C´est calme la vie
de village
les gens ne se
bousculent pas
on avait le temps de
parler
chez le boulanger et
le boucher
mais ils sont partis
en ville
depuis que la poste
à fermé
avec le tabac et
l´épicerie
le village se meurt
d´ennui.
L´ouverture d´un
supermarché
dans la banlieue du
chef-lieu
a torpillé
l´existence du village
le petit commerce a
périclité
et tous les jeunes
ont émigré
il faut vivre avec
son temps
affirme le député
souriant
il faut faire des
économies
ajoute satisfait le
Président.
Pour les services de
proximité
vous devrez vous
rapprocher
des grandes villes
rentables
où tout est prévu
et étudié
pour rendre la vie
agréable.
La ville a certains
avantages
que n´aura jamais
le village
il faudra bien vous
habituer
à la vie moderne et
au progrès.
Vous devrez vous
adapter
aux transports
surchargés
aux heures
d´ouverture
et aux gens qui
courent
qui courent à
grande allure
sans trop savoir
pourquoi
est-ce pour garder
leur emploi
souvent bête et mal
payé ?
et vous devrez
apprendre
à attendre d´être
appelé
à la poste et à
l´hôpital
pour être accueilli
vite et mal
par de tristes
robots stressés.
Et le soir vous
rentrerez fatigué
dans votre minuscule
logement
vous ferez chauffer
des surgelés
au micro-onde pour
votre dîner
seul comme un con
devant la télé
et le présentateur
vous parlera
de plages de sable
et de cocotiers
et vous penserez aux
vacances
dans votre village
des Pyrénées
avec sa rivière et
sa belle forêt
où quand vous étiez
adolescent
on y rencontrait
encore des fées
et dans l´aimable
bistrot du coin
tous les vieux se
réunissaient
pour boire des
verres de blanc
et parler du temps
présent
mais aussi du temps
passé.
Les jeunes parlaient
de rugby
et les filles
allaient à la messe
les gosses jouaient
à la toupie
ou aux billes sous
les marronniers
et quand elles
sortaient de l´Eglise
en tenant par le
bras leurs mémés
leurs regards
malicieux souriaient
aux jeunes paysans
endimanchés
(ils s´étaient
même lavé le samedi
à l´eau fraîche
et au savon !)
ils regardaient
passer les filles
et chacun faisait
son choix
tout était dans le
regard
ça n´allait guère
au-delà
car les mères
attentives
protégaient leur
innocence
du vilain méchant
loup
honni soit qui mal y
pense
et quoi qu´on dise
à ce sujet
ce sont toujours les
filles
qui savent le mieux
garder
leur raison et leur
sang froid
quand elles
choisissent la proie
qu´elles veulent
emprisonner
dans leur fine toile
d´araignée
le brave niais qui
les engrossera
quand ils se seront
mariés.
Il faudra beaucoup
d´astuce
et moult ruses pour
éveiller
l´instinct
insatisfait du rustre
avec des promesses
de miel
et des promesses de
paradis
sans jamais trop lui
donner
avant d´avoir la
bague au doigt
avec le certificat
de la mairie
ainsi que celui du
brave curé
car mieux vaut
signer deux fois
quand on veut garder
son mari.
Ne croyez pas qu´en
province
les bonnes copines
de l´école
sont moins garces
qu´à Paris
les plus riches et
les plus beaux
sont toujours les
plus désirés
la concurrence est
sans pitié
pour emporter le
gros lot
car ils sont rares
les oiseaux
qui sont en même
temps
disponibles, riches
et beaux
et qui se laissent
prendre
dans les mailles du
filet
des jeunes-filles à
marier.
C´est comme ça au
village
car tout le monde se
connaît
et les commères
jalouses
souvent aigries et
frustrées
n´hésitent pas à
dénoncer
les secrets les
mieux gardés.
Dans les petits
villages français
il n´y a pas de
vrais secrets
car ce que les
voisins ignorent
les médisantes vont
l´inventer
et la rumeur
populaire l´amplifier.
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