Ce fut néanmoins dans le quartier de Florida où j´appris la vie de “barra” (groupe de jeunes garçons liés par le voisinage). Le chef respecté de la bande était Jorge, le fils du boulanger du coin. Sa soeur jumelle, Nélida, est devenue ma copine. J´ai été facilement admis dans le groupe. J´ai eu deux ou trois fois à me battre mais, dans l´ensemble, notre petite bande était plutôt pacifique. Quand nous rencontrions une autre “barra” on s´affrontait, généralement, au foot dans la rue. Parfois avec une vieille balle de tennis ou même de tissu. Dans ce quartier peu de personnes avaient des voitures : La rue nous appartenait !
A cette époque tous les commerçants faisaient crédit. On faisait les courses avec un carnet. Chaque commerçant y notait les achats. A la fin du mois ils faisaient l´addition et chacun payait le boulanger, l´épicier, le laitier et le boucher. Peu de clients déménageaient la nuit sans payer. Ce système artisanal n´avait besoin ni de banques ni de cartes de crédit ; il fonctionnait parfaitement bien. Il arrivait même que le délai s´étende à deux ou trois mois quand un bon client était malade ou provisoirement chômeur...
Même dans les quartiers riches les gens payaient à la fin du mois. Notre voisin boulanger avait une carriole tirée par un cheval. Trois fois par jour il livrait le pain encore chaud et les viennoiseries dans les quartiers bourgeois. Les bonnes recevaient la livraison. Le cheval connaissait le parcours et s´arrêtait devant chaque client !
Jorge qui avait, comme moi, 12 ans savait s´occuper du cheval. Nous partions parfois faire des livraisons. Ce sont mes meilleurs souvenirs de la vie de quartier !
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