Pour trouver un emploi, dans mon vrai métier, il fallait attendre la fin de l´été. Très vite mes réserves d´argent s´épuisèrent et, pour survivre, je fis comme les copains : maître plongeur. “Disquaire” comme disaient les Français de Stockholm. Même ce travail déprécié n´était pas stable. Dans certains restaurants le rythme de travail était infernal. J´ai écrit un long poème sur ce sujet : “Le blanc et le noir”. Je raconte comment, dans une cuisine, je suis devenu un esclave noir. J´ai appris que, même dans un pays considéré comme un modèle social avancé, les travaux les plus durs sont toujours les moins bien payés et, subséquemment, réservés aux étrangers. J´ai quand même réussi, en quelques jours, à m´intégrer dans ce milieu et à survivre. Nous étions au mois d´août et bientôt les activités industrielles allaient reprendre. Ce fut alors que Carlos eut une idée géniale pour nous sortir du “lumpen prolétariat” : nous irions travailler trois mois dans les mines de fer de Kiruna et nous passerions le nouvel an sur la Côte d´Azur !
Dans ce but Carlos échangea, avec un Argentin qui retournait dans son pays, sa belle veste sport pour une voiture. C´était une vieille Austin pourrie qui néanmoins fut courageuse et, avant de rendre l´âme, nous transporta jusqu´au Nord de la Suède et nous ramena de retour à Stockholm. Nous l´avions baptisée “Rocinante”. J´avais peint, au-dessus du pare-brise, quatre drapeaux : le drapeau argentin pour Carlos, l´espagnol pour José et le “pelado”, le français pour moi et le drapeau suédois en hommage au pays. Et nous voilà partis, à l´aventure, avec nos maigres économies et nos illusions !
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