Parfois on se réveille le matin avec un souvenir de notre enfance. Notre première peur, notre première entorse aux règles parentales, nos premières déceptions, nos premiers émois, nos premières dissimulations. Des faits insignifiants que nous transportons, pendant toute la vie dans la mémoire, sans savoir pourquoi.
Je crois que mon plus vieux souvenir de terreur c´est un cauchemar : un boa constricteur m´étouffait. Je poussais un cri qui réveilla mes parents. J´avais vu cette scène dans un film. J´ai également garder dans ma mémoire la scène du film ”La charrette fantôme” où Louis Jouvet, dans un cabaret, jette son mégot dans le verre d´un homme et le regarde dans les yeux jusqu´à ce qu´il en boive le contenu. J´avais alors 8 ou 9 ans et j´en garde un frisson de dégoût. De peur aussi.
Parmi les choses qu´y m´étaient défendues de faire, c´était de m´approcher de l´étang qui séparait notre ferme de celle du voisin. Un jour mes parents m´achetèrent une paire de bottes en caoutchouc. Je ne résistais pas à l´attrait de les essayer en pénétrant dans la grande mare, couverte de joncs, jusqu´à ce que l´eau inonde mes bottes. Si j´étais tombé dans un trou profond, on aurait eu beaucoup de mal à retrouver mon cadavre. Après, craignant que ma mère s´aperçoive que mes bottes étaient mouillées, je les enlevais et les faisait sécher au soleil. Ceci est arrivé il y a près de 74 ans et pourtant je me souviens encore des détails de mon “aventure” et de mes inquiétudes. Ce fut l´un de mes premiers défis à l´autorité de mes parents. Ce fut aussi l´un de mes secrets les plus cachés. Ils n´ont jamais rien su !
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