27 janvier 2010

Souvenirs de départs

Depuis l´âge de six ans je n´ai connu qu´une succession de départs. Pourtant mon père était un paysan. Mais une race spéciale de paysans : celle des émigrants. D´ailleurs il était né en Argentine.
Je ne connais guère l´histoire de mes ancêtres piémontais et gascons. Mais je pense qu´elle rejoint celle de millions de petits paysans de la fin du XIXème siècle qui avaient beaucoup d´enfants et peu de terre !
Les grands-parents piémontais avaient émigré en Argentine. Dans l´Ouest, au pied de la Cordillère des Andes, ils avaient défriché une centaine d´hectares de désert, ils avaient amené l´eau du fleuve par un canal et ils avaient planté de la vigne. Ils firent fortune dans le vin et s´installèrent sur une colline à Marseille. Ils appelèrent leur propriété “L´Américaine”! D´ailleurs, la petite route qui mène à la cité d´HLM, qui fut construite sur les anciennes prairies, s´appèle, encore aujourd´hui, le “Chemin de l´Américaine”. C´est dans le quartier de Saint-Antoine.
Le grand-père maternel gascon venait du village de Saint-Germé, dans le Gers. La grand-mère était née à Arles mais mon grand-père l´aurait rencontrée en Algérie, pendant son service militaire dans les spahis. Les paysans français, habitués à une vie rude chez eux, faisaient de bons soldats dans les colonies. Mais c´est à la guerre des Dardanelles qu´il fut envoyé, et ensuite dans les tranchées à Verdun. En tout il fit six ans de “service militaire” ! Il détestait l´armée ! Mes grands-parents commencèrent leur vie de couple comme concierges de ”maison bourgeoise” à Paris. Ils devinrent, plus tard, éleveurs de poules à Marseille. La guerre les renvoya dans le Gers.

Aucun commentaire: