Dans un très intéressant dictionnaire anthologique et critique “Ecrivains d´aujourd´hui” (1940-1960) édité par Grasset, en 1960, je viens de retrouver un texte de François Nourissier. Il s´agit d´un long article de présentation, “Le monde du livre”, qui permet de mesurer le chemin qualitatif parcouru par l´édition de livres de littérature, en France, en 50 ans. Je note que les observations et les révélations de Nourissier, sur le monde de l´édition d´alors, n´ont guère vieilli. Voici ce qu´il nous dit (page 41) :
”En gros ceci : que nos lettres sont parisiennes, bourgeoises, et que les professeurs y disputent la prépondérance aux hommes de lettres. Nous avons une littérature de classe aisée, étroitement liée à la vie parisienne, livrée aux professionnels du livre et des idées. Nous avons une littérature fermée. Comme d´autre part l´écrivain, en France, est particulièrement respecté et honoré, on voit mal se dessiner un bouleversement prochain de ces conditions. L´écrivain français est par définition un tenant de l´ordre établi, et son bénéficiaire. Sur ce point les apparences ne doivent point tromper : tel qui fit profession d´anarchie, d´illégalité, de révolte ce sont les mêmes salons qui les reçoivent, les mêmes académiciens qui le commentent que n´importe quel bien-pensant officiel. La bourgeoisie absorbe et assimile tout, et le plus brûlant avec une particulière dilection.
Les Galligrasseuil qui ont racheté, depuis, tous les principaux éditeurs indépendants qui pouvaient leur faire de l´ombre, restent les meilleurs garants de la continuité.
1 commentaire:
Tellement d'actualité encore en 2009 ! On pourrait effacer les dates, atténuer le jauni des pages et on peut dire que c'est le dernier texte de Nourissier. Hélas, peu de choses ont évolué dans ce milieu la ! SABINE
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