20 juin 2010

Mes métiers à Buenos Aires II

Ma mère ouvrit, près de chez nous, une blanchisserie. Elle me demanda de venir l´aider. Je quittais mon premier emploi assez qualifié pour mon âge
- j´avais 19 ans - car j´espérais avoir plus de temps libre pour mes études.
Le travail routinier, de remplir et vider les machines et la distribution, en triporteur, du linge lavé et repassé, perdit vite son charme. D´autant plus que ma mère ne me payait pas ! Je cherchais alors un autre emploi plus en accord avec mes études. J´en trouvais un, à l´Ouest de la ville, proche de ma nouvelle école technique : “Escuela Industrial de la Nación Nº 4”.
Je commençais, dans mon nouvel emploi, par suivre un stage de plusieurs mois, pour devenir mécanicien de machines à laver le linge. L´usine - où l´ingénieur et tous les ouvriers étaient Italiens - se trouvait à San Justo. Je partais de chez moi à 6 heures du matin et je rentrais à la maison à 23 heures ! J´étudiais, souvent debout, dans les autobus....J´avais 20 ans et mon principal souhait était, alors, de pouvoir dormir, dormir, dormir...
Néanmoins, la blanchisserie de ma mère m´apporta une des plus importantes rencontres de ma jeunesse : Cirilo San Miguel. Ce voisin cultivé, intelligent et révolté devint mon maître à penser. C´est lui qui me fit découvrir les meilleurs écrivains argentins - dont Roberto Arlt -, les poètes de “poesía buenos aires”, l´art moderne et les idées socialistes. Je peux dire que cette rencontre changea complètement et définitivement l´orientation de ma pensée adulte. Curieusement nous nous sommes toujours vouvoyés...

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