26 décembre 2012

Chroniques indignées V

Carmelo Arden Quin



Oui, le nouveau gouvernement socialiste, malgré ses déclarations pendant la campagne électorale : « nous n´augmenterons pas les impôts des travailleurs. Seuls les plus riches payeront ! », annonce maintenant que le trou, que lui laisse son prédécesseur, est plus profond que ce qu´il croyait et que tous les bons Français (les autres sont déjà réfugiés en Suisse) devront participer à le combler. De toutes façon il faut être très naïf (mais vraiment très très naïf et je reste poli), pour croire ce que déclarent les candidats pendant les élections. Il suffirait que quelques illuminés - comme il en existe déjà - promettent, par exemple, que s´il sont élus, les chauves et les plus de 50 ans ne payeront plus d´impôts, pour qu´ils obtiennent quelques millions de votes d´électeurs français. J´insiste sur le fait que ces hypothétiques électeurs seraient tous français, donc alphabétisés et possesseurs d´un appareil de télévision (pour ceux, très nombreux, qui ne lisent pas mais veulent, sans efforts, tout savoir). Quand on déteste la politique et qu´on est viscéralement apolitique et quand on refuse toutes les idéologies (surtout celles de gauche !) on augmente considérablement les chances de faire élire les plus canailles des candidats (qui sont souvent aussi les plus médiatisés par la télévision). Après qui payera les pots cassés ? Naturellement les contribuables ! Et ils se plaindront et ils ne seront pas contents. Ce sera pourtant le seul moment où se rejoindront , ceux de droite et ceux de gauche, pour critiquer le gouvernement. Et encore ils ne savent pas tout car, s´ils savaient, plus personne ne voterait ni à gauche ni à droite !

22 décembre 2012

Les chroniques indignées IV : Cinéma




J'ai écrit cette nuit, dans un demi-sommeil hypnotique, tout un article virtuel sur un sujet politique dont j'ai tout oublié ! Je me souviens qu'il commençait par une affirmation et son contraire, qui devait servir de base de départ pour mon article. Mais quel était le sujet ? Alors, en attendant que mon subconscient me restitue le texte ou, tout au moins, l'idée du texte, je vais écrire quelques mots sur un film simple de Costa-Gavras (et oui, toujours le même et toujours jeune à 79 ans !) sur un garçon candidat à l'émigration illégale en France : « Eden à l´Ouest ».

Lors d´un spectacle de magie, un illusioniste français de passage (ça pourrait être en Turquie), l´invite à le rejoindre et l´utilise pour l´un de ses gros trucages (il le fait disparaître de la scène). Avant de quitter le théâtre le magicien donne sa carte de visite au jeune garçon (qui parle un peu le français) et lui dit « Si tu vas à Paris, viens me voir au Lido ! ». Voici ce qui motive Elías (tel est son nom) à partir à Paris, car il pense qu'il aura là-bas un ami qui lui offrira un emploi.

Le film est construit sur le récit des rencontres de Elías pendant son voyage réalisé, en grande partie, en auto-stop. Depuis la femme allemande en vacances (en Grèce ?), en manque d´amour, qui l´amène dans son lit à la bourgeoise française, qui l'invite chez elle (sur le palier de son appartement, pas plus loin...) et qui lui offre une belle veste de son mari décédé, les personnes croisées sont le meilleur et le pire de ce qu´en Europe, un étranger dans la situation de Elías, peut rencontrer. Il y a dans ce film beaucoup d'humanité et de générosité. C´est du bon cinéma !

08 décembre 2012

A Jacques



Jamais personne n´a écrit
un hymne aussi émouvant
pourtant tes frères ont haï
ton plus merveilleux chant.

Tu chantais ton plat pays
les larmes dans les yeux
mais les bourgeois rassis
t´empalaient sur un pieu.

Pourquoi sont-ils si bêtes
les conservateurs racistes ?
Qu´ont-ils donc dans la tête
pour être si fats et tristes.

Jacques ne cherchait pas à plaire
aux séparatistes flamands
et plus ils étaient en colère
plus il trouvait ça marrant.

On dit que le poète indigné
après sa mort aurait affirmé:

Les racistes et les cochons
plus ils sont nombreux
plus ils tournent en rond
les racistes et les cochons
plus ils sont nombreux
plus ils deviennent cooons.

01 décembre 2012

A Georges




Il n´aurait pas voté pour le père
et je doute qu´il eut choisi la fille
car quand Georges vitupère
c´est contre toute la famille.

Il n´aimait pas trop les patrons
et il se méfiait des syndicats
tous les joueurs de clairon
brisaient son coeur et son foie.

Car Georges mon vieil ami
était hélas ! un vrai poète
il préférait rêver dans son lit
que pousser une brouette.

Même Dieu n´y échappait pas
quand il invoquait le démon
les flics la peste et le choléra
et l´avenir de la télévision.

Dans le coeur de ce chanteur
de ce gratteur de jambon
il y avait la bonne humeur
de Rabelais et de Villon.

Gare aux gorilles et aux patrons !



Georges était souvent insolent
les bourgeois ne l´aimaient guère
et jusqu´à l´âge de trente ans
son existence fut une vraie galère.

Puis grâce ses amis fidèles
et à la patronne d´un cabaret
il put chanter sa ritournelle
contre les flics et les curés.

Il devint très populaire en ville
partout dans la rue on chantait
gare aux juges et aux gorilles
jusque sur les marches du palais.

Ah ! Georges ta poésie a gagné
ton humour fier et mordant
fait toujours rire le poulailler
et fait encore grincer des dents.

Villon et Rabelais te saluent
et t´accueillent dans leur salon
loin des médaillés et des instituts
loin des cons très loin des cons

Gare aux gorilles et aux patrons !

25 novembre 2012

Chronique indignée III : l'Europe




Quoi dire sur la politique en Europe? Ça ressemble plus, en ce moment, à un naufrage qu´à une Union sereine de pays civilisés. Pays qui - à part quelques petites dissensions qui ont provoqué, depuis qu´ils existent, des millions de morts (quand on aime on ne compte pas...) – qui, je disais, adhérèrent volontairement à cette Union de blancs, chrétiens et capitalistes Européens, pour la diffusion de leurs supermarchés sans frontières. Un but  éminemment  culturel car, comme dit Warhol  :  «  il y a plus d´art dans un supermarché que dans tous les musées d´art du monde». 
Quand on a vécu et prospéré, pendant des siècles, dans la guerre et le pillage des régions voisines plus faibles, je comprends que ce n´est pas facile se reconvertir, en quelques années, à des relations d´amitié, de confiance et de solidarité. Dès que dans leurs congrès apparaît le moindre sujet de discorde - congrès organisés dans le but de s´entendre  et d´approuver, sans discussions inutiles, tout ce que proposent les deux ou trois pays les plus riches et peuplés d´Europe -, certains «  élus du peuple  » (donc  nécessairement des menteurs et des tricheurs professionnels), commencent  à se demander s´il n´aurait pas été préférable de suivre l´exemple de la Norvège (qui, elle, n´est pas membre de l´Union Européenne et qui, néanmoins, s´en sort très bien).
Il manque aux peuples de l´Europe, pour créer un authentique  sentiment d´unité et de solidarité, un ennemi commun. Mais où trouver, maintenant qu´il n´y a plus de communistes, un ennemi assez effrayant, sans être trop menaçant, pour créer l´unité culturelle d´Europe? 

19 novembre 2012

Tout semble tellement évident...




Quand je dialogue
avec moi-même
tout me semble pourtant
tellement évident...

Ça me paraît évident
que les menteurs souriants
les hypocrites les faux-culs
soient du côté des méchants
quand ils tergiversent
le soir sur le petit écran
et trompent le bon peuple
avec de douteuses promesses
de rigueur et de redressement.

Ils disent: Le pays est malade !...
C´est pourtant vrai qu´il va mal
de tant d´illicites spéculations
et de scandaleux détournements.
Qu´ont-ils fait de notre argent ?
Qu´ont-ils fait de nos cotisations ?
Pourquoi c´est toujours les mêmes
qui doivent subir les inondations ?

Car les vrais riches ils trichent
ils trichent et ils trichent souvent
même si on vous cache la vérité:
Toutes les banques sont à eux
et ils sont toujours bien informés
sur comment défendre au mieux
leurs multiples bénéfices accumulés.
Quand il s´agit d´argent croyez le poète
ils connaissent la musique les banquiers
et ils savent aussi très bien danser
même s´ils subissent quelques pertes
ils n´écoutent guère les communiqués
diffusés par les journaux spécialisés
(Tous les médias leur appartiennent
ainsi que les conseillers mercenaires
payés pour abuser les actionnaires
et tous les petits épargnants effrayés).
Oui, mes amis, les plus riches
ne sont jamais trop inquiets
pour investir leur argent
car ils possèdent très souvent
des réserves et des fonds secrets
et ils savent avant tout le monde
où et comment les placer
pour ne jamais perdre
ce qu´ils considèrent
honorablement gagné
puisque à la confesse
leur curé les a pardonnés
avec trois bonnes prières
ils peuvent recommencer.
Les vrais riches, chers camarades,
ont toujours bonne conscience
car ils pensent non sans raison :
-que feraient donc les pauvres
s´ils étaient dans notre situation ?...

10 novembre 2012

Chroniques indignée II - Cinéma




Hier soir TV5 Monde nous a offert un film différent « Tous les soleils » réalisé par Philippe Claudel. Un film gentil tout en étant très vache. Le personnage principal, d´origine italienne, est un gentil garçon professeur (comme le producteur), veuf, père d´une jolie gamine de 15 ans et frère d´un artiste peintre farfelu, qui passe sa journé en pyjama et robe de chambre et qui brûle les francs suisses, que lui verse un marchand helvète, car ils représentent la perversion du capitalisme financier (bien que farfelu je trouve le frère tout à fait logique et rationnel dans sa révolte politique contre le capitalisme et, surtout, dans sa révolte contre Berlusconi !). L´habileté du réalisateur (et auteur du scénario), pour faire passer son message politique, est de montrer comme une farce la lutte de son frère contre le pouvoir capitaliste. Cette partie du film aurait pu tomber dans le grotesque mais le talent et l´intelligence du producteur sait éviter le piège. Il n´oublie pas de nous montrer, vers la moitié du film, la dégringolade et l´éviction de Berlusconi. Cette scène de joie nous fait comprendre que l´indignation politique, même quand elle semble dérisoire face à l´immense pouvoir des finances , est quand même utile et nécessaire.
Philippe Claudel est agrégé de français. Il démarre sa carrière d´enseignant dans une institution pour enfants handicapés moteurs, puis il donne des cours dans une maison d´arrêt de Nancy. Pour finir il enseigne l´Anthropologie culturelle et la littérature à l´Université de Nancy II. Il commence à publier des romans en 2000. Son premier film « Il y a longtemps que je t´aime » est de 2008.

04 novembre 2012

Les chroniques indignées I





Il y a de quoi être indigné ! Oui, hier, sans aucune « fausse manoeuvre » j´ai perdu 15 pages (et donc 15 articles), très soignés, sur le sujet qui imprègne, depuis 20 ans, tous mes écrits, tous mes poèmes et toutes mes utopies. Saloperie d´ordinateur ! Définitivement perdus dans le vide de l´espace, sans laisser la moindre trace, mes articles ont subitement disparu. Je n´essaierai même pas de les reécrire car ce n´est pas dans mes habitudes de mémoriser des « phrases d´hommes célèbres » et encore moins les miennes. Je ne sais pas, non plus, réciter de mémoire les poèmes des « grands poètes français», ni ceux des petits poètes, bien plus nombreux, parmi lesquels on peut, sans crainte de m´offenser, me classer (Mais méfiez-vous de la modestie des vrais poètes ! Ils mettent trop de passion, trop d´amour dans leurs poèmes, pour rester indifférents face au mépris de la critique). Quoi qu´il en soit c´est dur pour le moral de perdre, dans le néant, 15 jours de travail, soit 15 perles de la couronne. Que faire ? Maintenant je repars à zéro . Tout en restant branché sur les mêmes sujets: la justice sociale, la solidarité, mon indignation face aux abus et tout en dénonçant, une fois de plus, le mépris des riches pour les plus pauvres, je reprends le fil de ma pensée et je confirme mes convictions: oui, je crois qu´une société plus juste est possible. Oui, je dénonce les canailles qui empêchent le développement harmonieux du monde. Je dénonce, sans relâche, ceux qui provoquent et entretiennent la violence et la haine, là où une simple volonté d´entente pourrait résoudre tous les problèmes les plus graves. Oui, je suis un poète engagé et je l´assume !

28 octobre 2012

Humiliation et révolte...



Comment fait-on pour avaler
de grosses couleuvres
de six mètres et demi de long
et oser demander pardon
au Pape et aux patrons
d´exister à quatre pattes
comme un caniche mouillé
après son bain de mousse
avant d´être tondu épilé humilié
par une laisse et un ruban bleu
extraordinairement ridicules
chez votre chef après Dieu
au bureau pour une virgule
aïe ! tellement mal placée
dans la lettre à notre meilleur client
vous devez faire attention Durand
vous devriez savoir pourtant
que c´est notre meilleur client !
et le téléphone qui l´appelle
et qui lui colle à l´oreille
comme un aimant glacé
et d´un geste de la main
vous voilà chassé du bureau.

Votre regard de vieux cabot
encaisse les humiliations
quand oserez-vous donc
lui dire toute votre indignation ?
(à ce gras et ignoble salaud...).

19 octobre 2012

Les bons patrons...



















A Didier Renaud qui croit
à la bonté du patronat....

J´en ai connu des patrons
de toutes les couleurs
j´en ai même connu des bons
ceux qui offrent des fleurs
pour l´anniversaire
de leur secrétaire
et quand ils visitent l´atelier
demandent au balayeur ému
des nouvelles du petit dernier
« il est sympa le patron »
murmurent les ouvriers
et ils se dépêchent de récupérer
le retard dans la production
pour ne pas perdre la prime
de fin d´année et les cadences
« imposées par la concurrence »
pour gagner des marchés.
Tous les patrons français
se démènent pour sauver
les emplois avant de délocaliser
la production chez les Chinois.
Les bons patrons, croyez-moi,
se décarcassent pour protéger
tous ces braves cons d´ouvriers
qui refusent de se syndiquer...

(Les Poèmes Indignés de 2012)

12 octobre 2012

Les poètes sont-ils responsables de la crise ?...


Rimbaud, Lautréamont, Alfred Jarry, Tristan Tzara, André Breton se révoltaient contre la médiocrité étouffante de la culture bourgeoise de leur époque. En mai 1968 cette révolte sortit dans la rue avec des pavés à la main et des idées de liberté sur les murs. Pendant quelques semaines les bourgeois eurent très peur, les fascistes s´indignèrent et les dociles moutons, toujours aussi nombreux, ne savaient plus dans quelle prairie devaient-ils paître. Mais, après quelques réformes de surface, tout reprit comme avant. La routine aliénante du travail, les crédits de la voiture et du trois pièces et les vacances en troupeau organisé reprirent le dessus. Métro-boulot-dodo dénonçait le poète Pierre Béarn que j´ai rencontré, une fois, au “Marché de la Poésie” Place Saint-Sulpice, très vieux et très seul devant ses livres.
Les vrais questions de mai 68 furent promptement oubliées par les responsables de la politique et par les idéologues professionnels. Et c´est quarante ans plus tard que les effets pervers de notre société de consommateurs et de pollueurs égoïstes, sans respect pour les générations futures et uniquement motivée par la rentabilité immédiat, mettent en évidence son pouvoir destructeur. Destructeur de certitudes, d´emplois et de sécurité pour tous, mais surtout pour les plus faibles. Tout le système s´écroule, et les “responsables”politiques proposent de boucher les trous avec la rustine des vélos de nos grands-parents.
Mais où sont donc les Rimbaud, les Lautréamont, les Jarry, les Tzara et les Breton de notre siècle ? Où est donc la conscience sociale de nos poètes 
d´aujourd´hui ?

10 octobre 2012

La puce et le morpion


Une puce vivait ma foi,
sur les fesses d´un roi;
un morpion fort ambitieux
visita sa sous-maîtresse.

Lors de leurs ébats amoureux

le morpion devint roi, aïe !
Et la puce chanoinesse.

07 octobre 2012

La Cigogne


L´une des revues de poésie belge que j´admire le plus c´est « La Cigogne ». Bernard Godefroid, le directeur de cette revue, est un homme de gauche et il ne le cache pas. Ses articles et son choix de poètes restent exceptionnels dans le milieu de la poésie francophone.

Nous regrettons de constater que les éditeurs contemporains de poésie sont généralement très conservateurs et même parfois assez réactionnaires : Ils refusent la poésie politiquement engagée. « La Cigogne », par son contenu et son engagement social, reste une publication sans équivalent.

Plutôt lyrique et bucolique la poésie contemporaine, que nous servent les revues, ressemble plus souvent à un exercice de style scolaire qu´à une création. Les jeux de mots raffinés vides de sens - plus intellectuels que poétiques - remplacent l´originalité de la pensée. Les poètes devraient pourtant savoir que la médiocrité académique ne se substitue pas au talent.

« La Cigogne », malgré ses petits moyens financiers, cherche à publier des textes poétiques qui n´oublient pas que l´homme reste le centre et la justification de toute littérature. Mais pour garder son humanité l´homme doit se battre, sans relâche, contre les prédateurs d´humanité. La principale fonction du poète devrait être de montrer le chemin...Il n´y a pas d´art, il n´y a pas de poésie sans engagements humain, social et politique. Il n´y a pas de création sans liberté.

« La Cigogne » est une revue qui ouvre les yeux de la poésie...

01 octobre 2012

Paul Van Melle


 J´ai, dans le milieu de la poésie, un vieil ami belge, Paul Van Melle, qui édite la modeste mais prestigieuse revue « Inédit Nouveau ». Il y a 20 ans que je lui écris, que je lui envoie mes livres de poésie engagée (qu´il déteste) et qu´il publie mes traductions de poètes brésiliens. Paul Van Melle a plus de 80 ans et ne peut plus jouer au football mais il écrit des pages et des pages de recensions de livres qu´il n´a, de toute évidence, pas le temps de lire, à moins qu´il ne dorme que deux heures par nuit et le reste du temps il travaille sans répit (c´est ce que les patrons exigeraient de leurs employés, si on les laissait faire !).
Paul Van Melle a une connaissance très étendue et profonde sur les poètes francophones. Il y en a guère qui échappent à sa perspiscacité. Il a même la liste de tous les poètes recensés dans sa revue...bien qu´il refuse l´informatique. Je suppose qu´il possède un meuble avec de nombreux tiroirs pleins de fiches qu´il maintient soigneusement à jour (lui ou sa chère épouse...).
Malgré sa passion pour la poésie lyrique (et apolitique) et son refus de la grossièreté (jamais vous ne lirez dans sa revue le mot « merde ») et son côté professeur (il avoue détester les virgules mal placées...) sa revue reste l´une des très rares à publier, pour chaque poème ou article, une petite biographie de l´auteur (et du traducteur quand il existe). J´avoue que c´est, malgré ses faiblesses, la seule revue (avec « La Cigogne ») que j´ai fait relier pour la garder. Signalons quand même qu´il est dificile de mettre debout, dans la bibliothèque, des feuilles de papier A-4 simplement brochées.  

20 septembre 2012

« L´Ecole de Nice »

Jean Ferrero (1971)

Je viens de retrouver, dans un vieux dossier jauni, deux interview jamais publiés que j´ai réalisées, en 1971, sur la Côte d´Azur avec Jean Ferrero et avec l´artiste, de l´Ecole de Nice, Ben. J´en ai fait un petit livre. Monique, qui les a connus, en a fait la présentation.

Tout ce que disent l´un et l´autre – et l´un sur l´autre – méritait d´être conservé. C´est tout le contraire des déclaration sophistiquées de certains critiques professionnels. On y parle de camaraderie et de déceptions, de rencontres occasionnelles et d´amitiés durables, d´admiration et de doute. « Ben doute de tout » disait Ben. Et Ferrero admire Ben. Ben lui met une note de 0/20 et Ferrero le compare à son père quelque peu ferrailleur. Tous deux doutent de l´existence d´une Ecole de Nice, mais citent, avec respect, tous les noms de ceux qui en furent les adhérents ou les simples visiteurs. « L´Ecole de Nice » est une appellation pompeuse qui fut donnée à un mouvement d´avant-garde provincial qui devint, assez rapidement, international. Pour la première fois dans l´histoire de l´art moderne, en France, un mouvement artistique n´était pas né à Paris ! Il fallut néanmoins, pour le sortir de l´anonymat, faire allégeance à certaines galeries parisiennes connues. Mais les artistes niçois ont vite appris le système. Ils se sont empressés de trahir les premières galeries qui les exposèrent, pour signer des contrats avec d´autres plus riches et prestigieuses qui leur permettraient franchir le pas et les méneraient à New York. La nouvelle mecque de l´art moderne. Ils sont vite devenus des artistes de renommée internationale...

15 septembre 2012

Le marigot



Dans la boue du marigot
dans l’eau noire des rias
il y a des crapauds
et des Ave Maria

il y a tout un monde
dans la boue et dans l’eau
il y a des tombes
il y a des cadeaux
dès que le riz sort la tête
et le filet le tilapia
dès que les grosses crevettes
nagent dans l’huile du plat.

il y a aussi les jours de fête
la musique et le vin
qui reflètent en cachette
et tombent dans le ravin
et tombent sur la tête
dans l’eau noire des rias
c’est le destin des plus bêtes
le destin des parias
de pleurer les jours de diète
et de maigrir le mardi gras

c’est le destin des plus démunis
de vivre dans le marigot
car pour avoir du poisson et du riz
on doit prier les pieds dans l’eau.

11 septembre 2012

Informatique


Monique et moi nous avons remplacé, presque en même temps, nos ordinateurs morts de vieillesse. Monique a fait venir le sien de France car son programme et son clavier sont adaptés aux normes françaises. Le mien est maintenant brésilien. En principe nous avons le même Word. Avant j´avais le Word Perfect espagnol que m´avait recommandé mon premier instructeur (une jeune informaticienne française au Guatemala !). Mais le Word français de Monique n´est pas tout à fait le même que le mien. Chacun a ses propres caprices et fantaisies. Monique est, depuis toujours, branchée sur le réseau et elle maîtrise beaucoup mieux que moi les multiples possibilités de son ordinateur. Pour moi c´est à peine une machine à écrire perfectionnée. Je dirai même un peu trop perfectionnée pour mes besoins...

Mais ne voilà-t-il pas que le nouvel ordinateur de Monique refuse le réseau internet. Il affiche : Contactez votre fournisseur ! Malgré sa grande intelligence universelle, son programme français ne permet pas de trouver une aide au Brésil. Notre technicien brésilien est formel : il faut l´envoyer en France ! A part le coût du transport et les frais de douane (aussi chers que l´appareil) il y a la perte de temps de notre dévouée amie - qui a servi d´intermédiaire - et les semaines d´attente sans ordinateur (une grande marque achetée chez un gros fournisseur !).

Les fournisseurs d´informatique ne pourraient-ils pas proposer aux clients, à la demande, des programmes plus simples et mieux adaptés a leurs besoins ?

22 août 2012

Le Temps


Le tout, quand on écrit un blog, c´est de ne pas exiger trop du lecteur. La bonne mesure c´est un texte de 250 mots, qui peut être lu en deux minutes. Le temps est une chose très envahissante et importante dans le cerveau des occidentaux. Depuis la plus tendre enfance on nous impose, dans les pays développés, une division du temps : il y a la tranche pour dormir, la tranche pour se lever, la tranche pour aller à l´école, à l´usine ou au bureau, il y a la tranche pour déjeuner, la tranche pour dîner, les tranches pour les déplacements, etc. Tout ce qui est organisé est minuté : les horaires de travail, les horaires du train, les horaires des rendez-vous, les horaires des loisirs, les horaires des programmes de la télévision. Tous doivent être respectés quoi qu´il arrive. Si par exemple vous arrivez quelques minutes en retard à votre travail, vous serez mal noté par votre chef. Peu importe que vous compensiez, en prolongeant votre travail le soir. L´horaire c´est l´horaire et ça ne se discute pas. Un excellent travailleur qui arrive souvent en retard, parce qu´il habite en banlieue et les horaires des trains sont incertains, devient vite un mauvais élément. Son chef lui dira : vous n´avez qu´à vous lever plus tôt...Qu´importe s´il se lève à cinq heures du matin pour arriver à neuf heures au bureau !

Pourquoi j´en parle dans un blog sur la poésie ? Peut-être parce que le pire ennemi de la poésie est précisèment l´horaire imposé. Voilà ! Il n´y a pas d´horaire pour la poésie. Elle vient quand elle veut et part de la même façon. Tout bon poète est un anarchiste casseur d´horloges !

 

11 août 2012

Femmes


Il y a des femmes qui sourient
coquettes
belles irrésistibles
des femmes pour lesquelles les hommes
se suicident
il y a des femmes qui pleurent
faibles
belles tristissimes
de femme pour lesquelles les hommes
s´entre-tuent
mais il y a aussi parfois
des femmes qui nous aiment
modestes
solidaires décidées
des femmes pour lesquelles
on ne donne jamais assez
car
il y a des femmes, souvent les mêmes,
coquines et dévouées
qu´on aime qu´on aime
à la folie
jusqu´à la fin de notre vie
car larirette larirette
toutes les femmes coquettes
sont notre phare notre boussole
et notre avenir.
(D´autres poètes l´ont dit...)

08 août 2012

Le blog nouveau est arrivé

Voilà ! C´est reparti !... À 299 j´arrête. Le tout c´est d´y arriver...L´ennui c´est que je ne sais pas avec quoi je vais remplir les 89 chapitres qui manquent...Je pourrais, naturellement, reprendre les textes de mes derniers livres de commentaires et de poésie politique. Edités à une douzaine d´exemplaires ils peuvent également voyager sur l´océan du blog. A la voile...Sans hâte. De toutes façons je sais qu´ils n´arriveront jamais à destination. Comme un bateau fantôme, mes écrits dériveront dans la brume d´une baie perdue, loin du bruit et des lumières. Des algues gluantes couvriront peu à peu les mots et les enseveliront dans une trouble mare d´oubli. Un oubli très relatif car, pour oublier une histoire, il faut préalablement la connaître...et la poésie reste un mystère insondable. Elle est encore plus difficile à trouver que les pépites d´or dans le caniveau de ma rue...Et encore ! Etant donné que j´habite au centre du Brésil - une région qui fut « découverte » par les chercheurs d´or - en regardant bien je trouverais plus facilement des paillettes dorées que des livres de poésie dans les librairies.
Tout compte fait les poètes n´ont que ce qu´ils méritent ! Ils parlent d´amour, de champs fleuris, de fontaines d´eau fraîche, au milieu d´un désert aride, inhospitalier, plein de cactus, de scorpions et de serpents à sonnettes. Les poètes lyriques sont souvent ivres de mots trop gentils. Ils portent des lunettes déformantes qui transforment les dépôts d´ordures de nos sociétés en roseraies. Ils embellissent tellement qu´ils ont perdu toute crédibilité.

31 juillet 2012

« Le poète qui vous parle ».


Mon blog, comme vous le savez, a pour titre « Le poète qui vous parle ». Il fut choisi par mon fils. C´est également le titre d´un de mes premiers livres auto-édités. Il y a vingt ans je finançais mes publications en espérant, néanmoins, trouver un éditeur qui publierait et diffuserait mes livres. Plutôt modeste et discret dans mon travail, je n´espèrais pas de miracles ni même un succès de ventes, mais une certaine diffusion assurée par des professionnels de l´édition. Pouvoir dire à mon entourage « je suis écrivain » me semblait plus digne que de dire que j´étais retraité. Puis j´avais des choses à exprimer que je voulais partager avec d´autres personnes...

Je savais également qu´il est très difficile d´exercer un métier artistique de façon originale. Plus on s´informe dans ce secteur, plus on s´aperçoit que tout a déjà été exploité. Je ne méconnaissais pas les difficultés du métier. Mon premier rapport, avec la poésie moderne, avait eu lieu quand j´avais 20 ans à Buenos Aires. J´avais connu un groupe de jeunes poètes dont j´admirais la culture, leur passion et leur aisance. Il étaient tous brillants quand ils parlaient de l´art et de la poésie. Je découvrais que tout ce que je savais et j´avais lu, jusqu´alors, était totalement dépassé et obsolète. Moi j´en étais encore aux romantiques et à la découverte des parnassiens et je n´étais pas encore arrivé aux symbolistes. Tout à coup je me trouvais plongé dans le futurisme, le dadaïsme et le surréalisme. Ce fut pour moi comme un électrochoc. J´avais tout à apprendre !

J´avoue qu´il m´a fallu des dizaines d´années pour commencer à comprendre ! Et ce n´est pas fini...







28 juillet 2012

Parapoésie politique


Pourquoi « parapoésie » ? Peut-être parce que, comme Nicanor Parra - le créateur de « l´anti-poésie - je doute que les poètes français acceptent que ce petit livre soit poétique. Et ceci dit pour deux raisons majeures : 1) il ne respecte pas les règles des grands maîtres de la poésie moderne et 2) le sujet est politique donc exclu de toute poésie sérieuse.

Bien qu´il existe depuis toujours plusieurs modes d´expression en poésie, dont l´épopée (voir « L´Odyssée » atribuée à Homère), aujourd´hui on ne reconnaît que la poésie lyrique comme authentique et « sérieuse ». Sans vouloir me comparer ni à Nicanor Parra ni à Homère je tiens à affirmer, avec Maïakovski que, en poésie, les règles n´existent pas, « C´est justement l´homme qui crée les règles poétiques qui s´appelle poète ».

Donc à ceux qui se sentiront offensés dans leurs convictions esthétiques par mes poèmes je leur demande de voir, au-delà de la forme, le contenu. S´ils n´apprécient ni la forme ni le contenu alors je leur recommande de brûler, ce petit recueil, au plus vite car il peut devenir compromettant. Il n´y a que trois décennies des intellectuels argentins ont payé de leur vie le fait de posséder des livres «subversifs» dans leurs bibliothèques. Le monstre n´est pas mort, il est seulement caché et à l´affût de nos faiblesses.


18 juillet 2012

Migrations et racisme


Il y eut de tous temps
des migrations forcées
climatiques économiques
et des explosions démographiques
impossibles à résorber
les blancs s´installèrent
chez les indiens d´Amérique
pour exploiter leurs terres
et leurs richesses minières
ils dominèrent massacrèrent
et remplacèrent progressivement
les populations indigènes
par le nombre et les armes
et peu à peu il s´y installèrent
(alors c´était les blancs
pauvres qui émigraient)
et ils colonisèrent définitivement
d´immense territoires vierges
ils importèrent leurs techniques
leurs semences leur bétail
leurs femmes et leur religion
(alors c´était les chrétiens
qui envahissaient et pillaient...)
et ils amenèrent des millions
d´esclaves noirs d´Afrique
(alors c´était les noirs
les seuls qui travaillaient)
pour produire dans leurs champs
la canne à sucre et le coton
chez eux les blancs s´enrichirent
et mécanisèrent leur production
ils s´industrialisèrent
et se firent des guerres
pour conquérir des marchés
et ils progressèrent tellement
qu´ils ne voulaient plus travailler
dans les mines et les ateliers
alors ils importèrent des étrangers
pour faire tourner leurs machines
pour construire leurs logements
et pour balayer leurs trottoirs
de riches conquérants civilisés
mais les colonisés s´établirent
se marièrent et se multiplièrent
et ils firent venir leurs cousins
car les colonies pillées et épuisées
par la voracité des blancs
ne nourrissaient plus les bêtes
ni les hommes ni leurs enfants
(c´est encore les noirs
qui en payèrent le prix)
et ces pauvres émigrés
par la force de leurs bras
leur courage au travail
et la modestie de leur comportement
sont devenus indispensables
pour l´économie du pays
et ils ont fortement participé
au bien-être d´une génération de blancs.


Mais maintenant
les mêmes blancs
qui les ont incités à venir
se sentent envahis
et leur habituel mépris
s´est transformé en haine
contre les nombreux émigrés
¨car il ne sont pas comme nous¨
ils ne sont ni blancs ni chrétiens
et dans leurs quartiers de banlieue
ils se sentent souvent discriminés
(et sans doute ils le sont !...)
bien que des années durant
ils servirent la France avec dévouement
et que leurs enfants soient Français.


C´est même devenu un argument
de campagne électorale
pour d´ignobles politiciens
exploiteurs des bas instincts
des foules de blancs frustrés
et toujours mal informées
à qui on veut faire croire
que les travailleurs émigrés
vienent manger notre pain
et sont les responsables du chômage
de la révolte et de la violence
des jeunes dans leurs cités.
Quand on vous sert de la haine
à chaque repas
quand les portes se ferment
à votre prénom
et que même votre quartier
vous exclut du « marché du travail »
quand votre père
perd son emploi aprés vingt cinq ans
d´esclavage chronométré
pour cause de délocalisation
quand on vous dit :
« vous êtes Français mon ami
respectez votre beau pays !»
et les flics vous traitent
comme un nègre ou un bicot
étranger clandestin sans papiers
de deuxième catégorie
et votre «gueule de métèque»
votre dégaine votre langage
qui vous éloignent des normes
et de notre « identité nationale »
race pure de valeureux gaulois
(oublions les romains et les germains
qui dans le passé nous ont envahis
métissés et colonisés)
les blacks et les beurs
chômeurs d´éternelle durée
sont néanmoins considérés
par notre Etat républicain
comme des Français venus d´ailleurs !
Mais comment intégrer
des milliers de jeunes mal formés
dans des lycées au rabais
dans le monde du travail
quand le système est saturé
et bloqué par ses propres excès 
et quand on peut faire mieux
dans des pays sans syndicats
en payant moins d´impôts ?
Comment créer des emplois
dans les pays «développés»
avec un système économique
capitaliste à bout de souffle ?
C´est là que réside l´inconnue
de notre triste civilisation
que faire pour sauver l´avenir
de notre système de vie ?
Que vont-ils faire pour continuer
tout en faisant semblant
de respecter une certaine liberté
sans égalité et sans fraternité ?
Que vont-ils inventer pour que le peuple
continue à travailler sans réchigner
dans les usines et dans les mines
de sociétés anonymes transnationales
qui n´ont qu´un but et qu´une idée
faire des bénéfices et gagner des marchés ?
Travailler consommer polluer
sera-t-il suffisant pour tout justifier ?

16 juillet 2012

Comment voyez-vous l´avenir ?


Puisque nous avons assisté à des révoltes de la jeunesse musulmane (des « mai 68 » avec quelques décennies de retard) et à l´assassinat planifié de Ben Laden (le soit disant cerveau du terrorisme international !), nous pouvons poser une question aux intellectuels européens : comment voyez-vous l´avenir ? Bien entendu je plaisante ! Les intellectuels occidentaux ne réagissent plus. Et ceux, peu nombreux, qui osent encore exprimer des idées, génantes pour le pouvoir, sont soigneusement isolés, comme des pestiférés, dans une bulle de vide médiatique.

La chute du mur de Berlin fut le début de la fin de toute contestation en provenance de l´élite cultivée occidentale. Même si de nombreux intellectuels de gauche critiquaient – avant même que fut érigé le « rideau de fer »- la politique de Staline. Même si à l´intérieur de l´Union Soviétique s´élevait, déjà, la voix de grands écrivains russes pour dénoncer les aberrations du système. Même s´il existait en France des militants qui quittaient le parti communiste, malgré leurs profondes et durables convictions marxistes, la presse bourgeoise a toujours fait semblant de l´ignorer. D´un côté il avait les bons démocrates et de l´autre les méchants communistes. C´est d´ailleurs ce totalitarisme politique, cette attitude sans nuances des penseurs de droite (généreusement rémunérés par le système...) qui sera l´accélerateur de la chute inexorable du capitalisme mondialiste..

On critiquait l´Union Soviétique surtout pour son manque de liberté et de débats. Où est la liberté de presse dans le monde capitaliste d´aujourd´hui ?...Où est le débat d´idées pour faire avancer le monde vers plus de justice ?...

09 juillet 2012

Que vont devenir les arts contemporains occidentaux


Que vont devenir les arts contemporains occidentaux au milieu des ruines de notre civilisation ?

Les monuments funéraires des pharaons, les palais mésopotamiens, les temples grecs et les – toujours - splendides cathédrales gothiques, ont laissé des traces que nous admirons encore aujourd´hui. Est-ce que les tours et autres gratte-ciel « modernes » seront aussi admirables quand ils se seront écroulés, faute d´entretien ? Est-ce que les oeuvres « néodadaïstes » des plus célèbres musées d´art contemporain, laisseront des vestiges aussi significatifs et éloquents que ceux des villes aztèques. incas, orientales ou égyptiennes ? Que pourront trouver d´intéressant les archéologues du troisième millénaire, sur l´art et la culture de la civilisation européenne du 20ème siècle ?...

Certaines civilisations anciennes - tout en disposant de peu de moyens techniques – ont laissé d´importants vestiges de palaces et de temples, décorés de fresques, surprenants de beauté et d´équilibre. Bien que primitives, régulièrement décimées par les guerres, les épidémies et les famines, quelques sociétés du passé ont beaucoup investi dans l´art. Nous pouvons même affirmer que l´art reste le plus important témoignage de ce que pouvaient réaliser de meilleur les anciens. Mais les quelques ruines, qui occupent aujourd´hui l´emplacement des anciennes villes, montrent également que l´homme n´a jamais su assurer la pérennité de ses plus belles réussites.

L´Histoire qui nous est enseignée n´analyse pas, avec suffisamment de profondeur, les causes réelles de l´échec des civilisations ni l´importance des arts comme indicateurs de notre destinée humaine.

04 juillet 2012

Restons optimistes


Restons optimistes
disent unanimement
tous les manuels du bon vendeur
pour vendre des chaussures
ne jamais présenter
plus de deux paires en même temps
pour ne pas troubler le client
pour vendre des croisières
ne pas parler de l´horreur du mal de mer
ni de l´étroitesse des cabines
aux claustrophobes et ni aux obèses
pour vendre un logement
oubliez les moustiques de l´étang
les risques d´inondation
l´autoroute et les voisins bruyants
écoouter la musique des beaux discours
des vendeurs et des candidats
à président à député à maire ou pire
admirez le beau temps
sans le moindre nuage
admirez le bonheur
d´un éternel dimanche
dans notre pays de cocagne
« tout le monde il est beau
tout le monde il est gentil »
vous souvenez-vous du message ?
C´était il y a longtemps
sur une autre planète.

28 juin 2012

Le comble de la grossièreté

Si je dis merde quand sonnent
les clochettes lors de la messe
et tous les fidèles s´inclinent
je serais l´objet de réprobation
et nombre de croyantes outrées
m´accuseront de manquer d ´éducation

et si je pète lors d´un hommage
à un poète médaillé par l´académie
au moment même où le poète lit
son poème parfaitement mesuré
le public qui dort et s´ennuit
subitement sera rêveillé et outré
vous demandera de vous retenir

mais si au milieu d´un dîner de patrons
de chasseurs ou d´anciens galonnés
vous osez exprimer votre sympathie
pour les idées de Karl Marx et de Trotski
alors attendez-vous au mieux à être hué
au pire à être chassé à coups de pieds...

Si vous souhaitez vivre en paix
en bonne harmonie avec vos amis
évitez ce genre de plaisanterie
et surtout de péter...et de parler.

22 juin 2012

Fogaça et Alessandra Teles


J´envoie le 9 mai 2011 une douzaine de catalogues de l´exposition de Fogaça et de Alessandra Teles en Belgique , à quelques amis. L´exposition a lieu dans deux étages de la grande tour de la ville de Saint-Ghislain. Chaque artiste a son étage. Tous deux, d´une quarentaine d´années, sont des peintres amis de Goiânia.

Alessandra habitait, depuis quelques mois, en France. C´est pour elle un immense sacrifice car elle vit loin de sa famille et avec des moyens plutôt restreints. Mais c´est, pour Alessandra, ce qu´on appelle au Brésil un « posgrado ». C´est-à-dire un complément d´études universitaires avant d´exercer un métier avec succès. Originaire d´une famille d´écrivains célèbres elle doit, pour être reconnue dans son propre pays, couper le cordon ombilical. Après cette initiation elle peut espèrer ne plus être la fille ou la nièce de...mais Alessandra Teles artiste peintre. C´est ainsi que ça se passe en Amérique Latine. La renommée se gagne ailleurs que chez soi !

C´est dans ce même esprit que Fogaça expose, depuis quelques années, en France, en Espagne, en Bolivie, au Chili, en Argentine, à Cuba et maintenant en Belgique. Il n´a nullement envie de s´établir à l´étranger ni même ailleurs qu´à Goiânia mais, après ces étapes – la carrière d´artiste n´est jamais simple – il pourra choisir, plus facilement ses lieux d´exposition au Brésil. Avec ces antécédents internationaux, confirmés par de nombreux articles élogieux, il pourra continuer sa progression nationale. Au début du 20ème siècle il fallait passer par Paris pour être reconnu. Maintenant c´est moins contraignant. D´autres villes moins historiques font l´affaire...

18 juin 2012

Ecologie-business


Qui dans la salle est contre
la protection de la nature ?
Levez la main !
Qui désire manger et boire
des produits toxiques
cancérigènes et frelatés ?
Levez la main !
Qui apprécie les usines
qui crachent de la fumée
noire puante et polluée
et qui contaminent l´eau l´air
vos légumes et votre lait ?
Levez la main !
Qui veut se baigner en été
dans une mer gluante et polluée
et marcher sur une plage
couverte de plaques de pétrole
de seringues et de déchets ?
Levez la main !
Qui souhaite vivre dans une ville
bruyante sale et encombrée
et respirer à pleins poumons
l´air pestilent et encrassé
par les gaz brûlés par des millions
de moteurs à explosion
et par celui des cheminées ?
Levez la main !
Et Il y eut peu de mains levées...
C´est alors que
les entrepreneurs antropophages
les avides banquiers charognards
les gros commerçants nécrophages
et les politiciens bouffeurs de lard
enfin tous ces gens bien informés
de droite du centre et sans partis
se sont dit : Pourquoi ne pas en profiter ?
Et ils se sont convertis à l´écologie.

C´est vraiment admirable
que grâce à la publicité
et grâce à notre liberté
les principaux pollueurs
les plus grands empoisonneurs
soient devenus sans être troublés
dans la joie et en toute impunité
nos plus fervents écologistes.


(Ils auront même un canditat
ni de droite ni de gauche”
pour sauver les papillons
les oiseaux et les poissons
aux prochaines élections.
Si vous n´êtes pas d´accord
consommateurs, levez la main !
Vous serez certainement écoutés
si vous n´êtes pas déjà morts
empoisonnés par les amis
d´une nature non polluée !).

12 juin 2012

Solidarité

Ça paraît simple d´évoquer
“la solidarité”
ça paraît même évident
au pays qui a pour devise
“Liberté-Egalité-Fraternité”
et pourtant peu de poètes
peu de romanciers
semblent l´avoir cité
et le dictionnaire
dans sa froide objectivité
parle surtout
de devoir de convenance
de communauté d´intérêt
d´association et d´obligation
et guère de sentiments
et encore moins d´amour
du prochain et de tendre
la main tout naturellement
pour que la solidarité
devienne le lien fraternel
l´ossature le fondement
de toute société humaine
et que tendre la main
soit à tout moment
dans la vie dans la peine
dans la joie ou le besoin
un vrai geste d´amitié.

10 juin 2012

livres de poésie

J´ai dans ma bibliothèque personnelle, un grand nombre de livres de poésie. Combien ? Je ne sais pas...J´accumule, j´accumule depuis des années, selon un classement très personnel, tout ce que les poètes m´offrent avec ce que j´ai acheté dans divers pays. La poésie latino-américaine est majoritaire. Surtout celle du Guatemala, de l´Argentine et du centre du Brésil.
Mon premier contact avec la poésie moderne fut, comme je l´ai souvent raconté, un hasard de voisinage à Buenos Aires. Un voisin gauchiste et intellectuel, Cirilo San Miguel, m´invita à une fête destinée à ramasser des fonds pour éditer une revue de poésie. Il y avait, dans cette fête amicale, tous les premiers membres de ce qui allait devenir le plus important mouvement d´avant-garde d´Argentine des années 50-60 : « poesía buenos aires ». Plus tard j´y ai également rencontré des peintres « Madi », qui sont, encore aujourd´hui, considérés les promoteurs d´une avant-garde internationale. Le principal créateur et animateur de ce mouvement, l´Uruguayen Carmelo Arden Quin, vient de mourir à Paris presque centenaire. Il y a une dizaine d´années il était venu nous voir à Lectoure...

Néanmoins, si vous allez à Buenos Aires ou à Montevideo (où le mouvement Madi est né) vous aurez du mal à trouver, dans les librairies, des livres sur ces poètes et ces artistes. Peu de gens possèdent la collection complète de « poesía buenos aires », même parmi les poètes qui y furent publiés. C´est grâce à Marta – la veuve de Raúl Gustavos Aguirre – que je detiens la collection complète de la revue. J´en suis fier !...

06 juin 2012

Ce n´est pas le moment


Mes derniers blogs n´ont guère de rapport avec la poésie ! Ce n´est pas le moment ! Quand le bateau coule il y a d´autres priorités que le chant mélancolique de nos bardes. Pourtant, qui mieux que les poètes pourraient exprimer le désarroi de notre époque ? Qui pourrait signaler, avec plus de pertinence, les dangers qui nous menacent et comment combattre la violence qu´ils génèrent ? Ce ne sont pas les hommes politiques qui sauveront le monde (Oh, non !...), ni les technocrates ni les militaires, mais ceux qui sauront éveiller ce qu´il y a de meilleur dans le coeur des hommes : la générosité, la solidarité, la pitié, la tolérance...Oui, l´humanité pour survivre a besoin d´humanité...

Je me souviens d´un film qui m´avait beaucoup impressioné dans ma jeunesse. Sur un bateau de pêche, tous les marins s´intoxiquent en mangeant du jambon avarié, sauf un musulman qui a refusé, malgré les railleries de ses collègues.Peu à peu tous les marins tombent malades et demandent par la radio du secours. Il existe un remède pour les sauver mais ils doivent, pour l´obtenir à temps, passer par plusieurs pays opposés par la guerre froide. Pour finir, chacun mettant du sien, le médicament est jeté, par un avion, dans la mer à proximité du bateau et c´est le marin musulman – le seul à ne pas être malade – qui plonge dans l´eau glacée pour le recupérer. Le titre du film était : « Si tous les gars du monde... ».

Et si tous les poètes du monde... se tenaient par la main , ne pourraient-il pas empêcher les guerres ?


19 mai 2012

Les voyages de Cendrars


Quand je pense à ta poésie
je pense au bruit des roues
sur les rails toumtoumtoum
et aux escarbilles dans les yeux
et l´odeur âcre de la fumée
dans les tunnels tout noirs
comme la nuit dans les collines
et moi aussi je pense avec regret
aux longues semaines en mer
et aux parfums épícés des quais
et je rêve parfois de routes
et de sentiers bordés de noisetiers
et je vois les vagues et les mouettes
de l´océan et de la Méditerranée
où nos chemins se sont croisés
mais jamais ne se sont rencontrés
car l´âge et le parcours nous séparaient
tu suivais ton chemin sinueux
et moi des années plus tard
je traversais la route de la vie
comme un vagabond privilégié
car j´avais mes deux bras et un métier
et la confiance en ma chance
car je croyais avoir l´expérience
après mes années d´étudiant-ouvrier
mais mieux vaut éviter d´en parler
car ni en aventures ni en poésie
jamais nous nous serions rencontrés.

11 mai 2012

Je radote

Je radote. Je radote grave dirait un adolescent. De toutes façons je m´en fous de ce que peut penser un jeune bouffeur de MacDo branché à des prothèses électroniques. « Té-où- là » il écrit sur son portable, tout en écoutant des bruits de basses assez fort pour démolir un mur. Une future génération de sourds ! Que deviendront-ils, nos jeunes, quand ils seront dans la situation des Africains aujourd´hui ? Auront-il la force et le courage de s´embarquer sur des rafiots pourris pour chercher du travail dans les pays riches en matières premières, en terres fertiles et en énergie bon marché ? Sans vouloir être trop pessimiste : qui voudra, dans quelques années, donner du travail à une génération de blancs ramollis par de trop longues études et qui ne savent même pas balayer correctement leur chambre ?
 Comment, demain, les Européens pourront exiger un commerce équitable (pour eux) avec des pays qui auront tout ce qui leur manquera : les sources d´énergie bon marché, une main d´oeuvre abondante, flexible et expérimentée et une industrie compétitive ?
 Il y eu une époque – quelque peu occultée  par l´Histoire – où les Turcs achetaient des esclaves blancs. D´ailleurs c´est du trafic de slaves que serait né le mot : « esclave ». Puis les blancs, grâce au développement, par l´industrie, de leur matériel militaire, prirent le dessus sur les autres civilisations. Mais pour combien de temps encore ?  Est-ce que les blancs  sont en mesure de survivre à une guerre mondiale, contre les  producteurs de matières premières, maintenant convenablement industrialisés grâce aux délocalisations de nos usines?  Le pire ennemi du capitalisme n´est-il pas le capitalisme sauvage ?...