15 juillet 2010

Mes métiers à Buenos Aires IV

Le gestionnaire de production de la filature Biella - voisine de mon ancien lycée technique du textile - vint me proposer de le remplacer. Il installait une imprimerie. Le propriétaire, de la filature me connaissait car il donnait des cours dans le lycée. Je quittais donc mon poste d´apprenti mécanicien pour celui, plus prestigieux, de gestionnaire. A 20 ans j´étais fier de ma promotion. Mon travail était de contrôler les entrées de matières premières et la sortie des bobines de fil.
Lors de la première livraison de laine à l´usine je découvris que, parmi mes attributions, il y avait aussi le déchargement du camion avec le patron. Lui, un rude Italien d´une cinquantaine d´années, n´hésitait pas à mettre la main à la pâte. Il maîtrisait toutes les étapes de la production et il s´occupait lui-même de l´entretien des machines. Un vrai “petit” patron, quoi !
Un jour les fibres d´une carde prirent feu. Aucun des extincteurs manuels , faute d´entretien, n´a fonctionné. Heureusement quelques seaux d´eau suffirent pour éteindre les flammes. On y cardait des fibres de coton, hautement inflammables et non couvertes par les assurances ! La recherche, à tout prix, d´économies !
Un autre jour arriva l´un des ouvriers, au bureau, en criant : la main, la main !!! Sa main avait été happée par les rouleaux d´une carde. Le patron lui versa dessus de l´eau oxygénée éventée et l´emmena à l´hôpital. A son retour il mit, lui-même, la plaque de protection qui aurait dû être sur la machine et il dit . “Pour une fois que j´avais un bon ouvrier cardeur ! Où vais-je maintenant en trouver un autre ?”. Ce n´est pas facile, la vie de patron !...

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