Pris dans la tourmente du coup d´Etat contre Péron je perdis ma place de Chef des Ateliers. J´eus le tort d´adhérer à la grève générale qui fut décrétée par la CGT. J´étais cadre donc je devais participer à la haine des patrons contre les syndicats péronistes. Mais le patron de Fabriloza commit une erreur : Il menaça de me dénoncer à la police si je lui faisais un procès. Ce fut l´époque tragique où on enfermait les dirigeants syndicaux dans la prison-mouroir, désaffectée, de Terre de Feu. Un avocat communiste prit ma défense et, avec le soutien des délégués du syndicat, je gagnais le procès qui me paya mon voyage en France et le début d´une nouvelle vie.
Le jour du départ du bateau j´eus une grande surprise : deux des directeurs de Fabriloza étaient sur le quai ! C´est alors que je découvris que le patron voyageait sur le même bateau ! Je m´approchais de lui et je lui tendis la main. Sur le quai il y avait aussi une quinzaine de personnes qui saluaient bruyamment mon départ, dont quelques ouvriers de l´usine. C´est alors qu´il me dit : “Vous semblez être très populaire ! Venez me voir demain dans ma cabine. Je suis en première classe.”
Moi je n´étais qu´en troisième car il n´y avait pas de quatrième sur ce bateau. Néanmoins, quelques jours plus tard, curieux de connaître ce qu´il allait me dire, je lui rendis visite. Il avait le mal de mer. Pendant tout le voyage il vomissait tout ce qu´il mangeait ! Mais bien que décomposé par les nausées, il me reçut courtoisement et me proposa, dès mon retour en Argentine, de m´associer à une affaire de machines outils d´occasion !!! Le fait est qu´il avait, déjà, le projet de vendre Fabriloza !
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