usine et du bureau
soit plus libre et soit plus beau
pour les 20 heures : c´est suffisant
et aussi pour la retraite à 35 ans
(Conspuez les technocrates
qui voudraient la retarder
avant même de voter !)


Votez votez pour le présent
et l´avenir de vos enfants
votez rouge votez blanc
mais ne votez pas pour les crapules
non, ne votez pas pour les crapules
si vous pouvez faire autrement
ne votez pas pour ces messieurs
qui promettent le soleil et la lune
pour quand ils seront Président
du haut de leur divine bulle
refusez la servitude énergiquement
il n´y a pas d´esclavage heureux
pour les travailleurs des banlieues.
(votez pour avoir le temps
votez pour le printemps
votez pour les arbres et les fleurs
votez pour plus d´oiseaux
votez pour l´eau claire du ruisseau
votez pour plus de bonheur)

Votez rouge votez blanc
mais ne votez pas pour les dentistes
et autres arracheurs de dents
qui pérorent sur votre écran.
(Votez contre la vitesse et
votez contre la rentabilité
ce sera toujours ça de gagné)

Goiânia, 6 avril 2007.

09 avril 2007

Fogaça - L´art moderne



Fogaça
Vernissage 11 avril 2007 - Museo de Arte de Goiania




"Apressados" - Fogaça

Beaucoup de gens se posent la question de savoir ce qui est moderne en art. Fogaça qui peint à l´huile sur toile, comme à la Renaissance, est-il un artiste moderne ? Je laisse la parole à celui qui fut le maître de Matisse et Rouault, Gustave Moreau : “Etre moderne ne consiste pas à chercher quelque chose en dehors de tout ce qui a été fait...Il s´agit au contraire de coordonner tout ce que les âges précédents nous ont apporté, pour faire voir comment notre siècle a accepté cet héritage et comment il en use.”
La peinture de Fogaça est l´illustration de cette définition et dans ce sens il est d´une grande modernité car il a su, avec des moyens classiques, faire du nouveau.
Je pense que Fogaça est un grand peintre.

04 avril 2007

Le marché de l´art



"a ponte"
















Le peintre français Cézanne, disait : “Le goût est le meilleur juge. Il est rare. L´artiste ne s´adresse qu´à un nombre excessivement restreint d´individus”. Là réside parfois le danger pour le jeune artiste : le conservatisme du goût de certaines régions et même de certains pays. L´artiste cherche alors une reconnaissance loin de chez lui. Dans le passé les artistes faisaient le tour de l´Italie puis, plus tard, avec la reconnaissance du mouvement impressionniste, Paris devint la capitale des arts. Paris était une ville cosmopolite et accueillante pour les artistes. Avec peu de moyens les artistes arrivaient à survivre et ils rencontraient facilement tous les esprits les plus révoltés et créatifs de leur époque. C´est à Paris, grâce à ce brassage de talents, que sont nés ou se sont développés quelques uns des plus importants mouvements artistiques de XXe siècle.
Fogaça y aurait trouvé sa place, mais aujourd´hui il habite Goiânia, ville nouvelle qui n´a pas encore de galeries de promotion de jeunes artistes, qui n´a pas un musée avec une exposition permanente de grands maîtres et qui ne dispose pas d´une critique rigoureuse dans les journaux pour éduquer le public. N´ayant aucune de ces conditions essentielles pour s´épanouir les meilleurs artistes sont obligés, pour ne pas sombrer, de chercher un public à l´extérieur. C´est ce que fait Fogaça avec succès. Après Brasilia et le Chili ce sera la Bolivie et probablement la France et l´Espagne.

31 mars 2007

L´originalité de G. Fogaça


fim de tarde















Il n´y a pas de doute que la peinture de Fogaça
est originale et puissante. Sa vision de la grande ville moderne est impressionnante de justesse et de réalisme. Dans ses tableaux, fortement colorés avec une bonne pâte de peinture à l´huile, il ne manque que l´odeur et le bruit des véhicules pour qu´on retrouve l´effervescence, devenue “normale”, dans laquelle vivent des millions d´êtres humains. Hegel, l´un des premiers philosophes à donner plus d´importance au contenu qu´à la fidélité de l´image, a dit : “La détermination principale de la peinture est celle de la subjectivité en soi.” Dans les tableaux de Fogaça la ville est réelle, mais d´une réalité réinterprétée par la sensibilité de l´artiste. Une réalité subjective qui rend vivante la réalité objective. Il ne juge pas, il ne théorise pas, tout simplement il nous montre sa propre vision de cette réalité. Je ne connais aucun autre artiste ayant saisi, globalement, avec autant de justesse la vie trépidante et étouffante des villes.
Gustave Courbet, un grand observateur de la réalité, disait : “Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée.
Être à même de traduire les moeurs, les idées, l´aspect de mon époque, selon mon appréciation ; être non seulement un peintre, mais encore un homme ; en un mot, faire de l´art vivant, tel est mon but.”
Ce sont ces observations, d´un peintre qualifié de “réaliste”, qui me semblent néanmoins convenir à la démarche de G. Fogaça. Il n´est ni classique, ni romantique, ni surréaliste mais le peintre attentif d´une société moderne. Ses paysages urbains seront peut-être considérés, dans cent ans, l´image la plus réaliste de la peinture de cette époque . Des immeubles impersonnels, des voitures pressées et de fortes lumières acides qui iluminent les façades et, parmi ces géants en béton, en acier et en verre, des hommes anonymes qui attendent l´autobus ; puis, par dérision, un cycliste au milieu du chaos. Dans les tableaux de Fogaça, ce n´est pas seulement la ville que nous pouvons voir, mais la condition humaine des hommes qui l´habitent. Là est toute la force de son talent et de son originalité.

La technique
Le grand poète Baudelaire était également un critique d´art averti. C´est lui qui a dit : “Les peintres qui obéissent à l´imagination cherchent dans leur dictionnaire les élément qui s´accordent à leur conception ; encore, en les ajustant avec un certain art, leur donnent-ils une physionomie toute nouvelle. Ceux qui n´ont pas d´imagination copient le dictionnaire.”
Fogaça utilise le dictionnaire expressionniste mais uniquement pour montrer sa vision personnelle du monde. Par ailleurs, les connaisseurs verront qu´il maîtrise parfaitement sa technique. Bien qu´encore jeune (39 ans) il a non seulement trouvé sa manière de peindre, mais aussi celle qui convient parfaitement à son sujet. Nous avons déjà parlé de l´importance du contenu de son oeuvre, mais nous insistons sur le fait qu´il manie avec aisance les pinceaux et la composition. Il utilise souvent des couleurs violentes, mais il arrive toujours à trouver les couleurs chaudes ou froides qui donnent l´harmonie au tout. Ses compositions, bien qu´osées, sont également bien équilibrées. Fogaça casse pour mieux reconstruires.
Nous pouvons affirmer que Fogaça, s´il continue à produire une oeuvre aussi sérieuse et solide, ne tardera pas à faire une très belle carrière internationale.

30 mars 2007

G. Fogaça, peintre expressionniste







Introduction
A toutes les époques les plus créatives de l´art occidental il y eu des artistes que l´on qualifie “d´expressionnistes”. C´est-à-dire des artistes assez forts et audacieux pour ignorer, volontairement, les conventions de l´art classique ou académique et créer un art, non d´imitation mais d´expression.
Parmi les plus remarquables dessins expressionnistes du passé nous avons “Les caprices” (1793-1799) de Goya. Mais aussi Rembrandt et El Greco ont eu des périodes où ils n´ont pas hésité à rompre avec les conventions picturales de leur époque. Plus près de nous des peintres comme le Hollandais Vincent van Gogh, le Belge James Ensor et le Norvégien Edvard Munch ont été les inspirateurs de l´art expressionniste moderne. Les allemands ont été les premiers à constituer des groupes ou mouvements expressionniste comme la “Brücke” ou le “Blaue Reiter” qui furent à l´origine de l´art moderne du Nord de l´Europe.
En France ce fut un Russe, Chaïm Soutine, l´un des plus osés et puissants peintres expressionnistes mais, en général, nous pouvons dire que ce mouvement resta un phénomène isolé et guère soutenu. Au Brésil, après un séjour à Berlin et Paris, ce fut Anita Malfati, en 1917, qui introduisit l´expressionnisme, et il fut alors très mal accueilli par le public de Sâo Paulo.
Cette petite introduction à l´art expressionniste nous permet de situer G. Fogaça, non comme un artiste isolé, mais comme le continuateur du mouvement historique dont furent les acteurs quelques uns des plus grands peintres occidentaux.


.... la suite demain....

22 mars 2007

La fuite est une impasse

Parfois il vaudrait mieux être
ailleurs...
La fuite vers le soleil
des azalées et des violettes
du jardin de ma mère
bousculent les girouettes
féroces de l'hiver.

Vivre mal la rupture d'une
impasse...
n'est pas le contraire de la
pitié.

18 mars 2007

Racisme ordinaire

Ils pillent les nègres
ils exploitent les jaunes
ils tuent les peaux-rouges

puis

avec beaucoup de logique
ils s'entretuent
pour défendre
leurs valeurs morales
de blancs.

15 mars 2007

La violence tranquille du monde

Le monde m´arrive
par l´encre du journal.
Gabriel Nascente


Chaque jour la télévision
apporte dans mon salon
des tombereaux de cadavres
comme au coeur du moyen-âge
quand sonnait le tocsin
pour annoncer les mariages
et l´arrivée des paysans voisins
armés de fourches et de faim
tuant violant brûlant pillant
pour quelques morceaux de lard
pour quelques miches de pain
et pour le bonheur des rats
de la peste et du choléra.

Je dis bravo à la civilisation
que m´apporte la télévision
loin de tout danger
sur mon fauteuil préféré
bravo pour l´efficacité
bravo la technique
pour une image claire
de violence et de guerre
qui tue des enfants et des mères
et même parfois des terroristes
en peu de temps
très proprement
car tout le monde le sait
le temps c´est de l´argent
et la misère Dieu que c´est triste !

Bravo pour la civilisation
que vive la démocratie
et la liberté sans exclusion
le moyen-âge est bien fini
les cafards et les rats
sont absents de l´écran
les morts sont couverts d´un drap
et les soldats sont enterrés en Amérique
pour sauver, ohé ! l´occident ;

les gens neutres et apolitiques
peuvent continuer à dormir tranquillement.

Goiânia, février 2007

11 mars 2007

Le poète qui vous parle (2)

Chaque fois que je regarde mon blog je suis surpris de voir qu´il est visité par des gens du monde entier. Des visiteurs discrets, furtifs, anonymes, attirés par le mot “poète” ou simplement des curieux qui cherchent un dialogue ? Comment le savoir ? J´arrive même à croire que certains mots de mes poèmes politiques comme injustice, bombes qui tuent les enfants “d´ici ou d´ailleurs”, mur de Tijuana ou “haute rentabilité / haute criminalité” attirent l´attention des services de sécurité de pays en guerre à la recherche d´éventuels terroristes !
Il y a quelques années les “ennemis de la démocratie” étaient les “communistes” qui étaient, je le rappelle, persécutés, emprisonnés, torturés et assassinés par la police politique de certains pays pour protéger “la liberté et les valeurs chrétiennes de l´occident”. Dans cette chasse à l´homme beaucoup de poètes latino-américains y ont laissé leur vie. Mais étaient-ils pour autant de dangereux terroristes ? J´aimerais savoir ce que diraient aujourd´hui, ces poètes disparus, sur les nouveaux kamikazes qui se font sauter dans des lieux publics tuant femmes, enfants et même parfois leurs propres frères ?
Où sont donc au XXIème siècle les poètes qui dénoncent, avec force et indignation, la croissance de la violence partout dans le monde de l´après communisme? D´ailleurs où sont passés tous ces dangereux communistes qui menaçaient, un couteau entre les dents, le mode de vie et les croyances des bons chrétiens ?...Est-ce mieux aujourd´hui, plus rassurant pour les peuples dit “démocratiques”. Les poètes ont-ils plus de liberté de parole ? Sont-ils plus diffusés, plus respectés ?
Qu´en pensent donc les lecteurs de mon blog ?

Goiânia, février 2007

08 mars 2007

Le poète qui vous parle (1)

Les poèmes que vous offre mon blog essaient, depuis longtemps, de donner une réponse à la question suivante : A quoi sert la poésie ?...
Oui, à quoi peut-elle bien servir la poésie si elle n´est pas profondément ancrée dans la réalité du monde dans lequel nous vivons ? A quoi sert une poésie fine et intimiste, dans un monde où chaque acte de notre vie est fortement conditionné et emprisonné par une propagande commerciale outrageuse, dès l´enfance ? A quoi sert une poésie bucolique dans une nature polluée et empoisonnée jusqu´à l´os par la rentabilité productiviste ? A quoi bon parler d´amour dans une société d´égoïstes forcenés où un mariage sur deux finit en divorce, parce que nous ne savont plus construire ensemble des rêves généreux et des rapports affectueux ? Oui, à qui est destinée toute cette poésie “lyrique”, nombriliste et obscure qui inonde les revues de poésie ?...
Quelle est donc la finalité de cette poésie incolore, larmoyante et hors du temps qui ferme les yeux aux guerres, aux injustices, aux pillages, au malaise et aux souffrances des hommes et qui ne cherche même pas à se poser des questions sur les causes du mal ? Une poésie neutre, apolitique et désincarnée qui n´a bientôt plus de lecteurs car elle n´a rien a dire de nouveau, de sensible, d´essentiel, qui puisse nous intéresser. Une poésie qui semble parfois écrite sur une autre planète par des êtres lobotomisés qui ne savent plus ni aimer ni haïr.
C´est ce que j´essaie d´éviter dans mes poèmes et dans mes choix de poètes étrangers : la banalité du déjà lu, l´inconsistance et l´ennui qui découle de la poésie sans but humain, sans révolte. Ce qui me semble évident ne l´est pas pour tous. Nombreux intellectuels disent encore, en France, que la poésie avec un contenu social ce n´est pas de la poésie et qu´il faut suivre les règles !
Moi j´affirme, avec Maïakovski, que : “C´est justement l´homme qui crée les règles poétiques qui s´appelle poète” même s´il est parfois le seul à y croire. Non, ce ne sont jamais les conventions littéraires admises par tous qui font la bonne poésie. Quand il y a seulement imitation, répétition et pas d´engagement il n´y a plus d´art, il n´y a plus de poésie y il n´y a plus d´humanité.
Vive la révolte dans l´art ! Elle est le carburant de la vraie poésie.

à suivre...

Goiânia, février 2007

04 mars 2007

Il pleut
















Il pleut dru
une vraie pluie tropicale
qui tombe et tombe
- ne riez pas -
de haut en bas
comme une rivière
avec des poissons ailés
et des forêts de fougère
dans l´éclat des éclairs
qui éclairent
le vraooum du tonnerre
qui pète et vocifère
toute sa rage
et qui déchire les nuages
et fait trembler les pierres
et les vagues rouges
de toutes les mers
du fond de la terre.

Il pleut
des fleuves bouillonnants
qui forment des torrents
larges comme des océans
- ne riez pas -
ça tombe de haut en bas
ça tombe du ciel
vraooum
tout naturellement
comme la guerre
le chômage et la misère
chez les chrétiens et les musulmans

Goiânia, février 2007

28 février 2007

Un urbanisme humain, est-ce trop demander ?















Est-ce trop demander
que de vouloir des villes heureuses
des villes fleuries
aux larges trottoirs ombragés
conçus pour flâner
pour se rencontrer
chez le boulanger-pâtissier
où les petits pains sont chauds
et le café est gratuit ?
Est-ce une utopie
de vouloir dans notre quartier
un marchand de fruits tropicaux
et de légumes frais
et un boucher-épicier souriant
qui livre à domicile
pendant que vous rentrez
chez vous tranquillement à pied
traversant un parc fleuri et arboré ?
Est-ce tellement difficile
d´imaginer notre petite réalité ?
Faut-il être goianiais
pour concevoir des villes
à visage humain
sans caméras sans police
pour vous dévisager à chaque coin
comme un présumé terroriste?
Faut-il allez vivre si loin
pour trouver des avenues
sans l´odeur étouffante
du pétrole mal distillé ?
(l´alcool brûlé dans les moteurs
sent la crêpe flambée).
Faut-il venir au Brésil
pour trouver des capitales qui offrent
110 mètres carrés - Brasilia -
d´espaces verts par habitant ?
Mais dans cet immense pays
de forêts sauvages il y a aussi
de très grandes villes
où il n´y a que 6 mètres carrés
de poumon vert pour respirer ;
c´est là d´ailleurs où s´implantent
s´agglutinent se répandent
les plus grosses entreprises étrangères
qui peuvent payer largement
des architectes-urbanistes à leur image
rationnels inhumains suicidaires
et ils font ce qu´ils savent faire :
de grands ensembles dortoir-dépotoir
à haute rentabilité
à haute criminalité
faites pour tuer toute lueur d´espoir.
Un urbanisme humain pour prolétaires ?...
Aïe ! Ce n´est plus vert-écolo :
c´est rouge-révolutionnaire !


Goiânia, février 2007


24 février 2007

Théorie de la littérature

Pour une certaine catégorie d´intellectuels la poésie est essentiellement un dérèglement du langage établi et, à ce titre, elle doit être regardée comme une forme de déviation sémantique suspecte. Pour d´autres il s´agit d´un alignement, plus ou moins harmonieux, de mots et de pensées hautement spirituels, dignes d´attention pourvu qu´ils respectent les règles grammaticales. D´autres encore nous expliquent que ce qui est important n´est pas ce qui est dit, mais ce qui se cache derrière les mots. Mais le fin du fin, l´excellence, le Nirvâna, c´est quand ce qui est caché dans le poème est vide de sens, vide de contenu, vide de tout engagement car alors nous entrons dans le vénéré domaine de la poésie “pure”. Plus le poète est abscons plus “pur” il est considéré.
Parallèlement, ces milieux intellectuels hautement raffinés, cultivés et établis, qui se délectent dans la recherche de sens cachés de mots qui ne veulent rien dire, s´acharnent, sans relâche, à dénigrer la poésie engagée qu´ils assimilent, quelque soit sa valeur littéraire, à de la propagande. Ce sont ces théoriciens qui ont décidé un jour que “l´on ne fait pas de la bonne poésie avec des bons sentiments”. Comme si le fait de n´avoir pas de sentiments - ou pire encore : de les cacher... - était une garantie de bonne poésie. Comme si le fait d´être attentif aux misères et aux espoirs des hommes de son temps était un obstacle pour écrire de la bonne poésie.
J´affirme ici que, si l´engagement social ne fait pas nécessairement de bons poètes, l´égoïsme et l´indifférence seront jamais de bon ingrédients pour la vraie poésie.

Goiânia (janvier 2007)

20 février 2007

La grande poésie

La grande poésie
est faite
d´un grand nombre
de petites poésies
de poésie honnête
bien faite
par de petits poètes
de bonne volonté
qui par addition
ou par adhésion
deviendront un jour
peut-être
de vrais grands poètes
mais ils ne le sauront
jamais
car la vraie poésie
la poésie immortelle
la divine poésie
reste un mystère
infini et maudit
puisque personne ne sait
reconnaître avec certitude
la vraie grande
poésie
sauf peut-être
quelques rares poètes
pleins de doute
sur la poésie
d´aujourd´hui

Goiânia (janvier 2007).
















Pierre de Freitas
Gouache sur papier

13 février 2007

J’affirme et je n’en sais pas plus que vous

J´affirme du haut de mon âge
que si le mur de Berlin
était une honte
comme disait unanimement la presse
des pays libres
le mur de Tijuana
est une triple-honte
que la presse “libre” oublie de dénoncer.

Alors moi, infime poète,
j´affirme que partout où il y a des murs
qui empêchent de circuler
c´est qu´il y a quelque chose
de honteux à cacher.

J´affirme qu´il y a des pays riches
qui dépensent beaucoup plus
pour défendre leur mur
que pour l´aide humanitaire
qu´ils pourraient apporter
aux quelques malheureux
qui veulent le franchir.

J´affirme que partout où il a des murs
qui séparent les hommes
il y a les premiers signes
de la fin d´une civilisation

Je sais que ceci n´est pas un vrai poème
mais qu´est-ce que je me sens bien !


Goiânia (janvier 07)





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07 février 2007

Saison des pluies

Ploc ploc ploc
ne voilà-t-il pas qu´il pleut
sur notre tapis afghan !

Puis l´eau descend
comme un agile serpent
sur la tige du ventilateur
et la lampe centrale
devient un aquarium-fleur
pour mouches hydrocéphales !

Ploc ploc ploc
la pluie en furie
poussée par le vent
tape sur la fenêtre meurtrie
coule sur le mur
et sous le divan
vers les marches de l´escalier.

Ploc ploc ploc
c´est le plombier
mais ce n´est pas son travail
nous dit-il de réparer les excès
de vieux anges incontinents
quand le ciel couvre la chaussée
et dévale comme un torrent
d´eau de boue et parfois pire

la saison des pluie est arrivée
et elle n´est pas là pour rire !

Goiânia (janvier 2007)

03 février 2007

Notre jardin brésilien

Notre jardin est tout petit
quelques mètres cultivés
sur plusieurs plans et degrés
jardin sur rue pour les passants
jardin intérieur pour l´intimité
et pour quand il pleut à verse
et que souffle très fort le vent
quelques fleurs en pots
pour chasser la tristesse.

Mais notre petit jardin
ce minuscule jardin de poupées
est une forêt amazonienne
dense, touffue, envahissante,
pleine d´arbres et de plantes
de massifs et de haies
aux parfums saisissants
comme du Chanel renversé
car à Goiânia il fait chaud,
ici l´été dure toute l´année.

Notre petit jardin est aussi
est un lieu de rencontre
pour les fleurs et les papillons
pour les abeilles et les bourdons
et pour de légers colobris
visiteurs de corolles variées
aussitôt arrivés ils s´enfuient.
Nos arbres toujours verts
accueillent tous les matins
une nuée de bavards perroquets
et le scandaleux “bentiviii”...
pendant que de fines tourterelles
font un petit nid sous la tonnelle
et de nombreux oiseaux de passage
aux trilles gaies de canaris
ou aux plaintes de bandonéon
chantent, s´interpellent, crient,
comme dans une forêt sauvage
au centre même de l´Amazonie.

C´est un infime jardin
qui déborde sur le trottoir
et qui sert de cachette
aux timides lézards
aux escargots aux insectes
et à notre rusé chat noir.

Ne me demandez pas
le nom des plantes
ni celui des oiseaux
notre chat s´appelle Charlie
notre maison n´a pas de numéro
parfois c´est mieux ainsi
quand on est deux et on s´aime
depuis plus de quarante ans
en Amazonie ou à Paris
car quand ont s´aime vraiment
tous les jardins sont des paradis

Goiânia (janvier 2007)


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30 janvier 2007

Art et non-art à Goiânia - 4

Par contre le Musée de la Ville présente un peintre d´un modernisme assez classique mais de grande finesse et sensibilité. Son nom est Pierre de Freitas. Surpris par son excellente maîtrise du français je lui demandais : Où avez-vous appris la langue ? - “A la légion étrangère...” il me répondit. Non seulement j´ai apprécié son travail mais nous avons ajouté à notre collection quatre de ses dessins.




27 janvier 2007

Art et non-art à Goiânia - 3ème partie

Etre hors des modes certes, mais en gardant néanmoins les trois conditions essentielles du grand art de tout temps : l´originalité, le métier et le contenu.
Les artistes Dada refusèrent ostensiblement toutes les conventions admises par la société bourgeoise - c´était en 1916 - au milieu d´une des guerres les plus meurtrières et absurdes de l´histoire. Pour se faire entendre - ils étaient jeunes et peu nombreux - ils utilisèrent la dérision et la provocation culturelle. Ils était alors originaux dans leur démarche, leur compétence suffisante pour qu´on en parle encore aujourd´hui et le contenu contestataire, contre la guerre, reste toujours d´une grande actualité. Mais où est l´originalité des “avant-gardes de musée” contemporaines ? Où est la qualité technique de leur métier d´artistes ? Où est, pour finir, le contenu social, moral ou philosophique de leurs oeuvres ? Voilà, c´est là où je voulais en venir. Ce n´est pas l´avant-garde internationale que je refuse mais sa désolante médiocrité. C´est, hélas ! la sensation que m´a donné le Salon National d´Art de Goiás, où seulement deux artistes régionaux étaient sélectionnés : Une sensation déprimante de déjà vu. La seule originalité, due aux organisateurs, est qu´il a lieu dans le garage d´un immense centre commercial qui attire des milliers de visiteurs.

à suivre

26 janvier 2007

Art et non-art à Goiânia - 2ème partie

Quels sont parmi ces artistes les plus originaux, les plus créateurs, les plus représentatifs du monde contemporain ?...
Ce serait, je pense, une erreur de croire qu´en adoptant l´un ou l´autre de ces courants on devient plus ou moins “moderne”. C´est le génie du créateur qui crée la mode et non pas la mode qui crée le talent. Ce n´est pas parce que le cubisme ou le surréalisme furent, à une époque, des mouvements extrêmement fertiles et innovants que l´on devait ignorer toute la richesse de la recherche abstraite ou expressionniste (“L´art dégénéré” selon les nazis...). Le devoir des critiques, des conservateurs de musées (ô le vilain mot !) et surtout celui des artistes est de chercher se qui ce fait hors des modes, hors des sentiers battus, hors des conventions éculées.


à suivre

24 janvier 2007

Art et non-art à Goiânia - 1ère partie

Je ne voudrais pas importuner les lecteurs de "Florilège" avec des articles sur un art brésilien qu'ils n'auront guère l'occasion de voir. Par ailleurs la revue étant en noir et blanc, il est difficile de montrer des images d'oeuvres dont la couleur est dominante. Mais après avoir vu, en deux jours, deux importantes expositions à Goiânia : l'une d'art et l'autre de non-art, je voulais en parler car il s'agit non plus d'un événement régional brésilien mais d'un phénomène mondial. D'une part des artistes qui essayent de respecter quelques valeurs essentielles du grand art du passé et d'autres, par contre, qui jettent par dessus bord toutes les vieilles conventions esthétiques pour en adopter de plus récentes.


Bientôt la suite...

20 janvier 2007

Dictionnaire des écrivains de Goiania



















Entrée sur Yvan Avena :

Naceu em Marseille-França, no dia 7 de agosto de 1930.
Filho de Juan Pedro et Rosa Portes
Graduado en Engenharia Mecânica.
Artista plástico.
Residente em Goiânia.

Obra :
Et bientôt l’An 2000. Edição do autor.
Pequeña e injusta antologia de la poesia guatemalteca.
Bilbao : editora Poesia Toda
Las blancas estaciones
Bilbao : editora Poesia Toda
Petites fleurs volées dans le jardin des nymphes
Paris : editora Vericuetos
Poesia brasileira (Goiânia),
Goiânia : editora Kelps, 2003