16 mai 2010

Souvenirs de Mendoza IV

C´est dur le travail de la terre. Très dur ! Mon père, face aux difficultés rencontrées, devenait amer et violent. Pour peu il m´aurait accusé de son divorce et de la mauvaise qualité de la terre que nous avait attribué son frère. J´étais la seule personne avec qui il échangeait quelques mots. Il n´avait pas d´amis et ses frères l´ignoraient. Sur une centaine d´hectares de la propriété familiale, nous avions reçu une infime parcelle. La moins fertile ! Pourtant mon père ne se plaignait pas. A aucun moment ses frères se sont inquiétés pour notre santé et jamais nous étions invités à leur table.
L´oncle Joseph nous employa, à la journée, pour quelques travaux de la vigne. Les mains derrière le dos il venait, chaque jour, inspecter le travail. Si le travail de la terre est dur et ingrat, les gens qui en vivent le deviennent encore plus. Les poètes qui divaguent sur “la vie simple et heureuse des paysans” sont des gens des villes, qui n´ont jamais eu une bêche dans les mains. A Mendoza la terre devait être drainée pour éviter la remonté du salpêtre. L´eau d´arrosage était contingentée par heure et par hectare. A certaines époques de l´année, le río Mendoza, qui fertilise toute la province, n´était plus qu´un ruisseau. à Costa de Araujo. Sans l´eau du fleuve la province serait un désert. Chaque mètre cultivé, sur cette terre ingrate, le fut grâce à un immense réseau de canaux d´arrosage. Les pionniers les creusèrent, à la force des bras. Leur survie en dépendait !
C’est à cette époque critique de ma vie que ma mère vint me chercher, un an après mon départ, pour que je reprenne mes études. J´avais quinze ans ! ...

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