12 janvier 2010

“Ñ”

On a beaucoup parlé, dans la presse, de la “crise” du XXIème siècle en Argentine. Ceux qui avaient, pour se protéger de l´inflation, quelques économies en devises dans les banques furent, après de nombreuses démarches et des années plus tard, remboursés en monnaie locale dévaluée.
Déjà les plus importantes entreprises et infrastructures nationales avaient été bradées, par l´Etat, à des sociétés étrangères. De nombreux entrepreneurs argentins firent faillite. Le chômage atteint 20% de la population active et parallèlement se développa l´insécurité dans les villes. L´Argentine, pays d´abondance, autrefois refuge de millions d´émigrants européens subit, de plein fouet, les effets dévastateurs du libéralisme sauvage.
Pourtant, dans ce panorama de désolation, l´Argentine reste un pays de classe moyenne cultivée et créative. Il suffit de lire “Ñ” - le supplément culturel du journal “Clarin”- pour s´apercevoir que le niveau des articles est égal - ou même parfois supérieur - à celui de la presse des grandes capitales mondiales. De nouveaux centres d´expositions d´art contemporain sont créés, le cinéma argentin est aujourd´hui parmi les meilleurs, la Foire du Livre est un succès public et commercial, et l´activité théâtrale explose dans tous les coins de la ville de Buenos Aires. L´argent manque mais pas le talent. Buenos Aires, malgré une décennie de terreur militaire (30.000 disparus), malgré la faillite économique et financière, malgré la faible circulation des films argentins (dont certains obtiennent des prix internationaux, mais pas de distributeurs), malgré l´isolement, la vie culturelle existe, progresse et se porte plutôt bien. Bravo l´Argentine !

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