09 juillet 2007

Bilan : Goiás et la poésie

Certains pensent que notre déménagement à Goiânia, à l´âge où d´autres réservent une place à la maison de retraite de leur ville, fut quelque peu osé et irréfléchi. Comment peut-on, volontairement, quitter la France, ce beau pays “d´art et d´histoire” comme l´indiquent les panneaux à l´entrée de très nombreux villages, pour un pays “émergent”, c´est-à-dire, en langage clair, un pays sous-développé comme le Brésil ?
D´ailleurs tous les Français qui ont vu “Orpheu negro” et les images télévisées du carnaval de Rio et des favelas, croient pouvoir juger objectivement les conditions de vie des brésiliens pauvres. Certains savent aussi qu´il y a au Brésil des gens immensément riches qui vivent dans des espèces de châteaux forts modernes (les condominiums), gardés jour et nuit, et ne sortant qu´accompagnés de gardes du corps. Par contre la classe moyenne, pourtant nombreuse en Amérique Latine, est généralement effacée de ce scénario, puisque tout le monde croit qu´elle n´existe qu´en France et dans quelques autres pays développés.
Le fait est que, comme partout ailleurs, tout ce qu´il y a d´intéressant et de nouveau en art, en littérature, en musique est principalement l´oeuvre de la classe moyenne. Cette classe moyenne qui, comme en Europe, fait des sacrifices pour s´instruire et pour envoyer ses enfants dans les universités d´Etat et privées.
A Goiânia, par exemple, il y a huit universités, avec des dizaines de milliers d´étudiants et dont au moins 20% des élèves bénéficient de bourses d´études, afin de donner accès aux études supérieures aux enfants des couches sociales les plus défavorisées. Par ailleurs il existe des cours du soir pour les étudiants qui travaillent. L´employée du guichet de la poste qui timbre mes lettres, est en train de passer ses derniers examens de droit pour être avocate et la fille de notre employée de maison travaille dans une boulangerie et suit des cours du soir.
Certains des professeurs d´université et poètes que je connais à Goiânia, on fait ainsi leurs études. Quelques uns étaient même de famille très modeste. Au Brésil, pays nouveau et aujourd´hui relativement prospère, la mobilité sociale existe encore. L´espoir d´une vie meilleure et plus intéressante grâce à l´effort personnel n´est pas un discours édifiant mais une réalité.
La poésie
La poésie, entre autres, occupe une place d´honneur dans cette promotion sociale et intellectuelle. J´ai devant moi le dernier livre de José Mendonça Teles “Dicionário do Escritor Goiano” (Dictionnaire de l´Ecrivain Goianais) avec 1.113 biographies. J´ai même l´honneur d´y figurer, malgré moins de deux ans de résidence à Goiânia ! Quand je compare ceci avec le mépris des français pour la poésie et la lenteur officielle avant de reconnaître la qualité “professionnelle” d´un auteur - souvent post mortem- je dois admettre que j´ai, dans ce domaine, gagné au change.
A Lectoure (Gers), ville de naissance de Pey de Garros, le “père de la renaissance poétique occitane” (±1525-1583), pour mettre une plaque commémorative sur une place, il y a quelques années, c´est une petite association de poésie qui a dû la payer !
A Goiânia la plupart des hommages aux écrivains et poètes se font quand ils sont encore en vie.



Continue.

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