Lors de mon arrivée à Stockholm j´ai logé, les trois premiers jours, à l´auberge de jeunesse. Elle était située sur le port dans un ancien grand voilier : le “Chapman Ship”. C´était ce qu´il y avait de moins cher. Puis je cherchais le contact avec Carlos, l´Argentin que j´avais connu à Paris. Il faisait, comme tous les étrangers de passage, la plonge dans un restaurant “self-service”. “Diskare” (plongeur) était l´un des premiers mots que nous apprenions à notre arrivée. En été la police d´immigration donnait, sans difficultés, des permis de travail provisoires pour les restaurants et les hôpitaux. La Suède manquait de main-d´oeuvre intérimaire peu qualifiée (il y avait alors le plein emploi !) et curieusement, en été, on trouvait dans les cuisines de Stockholm beaucoup d´étudiants - y compris suédois - qui se payaient ainsi leurs vacances. La plupart des “diskare”, du sud de l´Europe, avaient au moins leur bac ! 90% des personnels de restaurants étaient étrangers ! Beaucoup étaient de rustres et solides travailleurs finlandais. Seuls les chefs étaient suédois !
Il y avait aussi les “diskplockare” (ramasseur de plateaux). J´ai exercé, à mes début, les deux métiers...
Carlos partageait une chambre avec José, un espagnol joyeux et cultivé. Passés les trois jours réglementaires, le responsable de l´auberge, inflexible, me mit à la porte. Je fut invité par Carlos à partager leur chambre...et leur loyer. Ce qui me semblait normal ne l´était pas pour la logeuse. Je fus expulsé de mon refuge. Ce fut un jeune espagnol qui m´évita de devenir SDF. On l´appelait “el pelado”. Souvent la solidarité d´amis occasionnels me sauva la vie. Je ne l´oublie pas !
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