09 janvier 2009

La poésie qui démolit les murs

Paul Eluard (1895-1952)
N´usant des contradictions que dans un but égalitaire, la poésie malheureuse de plaire quand elle se satisfait d´elle-même, s´applique, depuis toujours, malgré les persécutions de toutes sortes, à refuser de servir un ordre qui n´est pas le sien, une gloire indésirable et les avantages divers accordés au conformisme et à la prudence. (...)
Ceux qui viennent ici pour rire (Note : il s´agissait d´une exposition d´art surréaliste), ou qui s´indignent, ceux qui devant la poésie surréaliste, écrite ou peinte, pour cacher leur incompréhension, leur peur ou leur haine, parlent de snobisme, sont les mêmes que ceux qui torturaient Galilée, brûlaient les livres de Rousseau, affamaient William Blake, condamnaient Baudelaire, Swinburne et Flaubert, déclaraient que Goya ou Courbet ne savaient pas peindre, sifflaient Wagner et Stravinsky, emprisonnaient Sade. Ils se réclamaient de la sagesse, du bon sens, de l´ordre, pour mieux satisfaire leurs ignobles appétits, pour mieux exploiter les hommes, pour les empêcher de se libérer, pour mieux les avilir et les détruire par l´ignorance, par la misère et par la guerre. (...)
On ne possède aucun portrait du marquis de Sade. Il est significatif qu´on n´en possède non plus aucun de Lautréamont. Le visage de ces deux écrivains fantastiques et révolutionnaires, les plus désespérément audacieux qui furent jamais, plonge dans la nuit des âges. (...)
(Note . Voir plus loin la suite. Paul Eluard : Un grand, très grand poète !)

Aucun commentaire: