24 mai 2009

...du métier d´artiste

Je crois que c´est Manet qui disait : “Il faut décourager les jeunes artistes”. Ma mère ne le savait pas, mais quand je lui ai dit que je voulais entrer à l´Ecole des Beaux Arts de Buenos Aires elle a tellement pleuré que j´y ai renoncé. J´ai continué mes études d´ingénierie mécanique. Bien qu´il y eut une époque où on parlait des “arts mécaniques” comme on parlait de “l´art de la guerre” (des artistes peintres de génie, comme Léonard de Vinci, les pratiquaient tous) je n´ai jamais trouvé, dans toutes mes années d´étude et de travail, un sujet de conversation intéressant sur mon métier. Je ne connais personne qui ait conquis l´amour d´une fille avec des formules mathématiques ! Einstein, peut-être, mais il reste l´exception. D´ailleurs j´ai rarement rencontré, dans mon milieu de travail, des collègues ayant une culture générale et un esprit ouvert. La technique, de plus en plus spécialisée et complexe, sollicite de l´ingénieur, pour être performant et efficace, toute son énergie. Un ingénieur suédois me disait : “Quand je lis un roman j´ai la sensation de perdre mon temps. Un livre technique me sera bien plus utile pour mon travail”. On demande à l´ingénieur, selon la logique tayloriste, des objets de plus en plus sophistiqués, pour un prix de plus en plus bas, sans lui donner l´occasion d´analyser ni leur utilité ni leur effet sur la société et l´environnement. Je pense que peu de techniciens se posent la question sur, par exemple, l´impact négatif de l´automatisation sur emploi. Mais est-ce que beaucoup d´artistes modernes se posent la question sur l´utilité sociale de leur art ?...

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