Qui avait eu l´idée et d´où venait l´ordre, en 1940, de faire un camp de concentration pour juifs au Maroc ? Ce que je peux affirmer c´est que le camp était dirigé par un officier français et que nos gardiens armés étaient des tirailleurs sénégalais. Personne n´était maltraité. L´officier français vivait avec une jolie petite adolescente berbère - qu´il avait du échanger contre un dromadaire -, et les tirailleurs, décontractés et souriants, se la coulait douce.
L´officier avait proposé, aux femmes du camp, de s´occuper de la cuisine afin, avait-il dit, - “d´assurer la propreté de la nourriture “. L´armée offrait les denrées de base. Je me souviens d´avoir mangé, pour la première fois de ma vie, des d´épis de maïs cuits. Le maïs bouilli et après légèrement grillé sur un feu de bois me semblait exquis. Et pour l´hygiène corporelle, comme l´eau manquait dans le camp, nous étions autorisés à aller nous baigner, toutes les après-midi, dans l´eau claire d´un large fleuve qui coulait à proximité. Personne ne s´échappait. D´ailleurs où aurions-nous pu aller sans argent et surtout sans papiers ?
Pour dormir c´était moins évident. Le responsable du camp avait jugé qu´il était préférable de ne pas séparer les famille. Mais le hangar qui nous fut assigné n´était pas aménagé comme dortoir. Nous avions, pour lits, des sacs en jute remplis de feuilles de maïs, posés directement sur le sol en ciment. La nuit les cancrelats grouillaient et les rats faisaient la course. Je ne parle pas des puces car nous ne pouvions pas les voir. Entre les plaintes des insomniaques et le bruit de feuilles sèches des paillasses certains adultes se plaignaient de ne pas pouvoir dormir. Ce n´était pas mon cas. La vie du camp convenait à mon insouciance d´enfant.
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