01 février 2009

Le poète qui vous parle...de Buenos Aires

















Un ami argentin, Cirilo San Miguel, me disait : “L´Argentine est peuplée de frustrés. La frustration des émigrants qui n´ont pas réussi”. Je suis arrivé à Buenos Aires sans connaître un seul mot d´espagnol, mais dans la rue j´ai vite appris le “lunfardo”, l´argot “porteño” des tangos de banlieue. Jamais à Buenos Aires je me suis senti étranger. Frustré ? Oui, peut-être un peu. Mais pas par le pays qui m´a donné plus que tout autre. Les Argentins étaient les gens le plus généreux de la terre. Le rite du maté en était le symbole. Le plus pauvre des pauvres vous offrait, dans son taudis, une tournée de maté.
Les décennies 40 et 50 furent pour l´Argentine des années de grandes transformations. La guerre en Europe favorisa, dans le pays, une plus grande autonomie politique, économique et culturelle. L´Argentine découvrit ses propres potentialités tout en recevant, à travers l´émigration récente, un souffle de modernité. Pendant que les nazis et les fascistes persécutaient tous les intellectuels les plus progressistes d´Europe, l´Argentine les accueillait avec admiration et respect. Le surréalisme, l´expressionnisme, l´art concret, l´art engagé faisaient leur entrée dans l´art, la poésie, la littérature et le théâtre à Buenos Aires. Ce fut une époque extraordinaire de création. Même le folklore et le tango ont bénéficié de ces influences d´avant-garde, leurs donnant une dimension universelle. Les Argentins étaient entrés dans la vrai modernité avant les nord-américains. On ne leur pardonnera pas. Quelques années plus tard les artistes et les intellectuels argentins payeront très cher leur audace.

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