Avant le départ je fus invité, par la Direction, à un déjeuner dans un restaurant chic de Stockholm. Il y avait le PDG de l´entreprise et deux directeurs, dont celui qui m´avait chargé de retrouver les pièces détachées égarées. C´est lui qui devint, quelques mois plus tard, Directeur de l´Amérique Latine. L´autre, celui qui m´avait jusques là soutenu, pris sa retraite...en Argentine.
Le repas fut raffiné et ces messieurs ne se privèrent pas de bien manger et de boire des alcools forts. Je me sentais honoré, mais en même temps inquiet. Je ne bus qu´une demi-bouteille de vin. Cette habitude très française faisait toujours rire les suédois. Comme dans presque tous les repas, en Suède, j´ai eu droit à un discours très conventionnel. Le Directeur de l´Amérique Latine me demanda, à fin de son discours, si je souhaitais quelque chose de particulier avant mon départ...
- "J´apprécierais d´avoir mon contrat de travail avant de partir", j´ai osé dire en souriant.
J´ai senti comme un flottement. Les trois directeurs m´affirmèrent que je garderai tous les droits et prérogatives des ingénieurs suédois.
- Notre contrat sera un "gentleman agreement" affirma le PDG, soutenu par les deux autres.
Je n´étais pas d´accord mais, comment dire à ces messieurs que je mettais en doute leur parole ? J´ai appris, ce jour-là, que les patrons suédois sont aussi malhonnêtes que les autres. Payé en monnaie locale, arrivé à Buenos Aires, la première dévaluation du peso me fit perdre, par rapport à la couronne suédoise, un tiers de mon salaire. Je compris alors le vrai sens du mot "gentleman".
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