Le crédit en Argentine en 1940
Dans ma jeunesse, en Argentine, on ne
connaissait pas le crédit de longue durée. On achetait quelque
chose de cher que quand on avait les moyens de le payer... au
comptant. Il n´y avait que dans les films où parfois, pour faire
rire, on voyait l´élégant héro se cacher de son tailleur de
quartier car il lui devait encore de l´argent sur son dernier
costume. Le costume était la grande dépense somptuaire,
obligatoire, de l´ouvrier. Pourquoi obligatoire ? Car pour
entrer dans une salle de cinéma ou dans n´importe quel restaurant
ou lieu de spectacle, il fallait avoir veste et cravate. Même
au lycée c´était, pour les garçons, veste et cravate obligatoires
(pour les filles c´était la blouse blanche. Bien entendu les lycées
n´étaient pas mixtes !). Par ailleurs, un ouvrier ne pouvait
pas monter, en vêtements
de travail, dans un bus. Toutes les usines avaient des douches et des
vestiaires pour que les ouvriers puissent se changer avant de partir.
Souvent ils échangeaient leur bleu de travail, contre un beau
costume et une chemise blanche agrémentée d´une cravate ainsi que
de chaussures bien cirées. Le prolo sortait de la crasse de son
atelier pour se transformer, dans la rue, en prince charmant. Il
devenait, au niveau de l´élégance, l´égal du patron sauf que le
patron se distinguait du salarié, par sa voiture personnelle.
Par contre si les modestes ne s´endettaient
pas au-delà de leurs possibilités financières, l´épicier, le
boucher, le boulanger et le laitier (qui laissait ses bouteilles de
lait devant la porte de la maison !) se faisaient payer une fois
par mois, le jour après la réception du salaire. Plus tard, les
commerçants savaient que c´était très risqué !
Chroniques indignées II
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