17 juillet 2008

Marguerite Yourcenar (1903-1987)







“Fleuve profond, sombre rivière” - Gallimard 1966

- (...) La conscience humaine, qui d´ordinaire dort confortablement sur le double oreiller du conformisme et de l´inertie, avait décideur partout un de ces brefs réveils au XIXème siècle en ce qui concerne la condition du Noir : en 1818, la France de la Restauration avait définitivement aboli la traite des nègres, éliminée déjà par la Convention, mais rétablie par Napoléon.
(...) En 1863, Lincoln, soutenu par la majorité de l´opinion publique, entraîné lui-même par un mouvement qui emportait tout, avait proclamé l´abolition de l´esclavage. En décembre 1865, les Etats américains ratifièrent l´introduction du fameux treizième amendement dans la Constitution des Etats-Unis, quelques mois après la cessation des hostilités et l´assassinat de Lincoln. Les aspects légaux d´une vieille et énorme injustice prenait fin.
(...) Il n´y a pas de liberté sans égalité ; comme ni l´une ni l´autre sans le sentiment de la fraternité des êtres, peut-être vaut-il la peine de faire pour une fois l´éloge de la formule dont a usé et abusé la France républicaine, et qui (comme il arrive si souvent aux formules) ne paraît creuse que parce que jusqu´ici elle n´a guère été appliquée.

Note : Ces extraits d´une présentation de traductions de “Negro spirituals” par Marguerite Youcenar se passent de commentaires. Je pense que les Académiciens qui ont accepté son entrée à l´Académie ne devaient pas l´avoir lu!

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