Mon père parlait trois langues, se disait “éleveur”, mais il n´avait aucun métier homologué et surtout il n´avait jamais été salarié. Il doit, pour la première fois de sa vie, à 43 ans, chercher un emploi. Une famille de riches vignerons, ancienne relation d´affaires de son père, proposèrent de l´employer comme jardinier dans leur résidence à Buenos Aires. Nous fûmes logés dans une petite maison au fond du parc.
Moi je fus inscrit, en demi-pension, dans une école des Frères Maristes. L´un des bâtiments du monastère était également un séminaire. Le moine qui nous a reçus, Frère Lucas, parlait le français. Il me fit passer un petit examen et analysa vite et bien la situation. Il m´assit dans sa propre classe, à côté d´Alex Fillerin, petit-fils de Français, qui était le seul francophone de l´école. Alex et sa soeur Mabel furent pendant de nombreuses années, mes meilleurs amis en Argentine.
C´est Antoinette, la fille célibataire de la famille qui employait mon père, qui m´aida pour les leçons pendant les premiers mois d´école. Elle parlait le français, jouait du piano, faisait de bons gâteaux mais, semble-t-il, elle refusait toutes les propositions de mariage. Ses parents avaient rejeté son premier grand amour, un jeune officier pauvre et elle ne se maria, qu´après leur mort, avec un simple maître-d´hôtel. L´ambiance et les préjugés étaient très XIXe siècle en Argentine et le sont restés dans certaines vieilles familles bourgeoises..
Je n´oublierai jamais ce que je dois à Alex, à Antoinette et au Frère Lucas pour ma rapide intégration scolaire en Argentine
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