Je suis arrivé à Buenos Aires en 1941, avec mes parents, après un très long voyage. La France était occupée par les Allemands et son nouveau gouvernement, composé de canailles politiques et de milliers de dociles fonctionnaires, obéissait aux ordres de l´envahisseur. Certains même faisaient du zèle. La Résistance ne concernait, alors, que quelques farfelus comme De Gaulle et son équipe de “terroristes”. Les Français moyens collaboraient. Que pouvaient-ils faire d´autre ?
Tout monde n’a pas une vocation de martyr, n´est-ce pas ?
L´Argentine, comme l´Espagne, le Portugal et la Suède, gardèrent une stricte neutralité qui dura jusqu´à la défaite des Allemands. Ce n’est que vers la fin des hostilités que l´Argentine déclara la guerre à l´Allemagne. Cette période de l´histoire, comme bien d´autres, est pleine de souvenirs déshonorants pour certains et héroïques pour d´autres. Mais tout est vite oublié. Que pouvons-nous faire disent, en guise de justification, les mêmes qui continuent à subir, sans protester, tous les abus de leurs employeurs et de l´Etat ? La politique, comme la bonne poésie, ne se fait pas avec des bons sentiments, nous dit-on. Soyons donc de prudentes et dociles victimes !
L´Argentine officielle était partagée. Les militaires et les descendants d´Allemands étaient pro-germaniques, mais curieusement, l´aristocratie argentine était plutôt favorable aux alliés car très influencée par la culture française. Paris, avant la guerre, était un lieu de passage presque initiatique pour les riches Argentins. La libération de Paris fut une grande fête à Buenos Aires. J´y étais !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire