L´oncle Joseph nous donna une vieille charrue, quelques outils de jardinage, un “rancho” en pisé et un bout de terre au fond de la grande propriété. L´épicier nous ouvrit un crédit pour l´année. Nous commençâmes par applanir le terrain sablonneux, devant notre maison, pour semer des légumes. Derrière la maison nous installâmes un poulailler. Les deux chevaux et les poules nous offrirent l´engrais pour notre jardin potager. Le canal pour l´arrosage passait à quelques mètres de la maison.
L´oncle nous céda, pour les cultiver, deux hectares de terres brûlées par le salpêtre. Pour apporter l´eau d´arrosage il fallut creuser une centaine de mètres de rigole. Ce fut ma première tâche. Entre temps mon père arrachait les arbustes épineux qui avaient envahi ces terres à l´abandon. Toute cette parcelle, au bord des dunes, était colonisée par de vieilles racines qui freinaient la charrue. Il fallait creuser à la pioche et les enlever pour pouvoir labourer. Après des journées harassantes, nous avons pu semer une hectare de maïs et autant de tomates pour une conserverie. Les plants de tomates nous étaient offerts par le fabricant de sauce tomate.
Pour les planter nous faisions couler l´eau dans les sillons et, pieds nus, nous enfoncions les jeunes plants avec l´index dans la boue. Le soir nous arrachions, une à une, les épines de nos pieds. Un mois plus tard presque tous les plants étaient morts brûlés par le salpêtre !
Pour améliorer notre repas de légumes du jardin je mettais des pièges. J´attrapais quelques tourterelles et j´ai même pris, au lacet, un gros lièvre. Le dessert était fourni par un poirier. C´était une vie rude, très rude même...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire