24 septembre 2009

Ecrivains d´aujourd´hui

Dans un très intéressant dictionnaire anthologique et critique “Ecrivains d´aujourd´hui” (1940-1960) édité par Grasset, en 1960, je viens de retrouver un texte de François Nourissier. Il s´agit d´un long article de présentation, “Le monde du livre”, qui permet de mesurer le chemin qualitatif parcouru par l´édition de livres de littérature, en France, en 50 ans. Je note que les observations et les révélations de Nourissier, sur le monde de l´édition d´alors, n´ont guère vieilli. Voici ce qu´il nous dit (page 41) :
”En gros ceci : que nos lettres sont parisiennes, bourgeoises, et que les professeurs y disputent la prépondérance aux hommes de lettres. Nous avons une littérature de classe aisée, étroitement liée à la vie parisienne, livrée aux professionnels du livre et des idées. Nous avons une littérature fermée. Comme d´autre part l´écrivain, en France, est particulièrement respecté et honoré, on voit mal se dessiner un bouleversement prochain de ces conditions. L´écrivain français est par définition un tenant de l´ordre établi, et son bénéficiaire. Sur ce point les apparences ne doivent point tromper : tel qui fit profession d´anarchie, d´illégalité, de révolte ce sont les mêmes salons qui les reçoivent, les mêmes académiciens qui le commentent que n´importe quel bien-pensant officiel. La bourgeoisie absorbe et assimile tout, et le plus brûlant avec une particulière dilection.
Les Galligrasseuil qui ont racheté, depuis, tous les principaux éditeurs indépendants qui pouvaient leur faire de l´ombre, restent les meilleurs garants de la continuité.

20 septembre 2009

Le crapaud et le boeuf

Un boeuf gras et sans soucis
ruminait l´herbe tendre du matin ;
un crapaud caché près d´un puits
enviait son poil et son embonpoint.

Mais le crapaud changea bientôt d´avis...

Quand il vit passer le camion du boucher, aïe !
il comprit que l´envie est un vilain pêché.

16 septembre 2009

Le lézard et la couleuvre

Le lézard, vilain petit dragon,
se prélasse sur le muret du jardin ;
et gobe mouches et moucherons
sous le regard bienveillant du voisin.
.
C´est que le lézard, lui, a une bonne renommée...

La couleuvre aussi voudrait être aimée mais , aïe !
elle à une cousine venin.

12 septembre 2009

La rivière murmurante

J´ai connu quand j´étais enfant
des rivières d´eau limpide
au courant vif et pétillant.
On y voyait le fond sans rides

et de nombreux petits poissons d´or et d´argent.

Le progrès apporta des détergents très sophistiqués, aïe !
la rivière est maintenant bien polluée.

05 septembre 2009

La Nouvelle Revue Française

Je viens de relire certaines des chroniques, des notes et des nouvelles de la “Nouvelle Revue Française” du 1er mai 1956. C´était le numéro 41. En première partie des textes de Henri Michaux, Franz Kafka, Jean Grosjean (un poète “classique”- et oublié - de Gallimard), Cioran et Jacques Audiberti. 50 ans plus tard, exception faite de Grosjean, tous sont encore lus, étudiés et admirés par l´intellectualité française et internationale. Une revue mensuelle de 960 pages (!) qui parle de culture, d´art, de livres, de poésie, de musique, de politique (et oui, de politique ! car alors il y avait un vrai débat entre la droite cultivée et les intellectuels communistes). On pouvait, en lisant la NRF, se faire une opinion sur le haut niveau de la pensée française. La droite intelligente n´avait pas tort dans ses critiques du stalinisme et la gauche avait de justes raisons pour critiquer les méfaits du capitalisme. Les analyses nuancées, des uns et des autres, nous obligeaient à penser juste et à éviter les opinions trop tranchantes, trop extrêmes, trop sommaires de tous les fascismes de droite ou de gauche.
Où sont aujourd´hui les revues et les chroniques culturelles ouvertes au débat et respectueuses de la diversité d´opinions ? Où sont les intellectuels capables de défendre leurs idées, leurs utopies, leurs rêves de liberté et de justice contre la puissance de la “pensée unique” créée dans les ateliers à penser des banques et entreprises transnationales ? Qu´est devenu la “culture” française et celle du monde “moderne” en général ? Où trouve-t-on les “Nouvelle Revue Française” du XXIème siècle ?...

04 septembre 2009

Le corbeau et le renard

Le corbeau, noir comme un corbeau
portait dans son bec un diamant ;
pris de soif il voulu boire au ruisseau
et le bijou se perdit dans le courant.

Le renard à l´affût portait dans sa gueule un tamis.

C´est ainsi qu´un prêteur à gage s´enrichit, aïe !
la fortune sourit rarement aux plus sots.