Mon père ne garda pas longtemps son travail de jardinier. Il n´était pas habitué à recevoir des ordres !
Madame Suzanne (une Française au passé, semble-t-il, assez scandaleux), mariée au gérant d´une des plus grandes fabriques de cigarettes du pays, aida mon père à obtenir un travail de “contrôleur”. Il était chargé de contrôler la qualité du travail des femmes qui débarrassaient les feuilles de tabac de leurs tiges et brindilles. Le travail le moins qualifié et le plus conflictuel de l´usine, car les ouvrières étaient astreintes à produire un certain nombre de paniers par jour ! Si le triage était mal fait mon père devait le refuser ! Un travail de salaud, mal payé. Comme beaucoup d´ouvriers, il devait faire des heures supplémentaires. Les journées de 10 heures étaient habituelles. L´ambiance à la maison était tendue. Tellement tendue qu´elle finit par casser.
Ma mère quitta la maison pour une pension de famille au centre de la ville. Elle trouva un emploi de manucure dans un salon de coiffure près de la pension. Bien que perturbé, je la suivis. J´appris plus tard qu´elle quittait mon père pour Natalio. Malgré quelques incompatibilités de caractère - elle était gasconne, coquette et dépensière et lui tisserand juif, rescapé de Lituanie, plutôt austère et économe - ils restèrent ensemble pendant plus de 50 ans !
Mon père, ne sachant quoi faire, partit rejoindre ses frères à Mendoza. Moi je perdis mon année au très bon lycée technique Otto Krause (où j´avais été admis par concours). Je demandais alors à ma mère l´autorisation de rejoindre mon père pendant les vacances.
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