Quand on a passé une partie de l´enfance dans une région qui parle notre langue maternelle, dans une ambiance familiale et protégée, dans un paysage et des parfums de campagne, on en garde des souvenirs inoubliables. Certains mots sont porteurs de sensualité, certaines odeurs de regrets d´innocence et le lointain passé tricote du rêve embelli. Les émigrants cachent tous, au fond de leur âme, des bouffées de nostalgie. La soupe, cuite sur la cuisinière au feu de bois, était meilleure au pays. Jamais plus on en a mangé d´aussi bonne ! On fait semblant d´oublier que, parfois, la faim était le principal assaisonnement du plat unique. On oublie, aussi, que quand on était jeune on se dépensait beaucoup plus que maintenant. On faisait, dans nos campagnes, des kilomètres à pied, dans le froid et la pluie, pour aller à l´école. Quand on cultivait la terre, on marchait des journées entières derrière la charrue. Les bras et les jambes étaient les principales machines, du début du XXème siècle, dans nos campagnes.
En ville on montait souvent à pied, jusqu´à six étages pour atteindre son logement, après 8 ou 10 heures de travail à l´usine et deux heures ou plus de transports en commun par jour. C´était la routine pour de nombreux travailleurs...et elle l´est encore aujourd´hui. La modernité n´empêche pas l´exploitation des plus pauvres. Mais est-ce que la soupe en sachets laissera autant de souvenirs ?
Pourtant, dans ma chambre de bonne à Paris, au 6éme étage sans ascenseur, je me sentais comme au paradis. J´avais, enfin, coupé définitivement le cordon ombilical. J´étais libre !!!
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